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de la ville, je suis presqu'entièrement libre. L'été, par exemple, je déteste de m'enfermer le soir dans des chambres chaudes, pour faire une partie. Eh bien! on m'a persécuté un peu la première année; à présent on me laisse en repos. Il y aura sans doute quelque changement dans votre manière de vivre: mais il me semble qu'on se fait aisément à cela. Les dîners, surtout en femmes, sont très rares; les soupers peu grands; on reste plutôt pour être ensemble, que pour manger, et plusieurs personnes ne s'asseyent point. Je crois, tout compté et rabattu, que vouz aurez encore plus de tems pour le cabinet qu'à Londres; on sort peu le matin, et quand nos amis communs viendront chez moi, et vous demanderont, je leur dirai; " ce n'est pas un oisif comme vous autres, il travaille dans son cabinet," et ils se tairont respectueusement.

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Pour les bibliothèques publiques, votre idée ne pourroit, je pense, se réaliser pour un lecteur ou même un écrivain ordinaire, mais un homme qui joue un rôle dans la république des lettres, un homme aimé et considéré, trouvera, je m'imagine, bien des facilités; d'ailleurs, j'ai de bons amis à Berne, et je prendrai ici des informations.

Passons à la table. Si j'étois à Lausanne, cet article seroit plus sûr, je pourrois revoir mes papiers, consulter; j'ai une chienne de mémoire. A vue de pays cela pourra aller de 20 à 30 Louis par mois, plus ou moins, vous sentez, suivant la friandise, et le plus ou moins de convives. Marquez moi dans votre première combien vous coûte le vôtre.

Je sens fort bien tous les bonnets de nuit: point

de

de grands changemens sans embarras, même sans regrets; vous en aurez quelquefois sans doute: par exemple, si votre salle à manger, votre salle de compagnie, sont plus riantes, vous perdrez pour le vase de la bibliothèque. Pour ce qui est des représentations, des discours au moins inutiles, il me semble que le mieux seroit de masquer vos grandes opérations, de ne parler que d'une course, d'une visite chez moi, de six mois ou plus ou moins. Vous fericz bien, je pense, d'aller chez mon ami Louis Teissier; c'est un brave et honnête homme, qui m'est attaché, qui aime notre pays; il vous donnera tout plein de bons conseils avec zèle, et vous gardera le secret.

Vous aurez quelquefois à votre table un poëte; -oui, Monsieur, un poëte:-nous en avons un enfin. Procurez vous un volume 8vo. Poësies Helvétiennes, imprimées l'année passée chez Mouser, à Lausanne. Vouz trouverez entr'autres dans l'épitre au jardinier de la grotte, votre ami et votre parc. Toute la prose est de votre très humble serviteur, qui désire qu'elle trouve grace devant

vous.

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Le Comte de Cagliostro a fait un séjour à Londres. On ne sait qui il est, d'où il est, d'où il tire son argent; il exerce gratis ses talens pour la médecine; il a fait des cures admirables; mais c'est d'ailleurs le composé le plus étrange. J'ai cessé de prendre ses remèdes qui m'échauffoient-l'homme d'ailleurs me gâtoit le médecin. Je suis revenu à Basle avec mon ami. Adieu; récrivez moi le plutôt possible.

PARS.

N° CLXXIII.

M. GIBBON à M. DEYVERDUN.

Hampton Court, ce 1 Juillet, 1783.

APRÈS avoir pris ma résolution, l'honneur, et ce qui vaut encore mieux l'amitié, me défendent de vous laisser un moment dans l'incertitude. JE Je vous en donne ma parole, et comme je suis bien aise de me fortifier d'un nouveau lien, je vous prie très sérieusement de ne pas m'en dispenser. Ma possession, sans doute, ne vaut pas celle de Julie; mais vous serez plus inexorable que St. Preux. Je ne sens plus qu'une vive impatience pour notre réunion. Mais le mois d'Octobre est encore loin; 92 jours, et nous aurons tout le tems de prendre, et de nous donner des éclaircissemens dont nous avons besoin. Après un mûr examen, je renonce au voyage de George Suisse, qui me paroît incertain, cher et difficile. Après tout mon yalet de chambre et ma bibliothèque sont les deux articles les plus embarrassans. Si je ne retenois pas ma plume, je remplirois sans peine la feuille; mais il ne faut pas passer du silence à un babil intarissable. Seulement si je connois le Comte de Cagliostro, cet homme extraordinaire, &c. Savez vous le Latin? oui, sans doute; mais faites, comme si je ne le savois point. Quand retournez vous à Lausanne vous même?. Vale.

N

N° CLXXIV.

Mad. DE GENLIS à M. GIBBON,

St. Leu, ce 3 Juillet, 1783.

QUOIQUE je doive craindre, Monsieur, que vous ne m'ayez absolument oubliée, je ne puis refuser à mon frère une lettre pour une personne si justement célèbre; il a le plus grand désir de faire connoissance avec vous, Monsieur. Il sait que j'ai eu l'avantage de vous voir dans le court espace de tems que vous avez passé à Paris il y a sept ou huit ans. J'ai eu l'honneur depuis de vous écrire deux fois et de vous envoyer Le Théâtre d'Education. Je n'ai point reçu de réponse, ainsi je trouve moi même qu'il y a bien de la présomption à vous importuner encore par une nouvelle lettre, mais j'ai saisi avec plus d'empressement que de confiance une occasion de me rappeller à votre souvenir et de vous renouveller l'assurance des sentimens qu'il est impossible de ne pas vous conserver quand on a eu l'avantage de vous connoître et le plaisir de lire vos ouvrages. J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissante Servante,

DUEREST, Comtesse de GENLIS.

N° CLXXV.

EDWARD GIBBON, Esq. to the Right Honourable Lord SHEFFIELD.

July 10th, 1783.

You will read the following lines with more patience and attention than you would probably

give to an hasty conference, perpetually interrupted by the opening of the door, and perhaps by the quickness of our own tempers. I neither expect nor desire an answer on a subject of extreme importance to myself, but which friendship alone can render interesting to you. We shall soon meet at Sheffield.

It is needless to repeat the reflections which we have sometimes debated together, and which I have often seriously weighed in my silent solitary walks. Notwithstanding your active and ardent spirit, you must allow that there is some perplexity in my present situation, and that my future prospects are distant and cloudy. I have lived too long in the world to entertain a very sanguine idea of the friendship or zeal of ministerial patrons; and we are all sensible how much the powers of patronage are reduced.

*

At the end of the Parliament, or rather long before that time, (for their lives are not worth a year's purchase,) our Ministers are kicked down stairs, and I am left their disinterested friend, to fight through another opposition, and to expect the fruits of another revolution. But I will take a more favourable supposition, and conceive myself in six months firmly seated at the board of Customs; before the end of the next six months I should infallibly hang myself. Instead of regretting my disappointment, I rejoice in my escape; as I am satisfied that no salary could pay me for the irksomeness of attendance, and the drudgery of business so repug

VOL. II.

X

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