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NOTES ET IMITATIONS.

NOTES.

(1) Your argosies. On donnait ce nom du temps de Shakspeare, aux vaisseaux de grand port; c'étaient probablement des galions comme ceux qu'employaient autrefois les Espagnols dans les Indes occidentales.

(2) Allusion maligne à la prolixité des prédicateurs puritains de cette époque, qui étaient souvent obligés d'interrompre leur homélie à l'heure du diner, pour la reprendre plus tard.

(3) Allusion satyrique aux secours que les Français prêtaient constamment, ou plutôt promettaient constamment de prêter aux Écossais dans les querelles de ce peuple avec l'Angleterre.

(4) Mot à mot, si jamais je puis le prendre sur la hanche : locution qu'on ne peut reproduire en français, et propre au langage des lutteurs qui l'ont empruntée à la Bible.

(5) Le sang rouge était regardé comme un signe de courage. Macbeth appelle un de ses soldats qui avait peur : Un manant au foie blanc de lis. On dit des lâches, qu'ils ont le foie blanc comme du lait (Voy. acte III, scène II); et les hommes efféminés et pusillanimes sont appelés soupe au lait. (Johnson.) C'est sans doute par suite de l'idée attachée à la rougeur du sang que les anciens Saxons, pour honorer leurs guerriers morts, étendaient sur eux un drap rouge. On sait que cet usage existait aussi à Sparte.

(6) Cette métaphore, très-forcée sans doute, semblerait inspirée par ce passage des Acharniens d'Aristophane, vers 500:

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Ἄγε νῦν, ὦ τάλαινα καρδία,

Ἄπελθ ̓ ἐκεῖσε, κᾆτα τὴν κεφαλὴν ἐκεῖ

Παράσχες, εἰποῦσ ̓ ἅττ ̓ ἂν αὐτῇ σοι δοκῇ.

<< Va donc, ô mon pauvre cœur, va, présente hardiment ta tête, et dis tout ce que tu voudras. » Des auteurs plus sérieux qu'Aristophane offrent de semblables hardiesses. Ainsi, Euripide (Iphigénie en Tauride, vers 336)

prête des mains au coeur; et Fénélon lui-même n'a-t-il pas dit (Télémaque, liv. 1); La gloire n'est due qu'à un cœur qui sait souffrir la peine et fouler aux pieds les plaisirs. Voy. M. Boissonade sur Aristophane et sur Euripide, aux passages cités plus haut.

(7) More than sand-blind, high gravel-blind. « Sand-blind, dé» signe une maladie de la vue qui fait voir habituellement devant les >> yeux comme des grains de sable. Lancelot, dans son langage bouffon, » pour exprimer que son père est presque aveugle, dit qu'il n'est pas ›› seulement sand-blind (aveugle de sable); mais gravel-blind (aveu»gle de gravier); ce qui aurait été inintelligible en français. » (Note de M. Guizot.)

Nous croyons avoir trouvé un équivalent qui rend convenablement l'idée du poète.

(8) Shakspeare se rencontre ici avec Térence (Adelphes, IV, 2, 43):

Syrus. Scin' Cratini hujus ditis ædes? Demea. Scio. Syrus. Ubi eas præterieris,

Ad sinistram hac recta platea: ubi ad Dianæ veneris,

Ito ad dextram priusquam ad portam venias: apud ipsum locum
Est pistrilla, et ex advorsum est fabrica: ibi est.

(9) Mot à mot: que vous pourriez à l'aide de mes côtes, dire combien j'ai de doigts.

(10) C'est-à-dire, va vous le faire comprendre, en retirant ce fruit du présent qu'il va vous offrir.

(11) C'est-à-dire, me concerne. Le préfixe im dans la langue de Shakspeare n'entraîne pas toujours l'idée de négation qu'il préte ordinairement à certains mots composés. Ainsi Shakspeare emploie impartial, dans le sens de partial, impersévérant au lieu de persévérant, etc. Ici impertinent est évidemment pour pertinent.

(12) Mot à mot: je n'ai jamais de langue dans ma tête.

(13) C'est-à-dire, être en danger de se marier. Un écrivain français a employé dans le même sens une figure à peu près semblable: « O mon ami, j'aimerais mieux être tombé sur la pointe d'un oreiller, et m'être rompu le cou..» (Warburton.)

(14) Lancelot, qui estropie souvent les mots, confond ici reproach et approach.

(15) Il parait qu'on attachait alors une idée superstiticuse au saignement de nez. (Steevens.)

le

(16) Nom donné au lundi de Pâques : voici à quelle occasion. Le 14 avril 1360, la trente-quatrième année du règne d'Edouard IH, lendemain de Pâques, lorsque le roi Edouard était campé avec son armée devant Paris, la journée fut si nébuleuse et tellement refroidie

par le brouillard et par la grèle, que plusieurs soldats anglais moururent de froid sur leurs chevaux. (Grey)

(17) Mot à mot: du fifre au cou tors. Shakspeare avait à peindre seulement l'effet produit par les sons de l'instrument: mais emporté par son imagination, il a accumulé figure sur figure, et nous a fait voir l'attitude bizarre du musicien.

(18) Mot à mot: le Patch, etc. Patch était, dit-on, le nom du fou du cardinal Wolsey. Ce nom devint sans doute proverbial.

(19) Runaway, fuyarde.

(20) Shakspeare parait jouer ici sur le mot gentile (payen) qui peut être confondu avec le mot genteel (joli, gracieux, etc.) et gentle ( bien élevé, bien né).

*(21) Au lieu de Gilded Tombs, on lit dans les vieilles éditions Gilded Timber; ce qui semblerait dire que la dorure n'empêche pas le bois d'être attaqué des vers.

(22) Malone s'étonne avec raison que cet admirable passage n'ait pas encore inspiré un peintre habile. Il y a effectivement là le sujet d'un beau tableau. Ah! si Léopold Robert pouvait encore live ces lignes ! Qui mieux que lui eût compris Antonio? Mind of love, quelques commentateurs ont pris ces mots cités plus haut, dans le sens d'ame aimante ou affectionnée...

-

(23) La turquoise est une pierre précieuse qu'on trouve dans les veines des montagnes situées sur les confins de la Perse, à l'Est. Comme Shylock possédait la sienne depuis vingt ans au moins, attendu l'âge de sa fille, il est à présumer qu'il y tenait fortement, moins pour la valeur pécuniaire du bijou, que par suite de la propriété qu'on attribuait à cette pierre, de prendre une teinte plus vive ou plus pâle, suivant que celui qui la portait était bien ou mal portant.

*(24) He makes a swan-like end. Allusion à l'ancienne superstition qui attribuait au cygne mourant, des sons harmonieux, opinion partagée par Platon, Chrisippe, Aristote, Euripide, Philostrate, Cicéron, Sénèque et Martial.

(25) Fancy, i. e. love. Voyez sur l'influence des yeux dans l'amour, les notes de M. Boissonade sur le roman de Nicétas Eugénianus II, 121. * (26) Le refrain de cette chanson est intraduisible, et serait d'ailleurs puéril en français.

(27) Light est ici employé dans son double sens de brillant et de léger: le jeu de mot qui en résulte est intraduisible en français. (Voyez acte V, scène I.) Par valour's excrements, que l'on rencontre plus bas, on entend la barbe.

*

(28) Au mot plainness, simplicité, Malone et Farmer sont d'avis de substituer paleness pâleur.

(29) A l'époque où Venise était maîtresse des mers, elle permettait aux armateurs vénitiens de faire dans l'Archipel, pour leur propre compte, des conquêtes dont ils jouissaient en toute souveraineté, à la charge seulement de rendre hommage à la République. De là leur vint le titre de marchands-rois, que leur donnait toute l'Europe.—Gresham, du temps du poète, fut qualifié de ce titre en Angleterre. (Johnson.) (30) The tranect. Steevens suppose avec vraisemblance que ce vieux mot, dont il ne connaît pas d'autre exemple, est dérivé du latin

tranare.

(31) Imitation du vers fameux :

Incidit in Scyllam, cupiens vitare Charybdim.

On croit généralement, mais à tort, que ce vers est d'Horace. L'un des continuateurs de l'Histoire littéraire de la France (t. XV) semble l'attribuer à Virgile; mais M. Raynouard a prouvé qu'il était de Gauthier de Châtillon, auteur d'un poème sur Alexandre, intitulé Alexandris, sive Gesta Alexandri magni. Cette composition eut un tel succès, qu'à la fin du xe siècle on l'expliquait dans les écoles, de préférence à l'Enéide. C'est sans doute pour ce motif que plusieurs de ses vers sont passés en proverbe, et qu'il en existe des manuscrits avec scholies et avec gloses. Voyez Journal des Savants, septembre 1830.

(32) Il y a ici un jeu de mots intraduisible qui porte surtout sur la consonnance de moor (maure) avec more (plus). M. Guizot est parvenu à obtenir un jeu de mots en traduisant de la manière suivante : « C'est » bien quelque chose que la fille maure ait cessé de l'être; mais si >> c'est la mort d'une fille, ce sera toujours un enfant maure de plus. » Mais cette manière de traduire, s'écarte peut-être trop du texte. D'ailleurs, le jeu de mots ne porte pas seulement sur moor et more, il porte aussi sur much, more et less. Je me suis attaché à reproduire ce dernier, n'ayant pu indiquer que très-faiblement le premier (maure, mordu).

(33) Autre équivoque sur le double sens de to cover ( mettre le couvert), et se couvrir (mettre son chapeau).

(34) Shakspeare emploie souvent cette métaphore. Voyez plus bas, même scène:

And pluck commiseration of his state

From brassy bosoms, and rough hearts of flint.

Dans Jul. Cæs. acte III, scène II:

You are not wood, you are not stones, but men.

On peut voir dans cette figure une imitation des écrivains de l'antiquité:

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