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» Ta mort eût elle-même illustré son courage:

» Ton égal en valeur, il fut vaincu par l'âge.

» Mais c'est trop par mes pleurs retarder les combats : » Allez, braves Troyens, retournez sur vos pas;

» Dites à votre roi que je hais la lumière,

» Qu'il n'est plus sans mon fils de bonheur pour son père.
» C'est à lui qu'en partant mon Pallas fut remis ;
» Il doit vengeance au père, il la doit à son fils;
» Tous deux nous l'attendons : voilà le seul service
» Qui puisse du destin corriger l'injustice;
» Voilà le seul moyen de me prouver sa foi.

» Des plaisirs ! des grandeurs! il n'en est plus pour
» Mais je veux à Pallas, dans le royaume sombre,
» Apprendre que Turnus est promis à son ombre. »
L'Aurore cependant, versant des feux nouveaux,
Aux malheureux mortels ramenoit les travaux ;
Les Troyens, les Toscans, pleins d'une ardeur égale,
Hâtent de leurs guerriers la pompe sépulcrale.
Les deux peuples amis de mille arbres divers
Élèvent un bûcher sur la rive des mers:

Là, chacun en pleurant, suivant l'antique usage,
Va porter les objets de son lugubre hommage.
Déjà l'on voit au loin les flammes s'allumer,
Et dans l'air obscurci leur tourbillon fumer.

Trois fois, autour des feux, dans sa morne tristesse,
A tourné des deux camps la brillante jeunesse ;

moi.

It coelo clamorque virûm, clangorque tubarum. Hinc alii spolia occisis derepta Latinis

Conjiciunt igni, galeas, ensesque decoros, Frenaque, ferventesque rotas; pars munera nota, Ipsorum clypeos, et non felicia tela.

Multa boum circà mactantur corpora morti; Sætigerosque sues, raptasque ex omnibus agris In flammam jugulant pecudes : tum littore toto Ardentes spectant socios, semiustaque servant Busta; neque avelli possunt, nox humida donec Invertit coelum stellis fulgentibus aptum.

Nec minus et miseri diversâ in parte Latini Innumeras struxere pyras, et corpora partim

Trois fois, poussant des cris funèbres et guerriers,
Autour du bois fatal ils guident leurs coursiers :
Ces yeux jadis si fiers sont humectés de larmes ;
Ils en trempent la terre, ils en baignent leurs armes :
L'on entend retentir les côteaux, les vallons,
Et du bruit des sanglots et du bruit des clairons.
Les uns, de leurs amis honorant la mémoire,
Jettent dans le bûcher les signes de leur gloire;
Là, des glaives conquis, des dards étincelans,
Et des chars qui voloient sur leurs essieux brûlans,
Les casques, les freins d'or, les aigrettes brillantes,
En pompe sont livrés aux flammes dévorantes.
Quelques uns en hommage à ces braves guerriers
Offrent des dons connus, leurs traits, leurs boucliers,
Et le fer impuissant qui trahit leur vaillance.
Cependant on immole une hécatombe immense;
Le taureau, l'animal qui s'engraisse de glands,
Sont en foule égorgés sur les bûchers sanglans.
Ces malheureux guerriers dévorés par les flammes
De leurs tristes amis attendrissent les ames:
Plusieurs veillent assis à côté du bûcher;
Rien à ces chers objets ne peut les arracher,
Jusqu'à l'heure où la nuit, rayonnante d'étoiles,
Sur ces tristes tableaux vient déployer ses voiles.

Les Latins, à leur tour, dans des bûchers nombreux Consument de leurs morts les restes malheureux;

Multa virum terræ infodiunt, avectaque partim
Finitimos tollunt in agros, urbique remittunt.
Cetera, confusæque ingentem cædis acervum,
Nec numero nec honore cremant. Tunc undique vasti
Certatim crebris collucent ignibus agri.

Tertia lux gelidam coelo dimoverat umbram,
Mærentes altum cinerem et confusa ruebant
Ossa focis, tepidoque onerabant aggere terræ.

Jam verò in tectis prædivitis urbe Latini
Præcipuus fragor, et longi pars maxima luctûs :
Hic matres miseræque nurus, hîc cara sororum
Pectora mærentum, puerique parentibus orbi,
Dirum exsecrantur bellum, Turnique hymenæos ;
Ipsum armis, ipsumque jubent decernere ferro,
Qui regnum Italiæ et primos sibi poscat honores.
Ingravat hæc sævus Drances, solumque vocari
Testatur, solum posci in certamina Turnum.
Multa simul contrà variis sententia dictis

Pro Turno, et magnum reginæ nomen obumbrat :
Multa virum meritis sustentat fama tropæis.

D'autres sont inhumés dans ces fatales plaines;
Quelques uns sont portés dans les cités prochaines;
Le vulgaire en monceaux brûle confusément,
Et l'oeil parcourt au loin ce vaste embrasement.
Pour la troisième fois le jour venoit d'éclore,
Dans ces tristes emplois il les retrouve encore.
Les uns vont recueillir ces ossemens chéris,
Les autres dans la terre enferment leurs débris.

Mais c'est dans les remparts de la triste Laurente Que la douleur se montre encor plus déchirante. Là, des mères en deuil, de malheureuses soeurs, Celles qui de l'hymen regrettent les douceurs, Les pères sans enfans, le fils privé d'un père, Tout maudit des combats la fureur meurtrière, Tous détestent Turnus et son hymen fatal : «Que ne va-t-il lui-même attaquer son rival? » Jaloux du premier rang, au péril de sa tête » C'est à lui, disoient-ils, d'en tenter la conquête. >> Son ennemi Drancès appuyoit ces discours: <<< Le Troyen n'en veut pas à nos biens, à nos jours; » C'est Turnus qu'il attend, c'est Turnus qu'il défie : » Faut-il qu'à son orgueil l'État se sacrifie ? » D'autres vengent Turnus : « Il a a pour

lui ses
ses droits,

» Le grand nom de la reine, et ses brillans exploits. »

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