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suiure l'vnion avec celuy de Paris? On les appelle en présence de beaucoup de monde; on leur fait desgoiser ce qu'il a esté concerté qu'ils diroient; et on sort après auec des exclamations au peuple, comme s'il ne manquoit plus rien à son bonheur, et qu'il dust estre asseuré pleinement de l'heureux accomplissement de tout ce qu'il souhaitte.

l'ay apris bien loin de cela, que le Parlement de Diion a fait vne enqueste curieuse pour trouuer vn séditieux et le faire pendre, qui auoit affiché la nuit aux portes d'vne Église l'Arrest donné icy contre le Cardinal', et que toutes les Compagnies souueraines de Bourgogne ont enuoyé à Saint-Germain protester de leur obéyssance par leurs députez.

Le Parlement de Dauphiné a donné ordre aux siens de dire au Roy qu'il déteste la conduite de celuy de Paris et qu'il mourra pour son seruice, s'il est nécessaire.

Le Parlement de Bourdeaux auoit résolu d'enuoyer cachetée à la Reyne la Lettre de celuy de Paris' si elle luy eust esté présentée.

Il n'y a rien de si faux que l'Arrest imprimé et publié dans Paris comme donné par le Parlement de Bretagne contre le Cardinal'. On y deuoit plustost publier

C'est apparemment d'après cette pièce que Mailly raconte la même anecdote. En tout cas, il est certain qu'il se trompe quand il la met sur le compte du Courrier de la Cour, etc. [821].

2 Lettre de la cour de parlement de Paris envoyée aux parlemens, etc. [1936]. * Arrêt de la cour de parlement de Rennes en Bretagne contre le nommé Iules Mazarin, etc. [345], « Ce iour, dit le Journal du Parlement, sous la date du 7 février, les colporteurs ayant vendu par Paris vn arrêt du parlement de Bretagne contre le cardinal Mazarin, et ledit arrêt s'estant trouué faux, les exemplaires en furent saisis et déchirés, auec défense de les plus exposer. »

les deffences très-expresses qu'il a faites de leuer des gens de guerre dans la Prouince, autrement que sur les Commissions du Roy, qu'il a en mesme temps enuoyé asseurer de sa parfaite obéyssance. Cependant la plus véritable conséquence qu'on puisse tirer à mon aduis de cette supposition d'Arrest, aussi bien que de l'autre qu'on fait de faux députez des autres Parlemens, c'est qu'il faut que nos affaires soient bien désespérées puisqu'elles ne sont appuyées que sur de si foibles fondemens, et que nostre cause soit bien mauuaise puisqu'elle a besoin d'estre soustenue par tant de faussetez et d'artifices.

Le tumulte arriué à Aix pour vn soufflet donné au laquais d'vn Conseiller a esté aussitost appaisé qu'esmeu' et semble mesme n'estre arriué que pour vn plus prompt accommodement de l'affaire des deux Sémestres, afin de faire cesser non-seulement le désordre, mais toute occasion de brouillerie à l'aduenir. Cependant le Parlement a enuoyé vn courrier extraordinaire au Roy pour l'asseurer de son entière obéyssance.

Le Parlement de Thoulouze a fait dire et escrit au Roy qu'il maintiendroit tout le Languedoc dans vn plein calme et qu'il donneroit en cette occurrence des preuues d'vne fidélité inuiolable.

Il n'y a eu que a eu que Rouen seul que les cabales du Duc de Longueuille ont porté à nous imiter; mais quel secours pouuons-nous en attendre? Croirons-nous que Rouen seul puisse plus à trente lieues, pour forcer les quartiers du Roy, que Paris qui n'en est qu'à vne heure de che

1 Lettre d'vn conseiller au parlement de Prouence, etc. [1859]; Relation véritable de ce qui s'est fait et passé dans la ville d'Aix en Prouence, etc. [3202].

min et qui a dix fois autant d'habitans et de richesses? l'ay apris mesme que le Comte d'Harcourt est en cette Prouince là auec vn corps de caualerie capable de dissiper ou de battre tout ce qui voudroit s'assembler; et d'ailleurs on m'a assuré qu'il arriuoit de tous costez tant de troupes pour l'armée du Roy qu'on auoit dépesché sur leur marche pour les enuoyer autre part, comme y estant inutiles. Quel effort peut faire après cela le Duc de Longueuille? Cependant nous fondons toute nostre ressource sur cette chimère.

Le Duc de Bouillon nous promet aussi qu'il disposera de son frère et de son armée; mais on ne dit pas icy ce que i'ay trouué à Saint-Germain, que le Mareschal de Turenne a escrit au Roy et à la Reyne pour les assurer de sa fidélité, y adioustant mesme qu'il seroit inconsolable si on l'auoit creu capable d'adhérer au crime du Duc.

Pour conclusion, on ne nous amuse que de chimères et d'illusions; et nous sommes si peu aduisez que nous nous payons de cette monnoye et nous disposons mesme à souffrir les dernières extrémitez pour des gens qui, après auoir bien exténué nos corps et nos bourses, nous sacrifieront à la fin pour se sauuer, si nous n'auons la prudence de les préuenir. Tirons-nous de tant de misères par vne généreuse résolution: nostre Roy nous tend les bras et ne veut qu'vne bien petite marque de nostre amour pour donner des preuues solides du sien et venir rendre Paris heureux par ses bienfaits et par sa présence. Nous voyons qu'il prend plus de soin de nous tesmoigner sa tendresse à mesure que nos affaires prennent vn plus mauuais train. Il a eu mesme la bonté pour nous sauuer, de relascher beaucoup enuers ceux du Parlement, taschant encore vne fois de les réduire à leur

deuoir par la douceur et applanissant les chemins pour les y porter; tesmoin les Déclarations qu'il a enuoyées à eux et à nous'. Serons-nous si aueuglez que de résister encore à tant de grâces? et ne faut-il pas croire que nostre ruine est résolue dans le Ciel si nous résistons plus longtemps à la voix qui nous appelle?

le m'assure que plus des deux tiers d'entre vous ont horreur de nostre rebellion et des cruautez qu'on nous contraint d'exercer contre nous-mesmes. Qui est celuy qui se peut vanter d'auoir quelque chose de propre? Tout est à vous, Messieurs, qui nous tenez le pied sur la gorge et prenez nostre bien. Nous voilà enfin dans vos fers. Nous n'auons pu supporter des charges ordinaires establies depuis quinze ou vingt années; et nous souffrons auiourd'hy qu'on nous mette tous à la faim, que nos petits enfants courent le risque de mourir à la mammelle de leurs mères, ne trouuant plus que succer; et nous ne l'endurons pas seulement; nous l'approuuons; nous le louons, et croyons faire des merueilles. Prenons courage (mes chers compatriotes); obligeous le Parlement à obéyr au Roy et à sortir de Paris. Les gens de bien de la Compagnie béniront vne si douce violence qui les affranchira de la tyrannie des factieux qui les entraisnent dans leurs détestables résolutions.

le voy bien que vous estes de mon aduis, mais que personne n'ose encore s'en expliquer à son compagnon. Il y a quatre cens mil hommes dans cette pauure ville qui n'attendent que l'heure de voir quelque bon François qui ait la générosité de se déclarer le premier pour

se ioindre aussitost à lui.

1 Déclaration du roi, du 3 féurier 1649, par laquelle sont donnés six iours aux habitans de Paris pour rentrer dans leur deuoir [912].

Si vous ne iugez pas qu'il soit encore seur de s'assembler en public, pour concerter la chose, que chacun en confère auec ses amis en secret. Qui nous empesche après, allant à la garde ou dans l'occasion de quelque sortie, de prendre le chemin du Palais et de déclarer à nos nouueaux Maistres qu'il faut qu'eux et nous reconnoissions l'ancien et le légitime et qu'ils sortent de Paris.

Le Roy a eu la bonté de leur enuoyer donner pleine seureté, qu'il ne sera point touché à leurs personnes ny à leurs biens, sans excepter mesme d'vne si grande grâce les plus factieux et les plus criminels d'entr'eux. Persisteront-ils après cela à nous vouloir encore enseuelir dans leurs ruines? et s'ils le font, le souffrirons-nous? Courage donc (mes braues Concitoyens); et n'attendons pas les dernières extrémitez à prendre vne résolution qui sera alors nécessaire, mais sans mérite auprès du Roy parce qu'elle ne dépendra plus de nostre volonté et que nous y serons absolument contraints.

Taxes faites des maisons sises aux enuirons de Paris et ailleurs, en exécution de l'Arrest suiuant du Conseil [3753]'.

(11 février 1649.)

Le Roy voulant pouruoir à la subsistance et entretenement des troupes que sa Maiesté est obligée d'entre

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L'esprit du Cardinal Mazarin, tousiours porté au mal et à la hayne particulière qu'il a conceue iniustement contre le Parlement et la ville Capitale du Royaume, ne se contentant pas de l'oppression qu'il s'est efforcé de leur faire par la voye ouuerte des armes, a encore voulu se

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