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>> étois toujours le premier sur le champ de bataille, ton

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père ne dirigera plus ton javelot! toi, le plus beau de mes >> enfans, mes yeux ne te verront plus! » Après ce discours, le poëte nous avertit naïvement que les larmes couloient sur les joues de Fingal ; et nous avions besoin de l'apprendre, car le bon Fingal paroissoit avoir pris son parti. En déplorant dans un autre passage la mort d'Orla, le poëte dit que ses dogues fidèles hurlent de douleur sur les collines, et que les bêtes sauvages qu'il poursuivoit dans les bois se réjouissent de sa mort. Combien ces tableaux sont froids, et même ridicules, à côté de ceux de Virgile!

pour

Nous avons pris trop souvent l'exagération de la sensibilité la sensibilité elle-même; les hommes n'exagèrent que les sentimens qu'ils n'ont pas. La mélancolie, chez plusieurs écrivains modernes, ressemble à une bacchante échevelée qui s'agite et pleure dans un lointain obscur et sous un ciel orageux; on s'approche, et cette bacchante qui paroissoit si tourmentée n'est plus qu'une froide statue de marbre. Dans Virgile, au contraire, c'est une jeune et simple bergère qui gémit sans affectation, sous un ciel pur, à l'ombre d'un vert cyprès; l'écho répète ses sons plaintifs; les passans sont touchés de sa douleur, et ils s'arrêtent pour pleurer avec elle.

ARGUMENT.

LES Latins étant découragés par la perte de deux batailles, Turnus consent à un combat singulier contre Énée, qui en avoit proposé le défi; il va donc trouver le roi Latinus, pour lui déclarer qu'il l'accepte, et le prier de dresser lui-même le traité, en vertu duquel le vainqueur sera son gendre et son successeur. Latinus lui donne de sages conseils, et lui parle en père et en ami. Turnus est intraitable. C'est avec aussi peu de succès qu'Amate tâche de le détourner de ce combat, en l'assurant que de son sort dépendra le sien, et qu'elle mourra plutôt que de consentir que le prince troyen épouse sa fille. Turnus s'apprête aussitôt au combat, et essaie ses armes. Cependant les troupes se rangent de part et d'autre en ordre de bataille, comme si elles devoient combattre, avec ordre néanmoins de poser les armes. Les autels sont dressés entre les deux camps, et le roi s'en approche accompagné des deux princes. Tout le peuple de Laurente est sur les remparts et sur les tours de la ville, pour être témoin du serment réciproque et du combat qui doit suivre. Énée prête serment le premier, et jure sur les autels les conditions

du combat. Latinus jure de son côté qu'il accordera sa fille au vainqueur. Pendant ce tempslà, Juturne, sœur de Turnus, par le conseil de Junon, tâche de rompre le traité et le projet du combat. Elle parcourt les rangs de l'armée latine, sous la forme de Camerte, capitaine célèbre, et reproche aux troupes de souffrir honteusement que leur prince expose ainsi sa vie pour conserver la leur. Un prodige qui paroît dans les airs achève d'ébranler les esprits; et l'augure Tolumnius, concluant de ce présage que les Latins triompheront de leur ennemi, lance un trait qui tue un Troyen. On court à la vengeance, on prend les armes, on renverse les autels, et on commence un combat général. Énée s'avance pour calmer les esprits, et les engage mettre bas les armes de part et d'autre : dans ce moment, il est blessé d'une flèche lancée par une main inconnue. Il se retire pour faire panser sa plaie, et Turnus profite de sa retraite pour faire un grand carnage des Troyens. Cependant Vénus guérit la blessure de son fils avec la racine de dictame. Bientôt il reparoit sur le champ de bataille, où il appelle Turnus et le défie au combat. Turnus étoit prêt à répondre au défi, lorsque Juturne, prenant la place de Métisque, conducteur du char de son frère, l'éloigne sans cesse d'Énée, de sorte que le prince troyen ne

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peut le joindre. Alors, désespérant de pouvoir l'attirer à un combat singulier, il prend le parti de donner l'assaut à la ville de Laurente, et de mettre le feu aux premières maisons des faubourgs. La reine Amate, effrayée de cette attaque, et croyant que Turnus a perdu la vie et que tout est désespéré, se donne la mort. Turnus, informé de ce funeste accident et du danger de la ville assiégée, se résout à chercher Énée pourle combattre. Pendant ce temps-là, Jupiter pèse dans ses balances les destinées des deux princes; en même temps il tâche de consoler Junon de la victoire des Troyens, en lui promettant que les descendans de cette nation " dont le sang se mêlera avec celui des Latins, lui seront plus dévoués qu'aucun peuple de l'univers. Enfin le combat commence entre Énée

et Turnus; celui-ci est blessé et demande la vie. Énée est sur le point de la lui accorder généreusement, lorsqu'il reconnoît le baudrier de Pallas, que Turnus avoit enlevé à ce jeune prince après l'avoir tué; il se rappelle en ce moment ce qu'il doit à Evandre et aux mânes de son fils; il donne donc à Turnus le coup mortel, qui termine la guerre, et qui, selon les conditions du traité, le rend possesseur de Lavinie, et héritier du trône de Latinus.

LIBER DUODECIMUS.

TURNUS ut infractos adverso marte Latinos
Defecisse videt, sua nunc promissa reposci,
Se signari oculis: ultro implacabilis ardet,
Attollitque animos. Poenorum qualis in arvis
Saucius ille gravi venantum vulnere pectus
Tum demum movet arma leo, gaudetque comantes
Excutiens cervice toros, fixumque latronis
Impavidus frangit telum, et fremit ore cruento:
Haud secus accenso gliscit violentia Turno,
Tum sic affatur regem, atque ita turbidus infit :
Nulla mora in Turno; nihil est quòd dicta retractent
Ignavi Æneadæ, nec quæ pepigere recusent.
Congredior: fer sacra, pater, et concipe foedus.
Aut hâc Dardanium dextrâ sub Tartara mittam
Desertorem Asia (sedeant spectentque Latini),
Et solus ferro crimen commune refellam:

Aut habeat victos, cedat Lavinia conjux.

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