Voyez le roi de Bavière et remettez-lui la lettre ci-jointe, mais quarante-huit heures après que les ordres seront partis pour le maréchal Bernadotte. Vous causerez avec lui, vous lui direz que l'ordre pour l'occupation d'Anspach est parti, qu'il ne faut rien dire; que, quant à la prise de possession par les troupes françaises, il ne doit se mêler de rien, afin de ne pas irriter majeurement la Prusse; que le traité de Vienne n'a été ratifié par le roi de Prusse qu'avec beaucoup de changements que je n'ai pas approuvés; que j'ai en conséquence malmené M. de Haugwitz; qu'un autre traité a été signé hier par M. de Haugwitz; qu'on ne sait point s'il en sera de celui-ci de même que du premier; mais que, puisque les Prussiens sont entrés en Hanovre avant que rien fût fini, je prends possession d'Anspach; que ces messieurs prétendaient occuper le Hanovre et ne nous livrer Anspach que lorsque les Anglais consentiraient sans doute à la perte du Hanovre, c'est-à-dire jamais; qu'on ne va pas manquer à Anspach de s'adresser à lui lorsque les troupes françaises y entreront; mais qu'il doit dire qu'il va répondre, qu'il va m'en écrire, et des choses vagues. Dépôt de la guerre. (En minute aux Arch. de l'Emp.) NAPOLÉON. 9811. AU ROI DE BAVIÈRE. Paris, 14 février 1806. Monsieur mon Frère et Cousin, le maréchal Berthier vous fera connaître les ordres que j'ai donnés pour l'occupation d'Anspach. Le roi de Prusse a été assez mal conseillé pour ne ratifier le traité de Vienne qu'avec des conditions, des mais, des si et des car. M. Laforest, mon ministre, n'a accepté l'échange des ratifications que sous mon approbation. Je ne l'ai pas approuvé, et, dès ce moment, ce traité est devenu nul. Cependant l'armée prussienne a occupé le Hanovre. J'ai, en conséquence, ordonné qu'on occupât Anspach. La Prusse avait la prétention de prendre possession du Hanovre et de ne nous donner ni Anspach ni Clèves. M. de Haugwitz a signé hier un traité dans lequel il est stipulé qu'Anspach sera occupé par les troupes françaises le même jour que le Hanovre le sera par les troupes prussiennes; et, comme elles sont entrées en Hanovre, je suis donc autorisé à faire occuper Anspach. Les Prussiens voulaient les villes hanséatiques. Je leur ai fait connaître catégoriquement que je n'y consentirais jamais, à moins qu'ils ne cédassent Baireuth à la Bavière, et je prévois qu'un jour ou l'autre cela finira de cette manière. J'attache quelque prix à jeter la Prusse dans le Nord. Je reçois votre lettre du 4 février. Les différends survenus entre Votre Majesté et le roi de Wurtemberg et l'électeur de Bade m'ont fait penser qu'il était nécessaire que je chargeasse quelqu'un de veiller de ma part à l'exécution du traité de Presbourg en ce qui regarde la prise de possession des pays échus à Votre Majesté et à ces princes. MM. Otto et Berthier sont autorisés à faire ce que vous désirez. Le maréchal Berthier m'a mandé que Votre Majesté, depuis sa lettre écrite, s'était mise en possession des pays où il n'y avait pas sujet à contestation. J'ai donné ordre à M. Otto de se hater de me présenter tout ce qui pouvait être objet de discussion, afin d'éviter les événements qui ont manqué d'arriver entre vos troupes et celles de Wurtemberg. Archives de l'Empire. NAPOLÉON. 9813. AU GÉNÉRAL DEJEAN. Paris, 14 février 1806. Monsieur Dejean, vous donnerez l'ordre à M. Récamier, qui a jugé à propos de donner sa démission d'auditeur au Conseil d'État en conséquence des circonstances malheureuses où se trouve son oncle, de se rendre au quartier général de l'armée de Naples. Vous le recommanderez au prince Joseph pour qu'il l'emploie de la manière qu'il jugera la plus utile. Ce jeune homme n'a démérité en rien. Dépôt de la guerre. (En minute aux Arch. de l'Emp.) NAPOLÉON. 9814. AU VICE-AMIRAL DECRÈS. Paris, 14 février 1806. J'ai l'honneur, Monsieur, d'annoncer à Votre Excellence que l'Empereur n'a point encore signé le projet de décret que vous aviez pré senté pour élever le capitaine Cosmao au grade de contre-amiral. Sa Majesté désire que cet officier sorte avec un ou deux vaisseaux de Cadix, et que, dans le cas où cela ne serait pas possible, il aille prendre à Lorient le commandement du Courageux. On lui ferait, avec ce vaisseau, une division avec laquelle il mettrait à la mer, et, à son retour, il serait nommé contre-amiral. Sa Majesté considère le capitaine Cosmao comme un officier d'un grand mérite, et c'est pour cela qu'elle pense que cet officier mérite de n'être avancé qu'après une croisière périlleuse. Le ministre secrétaire d'État, par ordre de l'Empereur. J'ai reçu votre lettre du 10 février. Ne doutez pas que je ne fasse, dans toutes les circonstances, tout ce qui vous sera convenable; et, dans les dispositions que je vais prendre incessamment, vous y serez compris, ce qui vous assurera des moyens de fortune conformes à votre rang et aux services que vous avez rendus. Monsieur Gaudin, le trésor qui arrive de Vienne, sous l'escorte du général Margaron, passera à Strasbourg le 28 février. Mon intention est que, lundi à dix heures, vous m'apportiez un travail, que vous concerterez avec MM. Mollien et Bérenger, contenant les trois objets suivants : 1° Céder à la caisse d'amortissement des obligations tout l'argent qui appartient à la Grande Armée et qui peut faciliter le service du trésor; 2o Faire revenir à Paris et dans les lieux qui auraient le plus besoin d'argent tout ce qui est et sera en stagnation à Strasbourg; 3o Prendre toutes les mesures pour que les travaux du monnayage se fassent avec activité à Paris et à Strasbourg et dans d'autres hôtels des monnaies, selon que cela vous paraîtra plus convenable à mes intérêts. Recommandez bien à M. Bérenger de ne pas avoir dans la caisse des billets de banque, car ils ne serviront qu'à produire une crise, puisqu'il sera possible que je dispose de tous les fonds qu'il aura, du soir au matin, et pour des caisses extérieures à Paris. Je renonce aux camps de vétérans. Je laisse cependant organiser les deux qui sont commencés. Faites-moi connaître l'état des biens qui ont été affectés à ces deux camps, et celui des biens qui, ayant d'abord reçu la même destination spéciale pour les autres camps, vont rester à la disposition du domaine. Archives de l'Empire. NAPOLÉON. 9818. — A M. MOLLIEN. Paris, 15 février 1806. Monsieur Mollien, vous avez onze millions à Strasbourg dans la caisse du payeur de la Grande Armée. Il doit en arriver dix autres à Strasbourg le 28 février; ce sont les dix millions de la contribution de Vienne. Il y aura aussi à recevoir à la même époque trois millions d'Augsbourg, trois de Francfort, et deux autres millions provenant de la contribution de cette dernière ville; cela fait dix-huit millions que la caisse d'amortissement aura en argent sur le Rhin, ce qui forme, avec les onze millions appartenant au trésor, vingt-neuf millions en stagnation. Voici mon intention traitez avec la caisse d'amortissement, et acquérez pour le trésor les dix-huit millions qu'elle aura sur le Rhin; donnez en échange des obligations à votre convenance, avec l'escompte ordinaire. Écrivez sans délai pour que les six millions tant d'Augsbourg que de Francfort soient dirigés sur Mayence et sur Strasbourg; les dix millions en argent envoyés de Vienne arriveront à Strasbourg sur quatre-vingts voitures; ordonnez qu'il en reste à Strasbourg six millions pour être convertis en monnaie, et que le reste, ainsi que les lingots venant d'Augsbourg et de Francfort, soit transporté à Paris et envoyé à la Monnaie. Écrivez sur-le-champ à Strasbourg, par un courrier, pour que le payeur de la Grande Armée dirige sur Paris tous les fonds qu'il a en caisse, excepté trois millions, qu'il gardera pour n'être pas à découvert. Prenez des mesures pour mettre ces mêmes fonds en activité, hors les neuf millions dont j'aurai besoin au mois de mars pour la distribution, au retour de la Grande Armée. La caisse d'amortissement a cinq millions de traites sur Paris: prenez-les et donnez-lui des obligations à votre convenance. Voyez également avec M. Bérenger s'il y a des objets dont vous puissiez vous aider en les échangeant contre des obligations. Il peut être aussi de quelque intérêt de faire diriger sur Lyon quelques lingots, tant pour le bien de cette ville que pour rendre de l'activité à son hôtel des monnaies. Concertez-vous avec M. Bérenger pour me présenter sur tout cela des mesures générales, et rédigez un projet que vous apporterez mardi à dix heures. Comm. par Mme la comtesse Mollien. (En minute aux Arch. de l'Emp.) NAPOLÉON. 9819. A M. MOLLIEN. Paris, 15 février 1806. Monsieur Mollien, je vous ai fait connaître par ma lettre de ce jour l'arrivée prochaine et la destination de dix-huit millions en lingots appartenant à la Grande Armée, et que la caisse d'amortissement fait venir tant de Vienne que d'Augsbourg et de Francfort. Mon intention est que vous profitiez de cette circonstance pour avoir au trésor une réserve de plusieurs millions comme base et fondement du crédit. En y mettant du secret, la plupart des hommes qui cherchent, pour en profiter, à deviner la vraie situation du trésor, seraient dėjoués, et même, avec un peu de prudence, on pourrait l'élever dans l'opinion générale, et laisser croire au public de Paris que l'on a en réserve plus de trente millions. Je voudrais qu'il restàt en caisse environ cinq millions, qui ne se renouvelleraient pas et qui passeraient comme fonds morts en réserve. Monsieur Dejean, je reçois votre lettre ainsi que celle du général Chasseloup du 23 janvier. Je désire que les projets de Palmanova, d'Osoppo et de Venise me soient envoyés. Vous lui répondrez que je ne l'autoriserai à venir que lorsque j'aurai pensé que ces projets sont assez mûrs, et qu'il aura pu, sur les lieux, répondre aux objections qui lui seront faites. Quant à Alexandrie, je désire avoir l'état des travaux à faire cette année. Je veux achever Alexandrie, |