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son père à vne dame de la maison des Vrsins pour tascher à tirer de cette alliance des héritiers qui fussent plus considérables leurs par parens; mais il en est arriué comme de l'accouplement des animaux de diuerses espèces qui n'engendrent point ou qui n'enfantent que des monstres. Toute cette ample succession et cette partie de la couronne du feu roy dont il s'est veu l'vn des principaux héritiers, ces deniers transportés par diuerses flottes en Italie, doiuent passer pour la plus grande partie après lui à Manzini, voyer et l'vn des moindres citadins de Rome, son beau frère duquel il esleuoit le fils à Paris dans vn éclat pareil à celui des enfans de France. Il auoit la chambre de Monsieur le Prince de Conty au collége de Clermont, sa chaire dans les classes; et rien ne faisoit la différence de ce prince phantastique à cet autre effectif sinon qu'il receuoit plus d'honneurs et qu'il estoit autrement suiuy, seruy et meublé..........

Plaintes dv Carnaval et de la foire SaintGermain, en vers burlesques [2794] *.

(19 février 1649.)

Vien-çà, ma petite belote;
Approche-toy, muse falote,
Chère Maistresse de Scaron,
Qui n'aimes pas l'air fanfaron
Dont se chantent les funérailles

Des Héros morts dans les batailles;

'Naudé donne à cette pièce le troisième rang parmi celles « dont on peut faire estime. >>

Et

quoy que nous nous préparions
A donner quelques horions
Sur les oreilles Polonoises,
Alemandes, Basques, Françoises,
Et celles généralement

Que condamne le Parlement,
le ne veux maintenant descrire
Que des choses qui feront rire,
Sur la feste du Carnaual
Troublée par vn Cardinal.

La veille de l'Epiphanie,
Où d'vne plaisante manie
Dont l'usage a fait vne loy,
Chacun veut crier : le Roy boy!
Lorsque tout le monde en gogaille
Ne songe qu'à faire ripaille,
Lorsqu'vn enfant est ordonné
Pour dire: Foebe Domine,
Départant à toute la troupe
Du pain qui fait vuider la coupe,
Et qui fait des Roys dans le vin,
Qui sont suiets le lendemain,
Payant auec la bonne chère
Leur monarchie imaginaire,

Carnaual, le Dieu des Ioueurs, Amoureux, Gourmands et Beuueurs, Et des amateurs de la dance,

Qui vient tousiours après la Pance, Pensoit chommer, comme autresfois, La gaillarde feste des Roys,

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D'orgies et de Saturnales.

Il sçauoit bien que parmy nous
On y voit tel nombre de fous
De tous sexes et de tous âges,
Qu'on n'y voit presque point de Sages,
Et qu'on ne consentiroit point
Qu'il perdist de son embonpoint;
Mais vn Cardinal, faux Apostre,
Le iour des Roys, fit que le nostre
Deuant le iour prit le chemin
De la Ville de Saint Germain.
Cette nouuelle inopinée,
Dans vne fameuse iournée,
Surprit le Noble et le Bourgeois
Et mesmes iusqu'au Villageois;
Sur tout le Parlement Auguste
Qui rien ne pense que de iuste,
Dans l'enlèuement de son Roy,
N'estant pas capable d'effroy,
En sentit pourtant quelqu'attainte;
Car la prudence est vne crainte,
Mais qui se tempère aisément
Par les règles du iugement.
Ce corps, tout composé de testes,
Auoit bien prévu les tempestes
Qui se formoient depuis six mois,
Auant cette veille des Roys,
Par les opinions sinistres

De ceux qu'on appelle ministres,
Dont le chef est le Cardinal,
Fort mal voulu du Carnaual.

Pour reuenir donc à mon conte,

Plein de colère et plein de honte,
Ce grand Dieu des Plats et des Pots
Débuta par ces beaux

propos :

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Quoy, dans Paris, la bonne Ville,
Où i'ay compté plus de cent mille
Qui n'aimoient rien que les Festins,
Qui dansoient comme des Lutins,
Qui se piquoient de Sérénades,
De Momons et de Mascarades,
Et qui chantoient tant de chansons
Dans la rue et dans les maisons;
Dans ce Paris où les délices
Se trouuent dans tous exercices,
Où les Drilles et les Filoux,
Le soir après qu'ils étoient soux
De vin, de tabac et de bierre,
L'vn deuant, l'autre derrière
Surprenoient le Bourgeois craintif
Qui se retiroit tout plaintif,

Que son manteau, l'honneur des Gaules,
Ne fust plus dessus ses épaules;
Dans Paris où les cabarets
Sont partout voisins de si prez;
Paris où l'on voit tant de Garces,

De bouffons, de ioueurs de farces,
Où l'on voyoit l'Oruiétan1
Faire si bien le Capitan,

Les deux Triuelins, les machines,
Et mille nouueautez badines;
Dans Paris où les fils gaillards,
En despit dés Pères vieillards,
Menoient la vie détestable
Qui fait sauter du lit à table
Couuerte de nape ou tapis,

Pour manger, ou pour faire pis;

'Charlatan fameux dont les pamphlétaires ont quelquefois emprunté le nom. Voyez le Dialogue de Iodelet et de l'Oruiétan, etc. [1080], et les Sanglots de l'Oruiétan, etc. [3584].

Car c'est pis quand les testes foles
Perdent des monceaux de Pistoles,
Quand trois dez sortant du cornet
Mettent tous leurs coffres à net;
Dans ce Paris nul ne s'appreste
A chommer dignement ma feste,
Et personne ne songe à moy
Depuis qu'on enleua le Roy.

Tout le monde est dans l'humeur sombre.

On voit des soudrilles sans nombre,

De

Qui furent iadis mes supposts;
Eux qui vuidoient si bien les pots,
Ils les remplissent de leurs testes,
peur
de certaines tempestes,
Qui grondent voirement dans l'air,
Mais qui se forment dans le fer,
Dans l'airain et autres matières,
Qui font bossus les cimetières.
Plusieurs voudroient continuer
Le plaisir qu'ils ont à iouer,
Et se chauffant aux corps-de-gardes,
Engageroient plustost leurs hardes ;
Mais tousiours quelque Qui va là?
D'où vient cecy? D'où vient cela?
Et quelque nouuelle impréuue
Partout à l'instant répandue
Leur fait perdre tout le plaisir
Qu'en paix ils prenoient à loisir.
L'vn iure que Monsieur le Prince
Mène le Roy dans sa Prouince;
Et l'autre dit qu'en peu de temps
Il entrera dans Orléans.
L'autre, que le Duc de Lorraine
Et le Mareschal de Turenne
Se sont desià mis en chemin

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