ページの画像
PDF
ePub

transporté dans l'anglois toute la delicatesse, toute la finesse, et en même tems toute la clarté de notre langue, vous transporterez dans le françois la richesse et l'énergie de la vôtre, et vous les écrirez toutes deux avec cette plume harmonieuse qui semble ne placer un mot que pour flatter l'oreille comme une main habile choisit les touches d'un clavecin.

Au reste j'ose refuser toujours mon enthousiasme à vos trois derniers chapitres. Pourquoi l'homme de génie qui fait son dieu de la gloire et qui croit vivre éternellement dans son sein, veut-il ôter la même espérance à ceux qui mettent leur vertu à la place de cette gloire?

Je me rappelle la franchise de nos entretiens de Londres, et je crois vous devoir un mot sur vos compatriotes, toujours sous le scéau du secret. J'ai vu plus souvent Milord et Milady Lucan que Madame de Montagu, d'abord par le désir que j'avois de vous plaire, à présent l'attrait qu'ont toujours les bonnes gens sans prétentions et d'une société facile et douce. D'ailleurs les propos à bâtons rompus ne font pas mal dans un pays où la conversation est un esclavage dès qu'elle n'est pas un plaisir. Il semble ici que les longues phrases et les longues pensées vous jettent au col un nœud coulant pour vous empêcher de vous enfuir. Madame Montagu est venue à Paris comme à la suite de Shakespear, dans un moment où Voltaire et ses partisans accablent cet auteur de mauvaises plaisanteries, et vous sentez qu'il en tombe quelques unes à droite et à gauche sur son adoratrice. Malgré cela tout le monde rend justice à l'esprit, aux lumières, et à l'hon

N 2

à l'honnêteté de Madame de Montagu. Elle fait des éfforts inouis pour s'exprimer en françois en l'écoutant, je me rappelle les tourmens que j'éprouvois en Angleterre où je n'entendois personne et où personne ne m'entendoit. Qui ne sçait compâtir aux maux qu'on a soufferts?

Cependant je ris et ne compâtis point. Mais quand viendrez vous donc, Monsieur? fixez nous l'époque précise afin que nous soyons heureux d'avance. Nous vous présentons, Monsieur Necker et moi, l'assurance des sentimens distingués que nous vous avons voués pour la vie.

Pardon, Monsieur; une légère incommodité ne m'a pas permis d'écrire de ma main cette énorme lettre.

N° XCII.

Mr. GIBBON to the Reverend Dr. WATSON (now Bishop of Landaff.)

Bentinck-street, November 2d, 1776. MR. GIBBON takes the earliest opportunity of presenting his compliments and thanks to Dr. Watson, and of expressing his sense of the liberal treatment which he has received from so candid an adversary. Mr. Gibbon entirely coincides in opinion with Dr. Watson, that as their different sentiments, on a very important period of history, are now submitted to the Public, they both may employ their time in a manner much more useful, as well as agreeable, than they could possibly do by exhibiting a single combat in the amphitheatre of controversy. Mr. Gibbon is therefore determined to resist the temptation of justifying, in a professed

professed reply, any passages of his History, which might perhaps be easily cleared from censure and misapprehension; but he still reserves to himself the privilege of inserting in a future edition some occasional remarks and explanations of his meaning. If any calls of pleasure or business should bring Dr. Watson to town, Mr. Gibbon would think himself happy in being permitted to solicit the honour of his acquaintance.

N° XCIII.

Dr. WATSON to Mr. GIBBON.

Cambridge, November 4th, 1776.

DR. WATSON accepts with pleasure Mr. Gibbon's polite invitation to a personal acquaintance. If he comes to town this winter, will certainly do himself the honour to wait upon him. Begs, at the same time, to assure Mr. Gibbon, that he will be very happy to have an opportunity of shewing him every civility, if curiosity, or other motives, should bring him to Cambridge. Dr. Watson can have some faint idea of Mr. Gibbon's difficulty in resisting the temptation he speaks of, from having been of late in a situation somewhat similar himself. It would be very extraordinary, if Mr. Gibbon did not feel a parent's partiality for an offspring which has justly excited the admiration of all who have seen it; and Dr. Watson would be the last person in the world to wish him to suppress any explanation which might tend to exalt its merits.

[blocks in formation]

N° XCIV.

EDWARD GIBBON, Esq. to J. HOLROYD, Esq. Almack's, November 7th, 1776.

LETTERS from Burgoyne. They embarked on the Lakes the 30th September, with eight hundred British sailors, six thousand regulars, and a naval force superior to any possible opposition: but the season was so far advanced, that they expected only to occupy and strengthen Ticonderoga, and afterwards to return and take up their winter quarters in Canada. Yesterday we had a surprize in the House, from a proclamation of the Howes, which made its first appearance in the Morning Post, and which nobody seems to understand. By this time, my Lady may see that I have not much reason to fear my antagonists. Adieu, till next Thursday.

[ocr errors]

N° XCV.

The Same to the Same.

Friday Evening, November 22d.

NEWS from the Lakes. A naval combat, in which the Provincials were repulsed with considerable loss. They burnt and abandoned Crown Point. Carleton is besieging Ticonderoga. Carleton, I say; for he is there, and it is apprehended that Burgoyne is coming home. the Nabobs without a division. Attorney General spoke very well.

We dismissed Burke and the Adieu.

N° XCVI.

M. SUARD à M. GIBBON.

MONSIEUR,.

Paris, le 25 Novembre, 1776. Je ne connois qu'un homme digne de faire passer dans notre langue votre excellente histoire de la Décadence de l'Empire Romain, et cet homme c'est vous. Puisque vous attachez quelque prix à l'opinion du public François, je suis étonné que vous n'ayez pas voulu prendre cette peine. Vous écrivez notre langue non seulement avec une correction et une pureté rare, mais encore avec une élégance et un choix de tours et d'expressions que peu de nos gens de lettres possèdent. Je vous ai rendu cet hommage avant que d'avoir l'honneur de vous connoître personnellement. Vous savez, Monsieur, combien j'ai goûté votre Essai sur la Littérature, ouvrage où je trouvois réuni ce qui se rencontre rarement ensemble, l'esprit, le goût, et l'érudition. J'ai lu votre nouvel ouvrage, et j'y ai trouvé ces mêmes qualités avec le degré de maturité, avec les vues et la philosophie que l'étude et le tems ont dû ajouter à un talent supérieur.

J'aime peu l'histoire, parceque je n'ai jamais pu retenir ni dates ni faits; mais je passerois ma vie à l'étudier si elle étoit écrite comme le morceau que vous nous en avez donné. C'est un tableau complet et parfait. Vous y avez embrassé l'histoire des mœurs et des faits et celle de tout l'univers connu. Vous avez porté la lumière dans le cahos, et vous avez suivi le fil caché des évènemens les plus bizarres dans ce labyrinthe obscur où tous les liens qui unissent les hommes en société et toutes

[blocks in formation]
« 前へ次へ »