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mort du Mareschal d'Ancre, IL VOUS PLAISE faire remonstrance à la Royne sur les grands malheurs et désordres que ledit Mazarin a causez, et sur ceux qu'il causeroit à l'advenir s'il demeuroit plus longtemps dans cette domination illégitime et violente; Comme aussi de faire entendre et remonstrer aux Princes du Sang la captiuité où les premiers Ministres de l'Estat ont mis eux et tout le Royaume depuis si longtemps, les extrêmes dangers où ils les ont mis par plusieurs fois; leur remonstrer deuant les yeux les reproches que leur feront la postérité de s'estre laissé surprendre, et de ne souffrir plus qu'vn estranger mette en seruitude pour iamais le Roy et toute la Maison Royale. Partant que Sa Majesté et lesdits Princes, preuenant les dangers inéuitables qui en arriueront s'ils n'y pouruoyent promptement, veulent faire arrester ledit Mazarin sous bonne et seure garde, repéter de luy les finances du Roy qu'il a vollées, et le chastier exemplairement de tant de crimes énormes qu'il a commis. Et afin que la France et les Roys, Princes et peuples ne retombent plus à l'aduenir dans vne mesme seruitude, que les Princes veulent se donner la peine, comme enfants de la Maison, et leur intérest conioint auec ceux de l'Estat, et que ceux des François fauoris y sont tousiours contraires, de manier lesdites affaires par leurs propres mains, non plus par celles des fauoris qui les trahissent et les vendent, et de vouloir gouuerner eux mesmes par l'advis des Seigneurs et des personnes de qualité, d'expérience et de probité irréprochable, sans plus permettre l'entrée du Conseil à des gens de néant, corrompus et tels que ledit Mazarin y a introduits; afin qu'ayant exterminé tous les imposts et les ruines de la tyrannie passée, et remédié aux désordres

infinis qui en sont prouenus, ils puissent gouuerner la France sous les loix de Dieu et celles du Royaume, conclure vne paix aduantageuse, faire respirer les peuples qui n'en peuuent plus, et enfin rendre cet Estat si puissant et si heureux au dedans et au dehors qu'il ne craigne plus l'oppression des meschants Ministres, ny les efforts des ennemis, protestant les Estats et les autres bons François qui, Dieu mercy, sont encore en grand nombre, que, s'il n'y est pourueu promptement et comme il est nécessaire, ils y employeront, s'ils y sont contraints, tout leur bien et leur sang pour y remédier, et se seruiront de tous les moyens que la nature et le deuoir enseignent pour deffendre son Roy, son pays, sa liberté et sa vie.

Reqveste burlesque des partisans
au Parlement [3466] 1.

(1648.)

Vous remonstrent les partisans
De toutes espèces, DISANS :
Qu'ils ont appris à la mal heure
Que Maiesté, quoique mineure,
Sans réfléchir par elle assez
Dessus leurs seruices passés,
A créé chambre de Iustice
Pour que financiers on punisse;
Mais pourtant c'est vn à sçauoir
Si Régente auoit le pouuoir
De fulminer des bulles telles

1 Contre la Déclaration du 16 juillet 1648, portant établissement d'une chambre de justice.

A ses bons suiects si mortelles,
Car c'est en purs termes de droit
Tout ce que le maieur pourroit,
Ne tenant lieu que de tutrice
Et de simple administratrice
Qui ne peut rien sans nullité
Changer durant minorité1.
Or, ce faisant, la bonne Reyne
Sans doute le fonds aliène

Au Roy, nostre maistre, son fils,
Qu'on sçait estre au rang des pupils,
Et qui est dans son indigence
Secouru de nostre finance;

Si que sans nostre crédit prompt
L'Estat eust reçu maint affront.
Cependant nous donnant la chasse
Comme à quelque maudite race,
De nous outrager on permet;

Et

par tel édit on nous met,

Nous dont l'argent soustient la France,
Dans le danger de la potence.

Nos seigneurs, ce considéré,

Il vous plaise de vostre gré
Nous receuoir par ces présentes
Appellans de telles patentes
Tout comme d'abus bien constant,
Qu'aussy de iuge incompétent,
Mais d'incompétence notoire,
Ainsy qu'en auons bon mémoire;
Et de tel enregistrement
Comme fait précipitément,
Sans pièce vue, à la volée,

Sans parties ouyes ou appelées,

1 C'est une thèse

que les partisans des princes ont fortement soutenue

et longuement développée en 1651 et 1652.

Sur des défauts mal obtenus
Et dires de nouueaux venus
De peu d'aage et d'expérience
Dans les matières de finance
Qui ne peuuent encor sçauoir
Combien il fait bon en auoir
A titre de pensionnaire

Ou bien en quelqu'autre manière;
Tant y a que nous soustenons
Que nos moyens d'appel sont bons,
Et soit au fonds, soit en la forme
Y a vice en telle réforme :
En la forme, bas iusticiers
Ne sont iuges de financiers.
Or Parlement (c'est vostre grâce)
A seulement iustice basse ;
Et si chastier il nous faut,

Ce doibt estre chambre d'en haut.
Au fond, voler prince et patrie
N'est pas vn crime qu'on chastie;
On le souffre, pour faire court,
Aux Prouinces comme à la Cour;
Et loing de le punir en France,
Au contraire on le récompense.
Encor d'autres moyens auons
Que, bien conseillez, réseruons,
Puisque celuicy l'on dédaigne,
* Aux assises d'vn autre règne
Où connoistra postérité
Qu'en ce trop viste on a esté
Et qu'on fit Chambre de Iustice
Pour manger nouueau pain d'espice
Et non point pour aucuns subiects
Utiles à prince et subiects,
Ainsy comme chacun conte

Qui est pourtant vu grand méconte.
Donc sur nostre appel droit faisant,
Faut, Nos Seigneurs, dès à présent
Déclarer cette belle bulle

Vitieuse, abusiue et nulle
Pour les cas touchés cydessus
Et bien d'autres qui ne sont sceus;
Du moins nous donner surséances
Ou plustost de bonnes deffenses,
Faisant sur peine d'attentat
Demeurer choses en estat.

Que si, par vn coup qui nous outre,
Nonobstant l'appel, on passe outre,
Sans nullement y déférer,

Affin de nous désespérer,
Non plus que Requeste Ciuile,
De chicane dernier azyle,
Ou propositions d'erreur,
Voyes de droit et de douceur,
Du moins ayant esgard aux offres
Que faisons de vuider nos coffres
De la finance qu'auons pris,
Vertu de légions d'édits,

Plains de cire de mainte sorte

Mais non pas pourtant assez forte,
Ayant, pour durer longuement,
Besoin du sceau du Parlement,
Et de ces plumes souueraines
Qui rendent patentes certaines
Et sans quoy n'y a seureté
D'aduancer à sa Maiesté,
Donnez vne ordonnance prompte
Que parties viendront à compte.
Si deuons, voulons en ce cas
Payer comptant les reliquas;

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