ページの画像
PDF
ePub

APPENDIX.

APPENDIX.

APPENDIX I.

(Page 55.)

M. DE BORDEAUX TO M. DE BRIENNE.

Londres, 29 Décembre, 1653.

MONSIEUR: Vous aurez pu reconnaître dans mes dernières lettres une grande disposition à l'établissement d'un nouveau régime dans l'Angleterre. La résolution en étant prise par les officiers de l'armée; ils s'assemblèrent Vendredi au matin dans le logis ordinaire du Roi où se tient le Conseil d'Etat, en y mandèrent le maire de Londres, les conseillers de la ville, les juges et les chanceliers, si peu informés qu'ils rendaient chacun la justice dans leurs tribunaux. Après que la lecture leur eut été faite de la résolution de l'armée, qu'ils se levèrent sans résistance et qu'ils eurent pris leur robe de cérémonie, toute la compagnie monta en carosse et en forme de cortège marchant devant celui de M. le général, l'infanterie en haie dans les rues et même les colonels à pied à la tête de son carosse, se rendit au palais où siège le Parlement; et dans une tribune élevée, lecture fut faite de la déclaration de l'armée. Elle expose dès le commencement la nécessité qu'il y a d'établir un protecteur pour conserver la république, nomme M. le général à cette charge, lui ordonne un conseil de vingt-quatre personnes par l'avis desquelles il gouvernera, lui donne pouvoir de faire la paix et la guerre; et dans la nécessité pressante de lever jusqu'à deux millions si le Parlement n'en point établi, l'oblige de maintenir la religion réformée et de réformer les abus qui se commetent par les hérétiques; lui permet d'avoir des officiers pour la conservation de son bien, et lui assigne pour son entretien les domaines du Roi non aliénés, ordonne en outre qu'il y aura toujours 20,000 hommes sur pied et 10,000 chevaux, et qu'un Parlement libre sera convoqué pour le 3 de Septembre prochain, et qu'advenant la mort du Protecteur il en sera choisi un autre par le Conseil, donnant l'exVOL. II.-31

clusion aux enfants du défunt et à ceux qui seront du sang royal. La lecture faite et le serment prêté entre les mains du chancelier, le sieur Protecteur s'assit dans une chaire préparée, se couvrit, et les autres demeurant debout et tête nue, les chanceliers lui présentèrent insignia Majestatis, et le maire l'épée. Il les prit et les leur rendit et s'en retourna dans le même ordre, sinon que le dit maire portait devant lui l'épée comme autrefois devant le roi et même dans son carosse, où tout le monde jusques à ses gardes étaient tête nue. La cérémonie s'acheva dans le palais royal d'où il était parti, par un sermon sur le sujet.

APPENDIX II.
(Page 62.)

I.-M. DE BORDEAUX TO M. DE BRIENNE.

Londres, 25 Juin, 1654. MONSIEUR: J'ai laissé passer deux ordinaires sans me donner l'honneur de vous écrire, le premier pour n'avoir rien eu à mander que des remises, et le second pour avoir voulu attendre le retour de M. de Baas de chez Monsieur le Protecteur, qui l'avait envoyé chercher, prévoyant que s'était pour quelque chose d'extraordinaire. Il ne m'eut pas sitôt fait le rapport de sa conference que trois ministres du Conseil me vinrent trouver, et me tinrent jusques après l'heure du départ de la poste. J'ai depuis vu M. le Protecteur, et quoique je pusse remettre au sieur de Baas la relation de tout ce qui s'est passé, néanmoins crainte qu'il n'arrive pas assez tôt à la cour, je tâcherai de satisfaire l'impatience que sa Majesté pourrait avoir d'être informée des sujets de sa retraite. Il sera sans doute, Monsieur, venu à votre connaissance que depuis deux mois un nommé Naudain, médecin Français, avait été trouver M. de Baas et s'était offert de gagner quelques officiers de l'armée, même quelque place, et fomenter une division dans cet Etat, si la France voulait appuyer ce dessein, présupposant que nous ne devions pas rejeter des propositions si avantageuses, puisque ce régime était entièrement porté à preférer l'amitié de l'Espagne à celle de France. Quoique cette ouverture dans un temps auquel toutes nos instances pour l'accommodement ne produisaient aucun effet, néanmoins le dit sieur de Baas ne se voulet point engager, sur ce qu'il ne croyait pas, que la cour eût intention d'entrer dans de semblables entreprises, tant qu'elle verrait jour à l'accommodement. Le dit Naudin ne laisse pas de temps en temps de la revenir voir, croyant sans doute que Sa Majesté lui enverrait de nouveaux ordres. Ce commerce a continué, sans ma participation, jus

qu'au jour que le dit Naudin a été fait prisonnier. Il ne fut pas sitôt interrogé, que de plusieurs endroits l'on m'averti que nous étions soupçonnés d'avoir part à la conjuration. Même un de nos commissaires me le fit savoir, et désigna le dit sieur Baas, en me déchargeant de ce soupçon, que je considérai comme un prétexte dont l'on se voulait servir pour retarder notre négociation. Je ne laissai pas néanmoins de faire toutes diligences pour effacer cette défiance, principalement après avoir appris dudit sieur de Baas tout ce qui s'était passé, et le peu de fondement qu'elle avait. Elles n'empêchèrent pas que M. le Protecteur ne le mandât, il y a quinze jours, pour l'interroger, dont quelques uns de son Conseil le détournèrent, et quoique depuis ce soupçon parut étre dissipé, néanmoins, soit que, comme l'on m'assure, il ait été renouvelé par des lettres de France, ou que l'on fasse présentement moins de difficulté d'éclater, mon dit sieur le Protecteur le renvoya chercher lundi après diner, et en présence de sept de son Conseil, lui fit des reproches de ce qu'il avait trempé dans une conjuration contre sa personne et cet Etat, lui lut la déposition de Naudin, et le pressa d'y répondre. Ce coup n'ayant point été imprévu, nous avions jugé à propos de ne lui point refuser en particulier quelqu' éclaircissement; mais qu'il ne fallait se laisser traiter en criminel ou témoin, le dit sieur de Baas, ne croyant pas de pouvoir répondre sans jouer l'un ou l'autre personnage, se défendit sur ce qu'il ne devait rendre compte de ses actions qu'au roi, et néanmoins lui effrit pour sa satisfaction tout l'éclaircissement que la bienséance pouvait permettre. M. le Protecteur ne laissa pas de le presser, et le trouvant ferme dans la négative, se retira pour délibérer avec son Conseil, et aussitôt lui vint déclarer que, puisqu'il ne voulait point répondre, qu'il eut à se retirer aujourd'hui. Le dit sieur de Baas sortait de me rapporter ce procédé, lorsque deux de nos commissaires et le sieur Pickering, à dix heures du soir, me vinrent trouver de la part de son Altesse; ils me dirent qu'elle les avait envoyés de vers moi, et que, crainte de ne se pas bien expliquer, ils avaient mis par écrit leur ordre dont la substance était, qu'il y a six semaines qu'un gentilhomme d'honneur fut recherché d'entrer dans une entreprise contre la vie de son Altesse et la paix de cette République par une nommé Naudin, Français, qui promettait que le sieur de Baas, fort accrédité auprès de son Eminence, fournirait argent et toutes choses nécessaires pour l'execution de ce dessein; que depuis il lui avait souvent renouvelé les mêmes assurances, dont étant demeuré d'accord dans son audition et le dit sieur de Baas n'ayant voulu donner aucune satisfaction sur ce sujet à son Altesse, elle ne le croyait plus capable de traiter; et qu'afin, de me faire connaître que sa retraite ne porterait point de préjudice aux affaires, elle avait ordonné à mes commissaires de s'assembler et de dresser un traité à des conditions raisonnables et égales. Ils m'ajou

« 前へ次へ »