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Pour Paris ou pour Sainct-Germain;
Vn autre de meilleure grâce
Vient s'informer en quelle place
Il pourra trouuer à bon prix
Des pains qui ne soient pas petits,
Et dit qu'il a veu de charrettes
Plus de deux mille toutes prestes
Pour vn conuoy de Longiumeau,
D'Estampes ou de Palaiseau;
Vn autre parle des rauages
Que l'Ennemy fait aux passages,
Au Bourg la Reyne, à Meudon';
Mais ils plaignent tous Charenton',
Protestent qu'en cette occurrence
Paris manqua de diligence
Et qu'il eust bien pu secourir
Tant de gens qu'il laissa mourir,
Puisqu'il fust sorti de la ville
De Bourgeois plus de trente mille;
Mais vn autre qui est plus fin,

Dit qu'on n'a perdu qu'vn moulin,

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Harangue à la Reine par messieurs les curés des bourgs de Sceaux, etc. [1539]; le Départ des Allemands et des Polonois du château de Meudon [1003].

2 La prise de Charenton est du 8 février.

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Et qu'il ne craint point le trespas
Plus que le reste des soldats.
On entend iusqu'aux harangères,
De teste et de langue légères,
Qui disent: «< le sommes perdus ;
Commère, ie sommes vendus. >>
Mais laissons là la populace
Qui sans suiet crie et menace,
Et qui iaze indiscrètement
De la Cour et du Parlement,
En faisant tous les politiques
Dans la place et dans les boutiques.
Pestons contre cet Animal

Qu'on appelle le Cardinal.

Est-il possible qu'vn infame

Qui sert d'homme et seruit de femme,
Pratiquant en ses ieunes ans

L'Amour qui ne fait point d'enfans,
Cet homme qui fait des despences
En pommades et en essences

Plus

que n'en faisoient autresfois Pour leur maison force grands Roys, Que celuy qui monstre à la France Des ragousts de resiouyssance, Que le berlandier si fameux, Qui sans le ieu n'estoit qu'vn gueux, Cet homme qui tient à grand gloire Et croit estre bien dans l'histoire Pour auoir esté le Parrain

Du hoc appelé Mazarin,

Qui laissant périr nos armécs,

Par son auarice affamées,
Fit icy venir de si loin,
A force d'argent et de soin,
De ridicules personnages
Auec de lasciues images';
Quoy, ce Zany, ce Pantalon,
Ce Phorphante, ce Violon,

Ce Iongleur qu'on déguise en Prestre,
Qui ne veut et qui ne doit l'estre,
Viendra troubler mes passe-temps,
En France receus de tous temps,
Pour faire voir au lieu de Masques
Des Peaux de Renard et des Casques,
Et nous fera deuenir sourds

A force d'ouyr les tambours

Et les fifres et les trompettes
Qui rompent les plus dures testes!
Sera-t-il dit que ce vilain,

Pour estre dans vn Sainct Germain,
De l'autre ait empesché la Foire
Où i'auois mis toute ma gloire,
Où l'on voyoit tous les hyuers
Les raretez que I'vniuers
Produit dedans chaque contrée,
Où l'on rencontroit dès l'entrée

Des sauteurs, des faiseurs de tours,
Des hommes qui monstrent des ours,
Des Singes, des Marionnettes,
Et mille conteurs de sornettes;
Et lorsque l'on estoit dedans,
L'on y voyoit autant de gens
Que de sortes de marchandises,
De meubles et de friandises;

Le acteurs de la comédie italienne.

C'est là qu'on voyoit des tableaux
D'hommes, de bestes et d'oyseaux,
Et que l'on voyoit en nature
Ce que l'on voyoit en peinture,
Et ce qu'ailleurs on ne voit pas.
C'est là qu'on a veu de gros chats,
Enfermez dans de belles cages,
Oublier leurs humeurs sauuages.
C'est là qu'auec certains iettons
Qui valent souuent dix testons,
On iouoit vaisselle et monnoye,
L'vn estant triste, l'autre en ioye.
Ce détestable Cardinal,

Outre le festin et le bal,
Priue Paris de ses délices,
Luy qui n'aime rien que les vices;
Si c'estoit vn graue Caton,

N'eust-il pas de barbe au menton,
Mesmes s'il estoit vn peu sage,
S'il estoit scauant personnage,
le souffrirois sans murmurer
L'affront qu'il me fait endurer.
Mais n'estant qu'vn sot, vn pagnote,
N'ayant dans sa teste à calote
Que de la fumée et du vent,
le le trouue trop insolent.
Toutes fois, malgré sa malice,
Qui me rend vn mauvais office,
Dans mon extresme affliction
l'ay cette consolation

Que mon ennemy le Caresme
De luy sera traité de mesme,

Et qu'on ne l'obseruera pas
Non plus que moy dans les repas.
Ainsi se ioignant à la France

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Catéchisme des Partisans, ou Résolutions théologiques touchant l'imposition, leuée et emploi des finances, dressé par demandes et par réponses, pour plus grande facilité, par le R. P. D. P. D. S. J. [652]'.

(19 février 1649.)

Demande : QU'EST-CE que le Roy?

ie

Responce : Vous m'auriez fait plus de plaisir de me demander qu'est-ce que Dieu, puisqu'à l'imitation d'vn Ancien, après auoir pris du temps pour y respondre, serois quitte en auouant mon ignorance; car auiourd'huy la flaterie met la Royauté en vn tel point, l'Intérest, l'Ambition et l'Auarice s'en forment vne idée si estrange que, si Dieu venoit en terre, non plus dans la vie abiecte de Iésus Christ, mais dans l'esclat, la splendeur et la vertu d'vn de ses Séraphins, à peine trouueroit il place, non pas dans la maison du Roy, mais parmy les domestiques d'vn Fauory.

D. Ie ne m'informe point quel peut estre le sentiment de ceux qui n'ont point d'autre Dieu que leur intérest, ny d'autre Religion que la satisfaction de leurs sens. le

'L'auteur est le R. P. dom Pierre de Saint-Joseph, de l'ordre des Feuillants. Après la paix de Saint-Germain, on a donné de ce pamphlet une suite qui n'a ni le même sens, ni le même intérêt.

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