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Quæ modò victorem Latio Pallanta ferebat.

Arcades ad portas ruere; et de more vetusto
Funereas rapuere faces: lucet via longo

Ordine flammarum, et latè discriminat agros.
Contrà turba Phrygum veniens plangentia jungunt
Agmina. Quæ postquam matres succedere tectis
Viderunt, mæstam incendunt clamoribus urbem.
At non Evandrum potis est vis ulla tenere;
Sed venit in medios; feretro Pallanta reposto
Procubuit super, atque hæret lacrymansque gemensque;
Et via vix tandem voci laxata dolore est:

Non hæc, o Palla, dederas promissa parenti,

Cautiùs ut sævo velles te credere Marti!

Haud ignarus eram quantùm nova gloria in armis,
Et prædulce decus primo certamine posset.
Primitiæ juvenis miseræ, bellique propinqui
Dura rudimenta! et nulli exaudita deorum

Vota precesque meæ ! Tuque, o sanctissima conjux,
Felix morte tuâ, neque in hunc servata dolorem !
Contrà ego vivendo vici mea fata, superstes
Restarem ut genitor. Troum socia arma secutum
Obruerent Rutuli telis! animam ipse dedissem!

L'agile Renommée avoit pris soin d'apprendre
Et la mort de Pallas et le malheur d'Evandre,
La prompte Renommée, hélas! de qui la voix
Naguères se plaisoit à conter ses exploits.
On accourt, et, suivant l'usage de ses pères,
L'Arcadien saisit des torches funéraires;

De loin on voit briller, dans les champs d'alentour,
Deux longs rangs de flambeaux, tristes rivaux du jour.
Porté par les Troyens, l'affreux cercueil arrive :
Tous entrent à la fois dans la cité plaintive.

A ce funèbre aspect, frappant leurs seins meurtris,
Les mères fendent l'air de lamentables cris.
Leur lugubre clameur s'est fait à peine entendre,
Son âge, ses amis, rien ne retient Évandre;
Sur le fatal cercueil qui vient de s'arrêter
Le malheureux vieillard court se précipiter,
Se jette sur son fils, entre ses bras le presse,
S'efforce d'exhaler la douleur qui l'oppresse:
Ses sanglots sortent seuls! Enfin lorsqu'une fois
La douleur eut rendu le passage à sa voix,
<< O Pallas! est-ce ainsi que ton coeur téméraire
» Épargna ta jeunesse et les vieux ans d'un père ?
» Ah! j'ai dû le prévoir; et pouvois-je oublier
» Combien ont de pouvoir sur un jeune guerrier
» Les premières faveurs que promet la victoire,
» Le début du courage, et l'essai de la gloire?

Atque hæc pompa domum me, non Pallanta, referret!
Nec vos arguerim, Teucri, nec foedera, nec quas
Junximus hospitio dextras: sors ista senectæ
Debita erat nostræ. Quòd si immatura manebat
Mors natum; cæsis Volscorum millibus antè,
Ducentem in Latium Teucros cecidisse juvabit.
Quin ego non alio digner te funere, Palla,
Quàm pius Æneas, et quàm magni Phryges, et quàm
Tyrrhenique duces, Tyrrhenum exercitus omnis:
Magna tropea ferunt, quos dat tua dextera leto.
Tu quoque nunc stares immanis truncus in armis,
Esset
par ætas, et idem si robur ab annis,

Turne. Sed infelix Teucros quid demoror armis?
Vadite, et hæc memores regi mandata referte :
Quòd vitam moror invisam, Pallante perempto,
Dextera causa tua est, Turnum gnatoque patrique
Quam debere vides: meritis vacat hic tibi solus
Fortunæque locus. Non vitæ gaudia quæro,
Nec fas; sed gnato manes perferre sub imos.

» O fils trop magnanime et trop tôt moissonné! » Apprentissage affreux! prélude infortuné!

» Voilà comme les dieux exaucent la prière

» D'un malheureux vieillard et d'un malheureux père ! » Toi qui dans le tombeau précédas ton époux, » De ton heureux trépas combien je suis jaloux ! »Tu n'as pas de ton fils vu la pompe funeste;

» Et moi, de mes vieux ans traînant le triste reste, » J'ai prolongé mes jours pour voir trancher les siens. » Oh! que n'ai-je suivi les drapeaux des Troyens! » Évandre eût péri seul, et ce deuil funéraire » Auroit au lieu du fils accompagné le père. » Et vous que j'ai reçus, vous qu'ont serrés mes bras, » O Troyens! ma douleur ne vous accuse pas. » Hélas! ce coup fatal attendoit ma vieillesse. » Mais, si le sort cruel moissonna sa jeunesse, » Il meurt en combattant pour moi, pour ses amis; » Il meurt environné d'un monceau d'ennemis. » Et quels plus doux honneurs le malheureux Évandre, » O mon fils! pouvoit-il présenter à ta cendre, » Que tous ces monumens, ces fruits de tes exploits, » Que portent en pleurant trois peuples à la fois, » Ces dards, ces boucliers, garans de ta mémoire, » Et ce deuil triomphant que conduit la victoire? » Et toi, Turnus, et toi, son superbe vainqueur, » Si son trop jeune bras n'eût trahi son grand cœur,

Aurora interea miseris mortalibus almam

Extulerat lucem, referens opera atque labores. Jam pater Æneas, jam curvo in littore Tarchou

huc

Constituêre pyras;
corpora quisque suorum
More tulere patrum; subjectisque ignibus atris
Conditur in tenebras altum caligine cœlum.
Ter circum accensos, cincti fulgentibus armis,
Decurrêre rogos; ter mæstum funeris ignem
Lustravere in equis, ululatusque ore dedêre.
Spargitur et tellus lacrymis, sparguntur et arma:

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