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cover, in an historian of so much learning and penetration, so great a coincidence with my own sentiments, in relation to some obscure points in the Christian antiquities. I suppose I need not now inform you, that the book I mean is Gibbon's History of the Fall of the Roman Empire; which, in respect of the style and manner, as well as the matter, is a most masterly performance.

N° LXXXVI.

Madame NECKER à Monsieur GIBBON.

Paris, 29 Juillet.

JE me reprocherois vivement, Monsieur, d'avoir laissé si long temps sans réponse la plus touchante et la plus aimable des lettres, si je l'avois fait par paresse ou par négligence; mais j'ai malheureusement une trop bonne excuse, M. Necker a été long temps malade non du regret d'avoir donné sa démission, mais du chagrin d'avoir été obligé de la donner; car il est pour les honnêtes gens une nécessité morale plus invincible que la necessité physique: les inquiétudes, que la santé de Mons. Necker m'a fait éprouver, m'ont appris plus que jamais à compter pour rien les peines qui n'affectent pas la sensibilité: quand Monsieur Necker se chargea d'une grande place, je crus le prêter à l'honneur, et non aux honneurs, et quand on a voulu lui conserver les uns au dépens.de l'autre, j'ai repris avec transport le bien dont je m'étois privée,

privée, et j'ai l'ame trop tendre pour craindre de ne pouvoir pas seule suffire au bonheur d'une personne qui m'est chère: la retraite de Monsieur Necker a été accompagné des regrets et de l'étonnement de toute la France, et nous même en descendant au fond de nos cœurs nous ne pouvons encore comprendre qu'on nous ait contraint à abandonner une administration, où le succès avoit toujours suivi la pureté des intentions: nous sommes à St. Ouen; mais loin d'y éprouver le sort ordinaire, et auquel la morale commune m'avoit preparé, nous avons été suivis non seulement des gens, que nous croyons attachés à nous par les seules circonstances, mais encore d'une foule inombrable de citoyens de tous les ordres, qui ne tiennent aux grandes places, que par la relation du bien public. M. Necker a été baigné de larmes et comblé d'éloges et de bénédictions, et tout ce qui s'est fait à cette occasion pourroit être raconté par un historien, mais ne peut être hasardé dans une lettre : mon estime pour la voix publique en est augmentée: il semble que la vérité jaillit du milieu de cette agitation de toutes les ames, et que le mensonge, qui se réfugie quelquefois dans les opinions particulières, en est bientôt chassé par cette voix générale, comme les démons l'étoient jadis par le nom de la divinité: pardon si je vous parle de Monsieur Necker avec cette franchise. Vous sçavez par l'histoire de tous les siècles, et peut-être par la vôtre, que les petits défauts non seulement ne concluent rien contre le génie, mais

même

même l'annoncent souvent; ces défauts des grands hommes sont un présent, que la nature bienfaisante fait à leurs femmes, ou à leurs amis: un homme parfait se suffiroit à lui-même: il faut avoir des torts et des foiblesses pour sentir les jouissances, les besoins, et les consolations, que le cœur peut donner. C'est à cette circonstance, que je dois l'article du Compte Rendu, dont vous me parlez avec tant de graces. Je ne sçaurois m'empêcher d'être sensible à ce que vous m'en dites, et cependant je puis vous assurer qu'il a paru malgré moi: j'ai joui long tems en silence du plaisir de rendre Monsieur Necker heureux, et l'opinion ne pouvoit rien ajouter à ce sentiment; car il est une conscience pour le cœur comme pour la vertu, à qui les regards des hommes sont indifférents, mais ceux de l'affection ne peuvent l'être: ils ajoutent à tous les biens; et d'ailleurs votre amitié m'est trop chère pour ne pas désirer votre estime.

Nous n'avons pas encore eu le temps d'éprouver le vuide que laisse l'absence des grandes affaires : nous n'avons senti que la crainte qu'elles ne prisent une route différente de celle que nous leur avions tracée: car la passión du bien public comme toutes les passions abstraites, doit être constante, puisque l'objet en est inaltérable.

Votre tendresse paternelle me paroît si bien placée, que je ne puis m'empêcher de la partager; vos enfans 'ont quelques défauts dans le caractère, mais ils nous enchantent, et vous m'avez appris à aimer l'histoire, qui m'avoit toujours paru jusques

à pré

à présent un miroir exagéré de nos deformités, parceque les grands traits parvenoient seuls jusques à nous: à présent je la lis avec délices, cette histoire, où je crois voir à la fois l'esprit de tant de siècles concentré dans une seule tête, et les jugemens de toutes les nations aboutis à un seul jugement, qui les éclaire, et qui nous les rend avec toutes les graces de la nouveauté sans leur rien faire perdre, cependant, de leur air noble et antique. Vous ne devez pas douter du plaisir que vos succès m'ont fait goûter; car depuis long temps, je ne suis avertie de mon amour-propre que par ma sensibilité: je ne vous donnerai pas de conseils: je ne pourrois critiquer que vos opinions ou vos sentimens, et ce n'est pas de conseils qui peuvent les changer: vous avez d'ailleurs une manière d'écrire qui n'appartient qu'à vous: il faut que vous suiviez l'impulsion de votre génie, et quiconque hasarderoit d'autres avis que celui de vous livrer hardiment à vous même, ne seroit pas digne de vous admirer n'y de sentir le prix inestimable d'une sublime singularité.

Nous formons le projet de passer l'été prochaine en Suisse, mais je n'ose encore m'en flatter, car Monsieur Necker est très indécis dans les petites choses: où que j'aille, vos livres me suivront et me feront goûter à la fois le plaisir et le bonheur par le double intérêt de l'auteur et de l'ouvrage: si vous y joignez quelques lettres, elles seront bien accueillies et bien senties: si vous n'écrivez point ...mais je ne veux pas m'arrêter sur le douloureux

soupçon;

soupçon; je finis ces longs discours que la seule amitié peut pardonner: j'ai cru que vous me permettriez de dicter cette lettre: les sentimens divers auxquels j'ai été en proye, ont diminué mes forces; mais si mes doigts ne sçauroient tenir la plume sans fatigue, mon cœur et ma pensée peuvent, en revanche, s'élancer au delà des mers, et ne se lassent jamais de le faire.

C. N. Mon addresse est actuellement à Paris, Rue Bergère.

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N° LXXXVII.

EDWARD GIBBON, Esq. to J. HOLROYD, Esq.

Saturday, August, 1776.

WE expect you at five o'clock Tuesday, without a sore throat. You have ere this heard of the shocking accident which takes up the attention of the town. Our old acquaintance ******** By his own indolence, rather than extravagance, his circumstances were embarrassed, and he had frequently declared himself tired of life. No public news, nor any material expected, till the end of this, or the beginning of next month, when Howe will probably have collected his whole forcę. A tough business indeed. You see by their declaration, that they have now passed the Rubicon, and rendered the work of a treaty infinitely more difficult. You will perhaps say, so much the better;

but

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