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donnée positive pour leur valeur commerciale (1), et par conséquent plus de possibilité d'assurer quelque durée à un répertoire général du genre du mien. Tout ce que peut faire le bibliographe qui s'occupe d'un pareil travail à l'époque où nous vivons, c'est de bien constater l'état des choses, en dirigeant ses recherches sur les objets anciens qui conviennent le plus au goût dominant, et en enregistrant soigneusement celles des éditions modernes qui, sous le double rapport littéraire et typographique, lui paraissent mériter une mention particulière.

Forcé, comme on le voit, d'abandonner, au moins pour le moment, mon premier projet, j'ai pensé qu'un ouvrage composé sur le plan restreint que je viens de tracer pourrait encore avoir un certain degré d'utilité; surtout s'il se rattachait à un autre ouvrage qui offrît le tableau bibliographique d'une époque encore assez rapprochée de nous pour qu'elle conservât presque tout l'intérêt du présent. Voilà ce qui m'a déterminé à réunir en un corps. particulier les nouvelles notices que je suis parvenu à recueillir et que je donne aujourd'hui au public comme un supplément du Manuel (2).

Ces notices sont nombreuses, en grande partie neuves, et presque toutes faites avec l'exactitude rigoureuse qu'on exige aujourd'hui de ces sortes de travaux. Celles dont l'objet est de rectifier et de compléter des articles du Manuel, inexacts ou incomplets, sont distinguées des autres, soit par un astérisque, soit par un chiffre de renvoi à la table méthodique de l'ancien ouvrage, table que j'ai supprimée dans celui-ci, pour ne pas ajouter un volume de

(1) L'appréciation des livres, chose fort équivoque dans tous les temps, est devenue presque impossible de nos jours, même pour les impressions nouvelles que les libraires publient d'abord à un prix assez élevé, et proposent ensuite au rabais; et cela en Angleterre comme en France.

(2) Ce supplément se rapporte particulièrement à la troisième édition de mon ouvrage ; mais il peut aussi être joint aux deux premières, puisque tout ce qu'il renferme manque également dans les trois éditions.

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plus à un livre qui est peut-être déjà trop volumineux pour un simple supplément. Comme le plan que j'ai suivi dans les trois premiers volumes du Manuel a été généralement approuvé, je m'y suis conformé dans l'arrangement de ces nouvelles recherches (1); seulement j'ai donné un peu plus d'étendue que je ne l'avais fait précédemment aux articles qui concernent les anciennes littératures française, italienne et espagnole; trois classes de livres maintenant fort recherchées dans toute l'Europe, et qui, sous le rapport bibliographique, n'ont, peut-être, été traitées nulle part avec plus de soin qu'elles le sont ici. L'ancienne littérature allemande n'ayant pas pour nous le même intérêt que celle du Midi, a dû nous arrêter moins long-temps; et quant aux anciens livres anglais, rares et précieux, dont le nombre est incalculable, mais qui, ne se trouvant jamais sur le continent, ne peuvent être bien appréciés qu'en Angleterre, ils n'ont point trouvé place dans ce répertoire, où je n'ai admis que le très petit nombre de ceux de ces vieux ouvrages qui se rattachent par quelque point à notre histoire ou à notre littérature, ou qui, enfin, sont des productions typographiques de nos contrées (2). La portion de mon travail qui traite des livres modernes n'est, sans doute, ni moins, riche ni moins utile que la première, puisqu'on y trouve réuni tout ce que l'Europe a vu paraître de meilleur et de plus curieux

(1) Et même dans la manière de placer les noms propres qui commencent par un article: c'est donc toujours à Fontaine, qu'il faut chercher La Fontaine; à Harpe, La Harpe, et ainsi de suite. Cette méthode, qui a été si long-temps suivie, n'est plus en usage aujourd'hui, et je ne l'ai adoptée ici que pour me rapprocher du Manuel.

(2) Les notices sur les livres de prières imprimés à Paris depuis la fin du 15e siècle jusque vers le milieu du 16e se trouvant trop nombreuses pour un simple article de dictionnaire, j'en ai formé un morceau séparé que l'on trouvera à la fin du troisième volume. Quoique déjà assez étendu, ce travail ne doit être considéré que comme le premier jet d'un ouvrage spécial qui manque encore à la bibliographie.

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depuis près de vingt ans, en auteurs classiques, grecs et latins, en ouvrages d'érudition, en écrits sur les langues étrangères en général, et sur les langues orientales en particulier, en traités sur l'histoire naturelle, sur les antiquités et sur les beaux-arts (1), en recherches historiques de quelque intérêt, et en relations de voyages; à quoi il faut ajouter un choix assez étendu des nombreuses réimpressions des meilleurs écrivains modernes dans les principales langues, mais où ne figurent cependant que fort peu d'auteurs vivans. Ces réimpressions, il est vrai, ne sont pas toutes bonnes; mais plusieurs, au moins, ont remplacé avantageusement dans nos bibliothèques les éditions moins belles, moins complètes ou d'un usage moins commode qui s'y trouvaient. D'ailleurs l'influence que leur publication a exercée dans le commerce sur les prix de ces dernières est un fait qui doit être constaté ici, et qu'il ne faut pas perdre de vue quand on consulte le Manuel. Cette influence, déjà fort sensible à l'égard des éditions usuelles, le devient bien davantage dans la classe des grands livres de luxe, que ni les types élégans des Didot, des Bodoni, des Bulmer et des Bensley, ni le burin des premiers artistes n'ont pu préserver d'une chute presque entière; et cette même influence n'a pas épargné les belles éditions des classiques grecs et latins, imprimées dans les formats in-folio et in-quarto (2).

Les détails bibliographiques que je donne sur les livres rares et précieux, dans ce nouvel ouvrage, ont été, pour la plupart, puisés aux sources mêmes ; c'est-à-dire que j'ai vérifié par mes propres yeux tout ce qu'il m'a été possible de trouver dans les bibliothèques

(1) Le désir de nous tenir au courant de tous les beaux livres à figures qui paraissent, nous en a fait admettre plusieurs non encore terminés, et dont il a même paru des livraisons depuis l'impression de nos articles; mais cela ne peut avoir aucun inconvénient parce que nous avons eu soin de marquer la date de la dernière livraison annoncée

par nous.

(2) Cette dépréciation n'a cependant pas atteint les bonnes éditions des SS. Pères dues aux religieux Bénédictins, ouvrages dont la valeur semble augmenter de jour en jour avec la rareté.

il

à

publiques, dans les collections particulières, chez les libraires, et jusque dans les expositions de livres à vendre qui ont lieu presque journellement à Paris. Cependant je n'ai pas négligé non plus les traités de bibliographie qui ont paru, de toutes parts, depuis le mien; et je me fais un plaisir de reconnaître que plusieurs de ces productions spéciales m'ont été d'un grand secours. Dans ce nombre je mettrai en première ligne les deux beaux catalogues où M. Van Praet, membre de l'Académie des inscriptions et belleslettres, a donné la description rigoureusement exacte de tous les livres imprimés sur vélin, au sujet desquels il a pu se procurer des renseignemens. Mais indépendamment dela faculté que j'ai eue de faire usage de cet excellent ouvrage, je dois au célèbre bibliothécaire qui en est l'auteur d'avoir facilité mes recherches, non seulement en me communiquant, avec la plus aimable complaisance, les richesses inappréciables que pendant le cours d'un demi-siècle a eu le bonheur de placer lui-même dans cette Bibliothèque royale, objet de ses plus chères affections, et dont il peut, juste titre, être regardé comme un des fondateurs; mais encore en me confiant avec un généreux abandon des notes descriptivesrecueillies jadis par lui sur les livres précieux du duc de la Vallière, lesquelles ont particulièrement rapport à la classe des vieux livres français, si fort en vogue aujourd'hui. Je nommerai ensuite M. Ebert, bibliothécaire royal à Dresde, et auteur d'un Dictionnaire bibliogr. en allemand, dans lequel, à côté d'un grand nombre d'articles tirés de mon propre ouvrage, ainsi que l'auteur l'a lui-même franchement reconnu, il se trouve des notices curieuses sur des objets, ou qui avaient tout-à-fait échappé à mes recherches, ou que je n'avais pas suffisamment décrits. Quand ces renseignemens rentraient dans mon plan, j'en ai profité, ainsi que de beaucoup d'autres indications moins importantes, qui, bien que vagues et incomplètes, m'ont cependant mis sur la voie des améliorations, et ont été pour moi une occasion de donner sur les mêmes objets des détails plus positifs et plus étendus, que j'offre à mon tour au bibliographe de Dresde. Cet échange que font ainsi du fruit de leurs recherches un Allemand et un Français, est hono

rable pour tous les deux, et doit contribuer à répandre les connaissances bibliographiques.

Le célèbre et fécond bibliographe anglais, M. Dibdin, m'a fourni aussi des détails curieux que j'aurais cherchés en vain dans d'autres ouvrages que les siens, mais que j'ai dû n'admettre qu'avec une certaine réserve, à cause des inexactitudes qui s'y sont malheureusement trop souvent glissées. J'en ai usé de même à l'égard du Manuel anglais de Lowndes, qui n'est pas non plus très exact. Les travaux de M. Melzi (1) et de M. Gamba sur la bibliographie italienne m'offraient plus de sécurité, et je me suis trouvé heureux de pouvoir faire usage des documens curieux qu'ils renferment; je n'ai pas non plus négligé ceux que le libraire espagnol Salvá a consignés dans un catalogue spécial, très bien fait, publié par lui en 1826 et 1829. Il serait trop long d'énumérer ici les autres sources moins abondantes où j'ai successivement puisé; mais j'ai eu soin de les indiquer à la suite des articles qui en proviennent, en tout ou en partie.

Ces nouvelles recherches, fruit d'un travail long, consciencieux, et, je puis le dire, tout-à-fait désintéressé, recevront-elles de la nouvelle génération le même accueil que mes anciens et mes maîtres ont bien voulu faire autrefois à mes premiers travaux? Je n'ose pas m'en flatter; mais, quoi qu'il en advienne, je conserverai toujours l'intime conviction de n'avoir rien négligé pour ne pas rester trop au dessous dema tâche, tant dans le choix des matériaux que dans l'emploi que jen ai fait, et surtout dans la correction d'une impression d'autant plus hérisée de difficultés, que j'ai cherché à conserver autant que possible l'orthographe bonne ou mauvaise des livres anciens dont je donne les titres, écrits pour la plupart dans des langues étrangères, peu familières aux typographes qui ont im

(1) Voyez l'article Ferrario, au bas de la page 18 de mon 2° volume. Même page, au lieu de ces mots : ouvrage le plus étendu que l'on ait sur les costumes, lisez sur le costume ancien et moderne, et donnez au mot costume l'acception étendue que lui donnent les Italiens.

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