ページの画像
PDF
ePub

Au seul son de sa voix leur noble ardeur éclate, Et répond au doux bruit de la main qui les flatte. Puis il prend sa cuirasse, où se mêle avec l'or Un métal fruit d'un art plus précieux encor; Orne son front guerrier d'une aigrette flottante; Saisit avidement son épée éclatante, Sa foudroyante épée, ouvrage de Vulcain, Que dans le Styx fatal il trempa de sa main, Et qui, du fier Turnus défense héréditaire, Fut à son bras vaillant transmise par son père; D'un des pilastres d'or de son palais pompeux, Il détache, il saisit, de son bras vigoureux Il agite en ses mains sa formidable lance Qu'au belliqueux Actor arracha sa vaillance. << O toi que nul mortel n'affronte impunément; » Toi que jamais Turnus n'invoqua vainement, » Et qui des mains d'Actor as passé dans la mienne, » Viens, dit-il, viens dompter cette race troyenne : » Que ce vil Phrygien qu'elle appelle son roi, » Ce chef voluptueux tombe immolé par toì; » Déchire sur son corps sa cuirasse impuissante; » Que je traîne à mes pieds dans la poudre sanglante » Ces cheveux sur son front avec art assemblés, » Qu'en anneaux élégans un fer chaud a roulés; » Ces cheveux embaumés des parfums de Pergame, » Opprobre d'un guerrier, parure d'une femme.. » Ainsi parle Turnus enflammé de fureur:

Tel son courage ardent bouillonne dans son cœur,

Nec minùs interea maternis sævus in armis
Eneas acuit martem, et se suscitat irâ,
Oblato gaudens componi foedere bellum.
Tum socios mæstique metum solatur Iuli,
Fata docens; regique jubet responsa Latino
Certa referre viros, et pacis dicere leges.

Postera vix summos spargebat lumine montes, Orta dies, quum primùm alto se gurgite tollunt Solis equi, lucemque elatis naribus efflant: Campum ad certamen, magnæ sub moenibus urbis, Dimensi Rutulique viri Teucrique parabant; In medioque focos, et dîs communibus aras Gramineas; alii fontemque ignemque ferebant, Velati lino, et verbenâ tempora vincti. Procedit legio Ausonidûm, pilataque plenis

Agmina se fundunt portis : hinc Troïus omnis,

Étincelle en ses yeux, brille sur son visage:
Ainsi brûlant d'amour et mugissant de rage,
D'un taureau furieux le superbe rival,

Quand son naissant courroux prélude au choc fatal,
Lutte contre les vents, s'exerce contre un chène,
Et sous ses bonds fougueux disperse au loin l'arène.
Cependant à son tour le rival de Turnus,
Couvert du bouclier que lui donna Vénus,
Aiguise sa fureur, prépare son courage;
Mars au fond de son coeur souffle toute sa rage:
Fier de sauver l'empire, il s'applaudit tout bas
De s'exposer lui seul au hasard des combats,
D'Ascagne et des Troyens appaise les alarmes,
Leur parle des destins protecteurs de ses armes,
Et par un prompt courrier fait annoncer au roi
De ce noble cartel la salutaire loi.

A peine de la mer quittant le noir abîme

Les coursiers du soleil des monts doroient la cime,
Et, chassant devant eux l'humide obscurité,
Souffloient de leurs naseaux des torrens de clarté,
Auprès de la cité, tranquille spectatrice,

A ces rivaux fameux on prépare la lice:
Les feux du sacrifice au milieu sont placés,
En gazons verdoyans les autels sont dressés;
Là, des divinités aux deux peuples communes
Et Troyens et Latins attendent leurs fortunes.
Le front ceint de verveine et d'un voile de lin,
D'autres portent l'eau sainte et le brasier divin;

Tyrrhenusque ruit variis exercitus armis :

Haud secus instructi ferro, quàm si aspera Martis
Pugna vocet. Nec non mediis in millibus ipsi
Ductores auro volitant ostroque decori,

Et

genus Assaraci Mnestheus, et fortis Asylas,
Et Messapus equûm domitor, Neptunia proles.
Utque, dato signo, spatia in sua quisque recessit,
Defigunt tellure hastas, et scuta reclinant.
Tum studio effusæ matres, et vulgus inermum,
Invalidique senes, turres et tecta domorum
Obsedere: alii portis sublimibus adstant.

At Juno, e summo, qui nunc Albanus habetur, (Tum neque nomen erat, nec honos, aut gloria monti) Prospiciens tumulo, campum adspectabat, et ambas Laurentum Troumque acies, urbemque Latini. Extemplo Turni sic est affata sororem

:

Tout est prêt des Latins les nombreuses cohortes
S'élancent de leurs murs et franchissent les portes.
Les Troyens à leur tour et les braves Toscans
Sous leurs drapeaux divers abandonnent leurs camps;
Tous ils marchent armés, comme si des batailles
Le dieu les appeloit à sauver leurs murailles.
De pourpre revêtus et d'or éblouissans,

Les chefs des deux partis volent de rangs en rangs;
Ici brille Asylas, et là Mnesthée étale

L'antique majesté de sa race royale;

Et le fougueux Messape, enfant du dieu des mers,
De ses yeux enflammés fait jaillir des éclairs.
Le signal est donné; soudain un large espace
Sépare les deux camps; et chacun à sa place,
Debout, son javelot dans la terre enfoncé,
Tient, tranquille témoin, son bouclier baissé.
Les mères cependant et la foule sans armes,
Et les foibles vieillards pleins d'espoir et d'alarmes,
Pour voir ce grand combat assiègent à la fois
Et les créneaux des tours et les sommets des toits,

Et des portes, des murs, d'autres couvrant le faîte,
Contemplent en tremblant cette terrible fête.

Cependant, des hauteurs d'un mont alors sans nom,
Qu'Albe illustra depuis, la puissante Junon
En silence fixoit cette scène imposante,

Les deux peuples, leurs camps, et les murs de Laurente. Aussitôt de Turnus elle appelle la sœur,

Juturne, qu'en tout temps distingua sa faveur,

« 前へ次へ »