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tre Patrie? Abandonnez vous le salut de vostre maistresse? N'oserez-vous pas hazarder vn conseil Éuangélique entre sa confession et sa communion? Elle en fait de si fréquentes. O Confessions! O Communions fréquentes! Que ne vous iustifiez vous par vous mesmes ? Et pour quoy donnez-vous tant d'auantages à la Théologie d'Arnault? Sainctes religieuses du Val de Grâce, on ne vous exhorte poinct de prétendre aux Martyres des Saincte Agnès et Saincte Catherine; faites seulement cet effort sur vous, de supplier la Reyne de pouruoir au Roy son fils d'vne bonne action. Qu'on sécularise le plus solitaire des Chartreux, le plus austère des Capucins pour habiter auec luy dans son Louure et pour l'informer en la crainte de Dieu, qui est le commencement de toute sapience; et que tous perfides Courtisans en soient pour iamais esloignez. Que si vous estes trop timides pour proposer ce conseil, et que les respects humains vous interdisent la parole, nous nous adressons à vous, Sérénissime Infante, qui régnez dans les Cieux par le titre de vostre persévérante vertu. Isabelle Claire Eugénie1, modèle parfait des saintes veuues et des sages Princesses, prenez soin d'Anne Marie Mauricette d'Autriche, vostre Niepce et nostre Reyne; impétrez luy la grâce de nous gouuerner sur le patron de vos bons exemples. Et puis que les Princes auec tant de libéralitez et de bienfaits ne peuuent que rarement trouuer dans leurs Cours des Conseillers fidèles et généreux, enuoyez de l'autre monde quelque intelligence lumineuse qui instruise cette Princesse de son deuoir, et qui la fasse fleschir sous la puis

1 Fille de Philippe II, roi d'Espagne, et d'Élisabeth de France, gouvernante des Pays-Bas. Elle était alors veuve d'Albert d'Autriche, fils de Maximilien II.

sante main de Dieu. Nous vous remettons librement et respectueusement ce poinct d'honneur et consentons très volontiers qu'elle tienne plustost cette grâce de vostre intercession et de la miséricorde de Dieu, que ny de la compassion de nos misères, ausquelles elle est endurcie, ny des remonstrances du Parlement qu'on luy fait mespriser, ny du secours de nos amis, ny de la résistance de nos armées.

La France parlant à Monsieur le Duc d'Orléans endormy [1435]'.

Avant la paix de Saint Germain.

GASTON, GASTON, resueille toy!
Entends mes cris; assiste moy

Contre ces trois Tyrans dont ie suis deschirée;
Ces trois Monstres cruels ont ma perte iurée.
Fay pour m'en garentir, de semblables efforts.

Ie dors.

Fils d'vn père si glorieux,

Qui par des conseils généreux

Me gouuerna, vingt ans, sans compagnon ny maistre!
Dois-ie pas espérer que tu feras paroistre

Des sentimens pareils à ceux qu'il eut pour lors?
Ie dors.

Sois touché des cris douloureux

De tant de peuples malheureux,

'On y a publié une réponse sous ce titre : Le Prince esueillé [2866], mais avec peu de succès.

Le pillage, le fer, le feu, la faim, la rage,
Changent tout en déserts. Souffre tu cet outrage?
Veux tu point arrester ces barbares efforts?
Ie dors.

Las! mon intérest est le tien.

Nous nous prestons esgal soustien.

Ta grandeur se perdra si l'on me peut destruire.
Désille vn peu tes yeux; soulage mon martyre;
Ou ie vay succomber sous de si grands efforts.
le dors.

Vn prince indigne de ce Rang1

Veut le fer et par

par

le sang

S'esleuer au sommet où son orgueil aspire.

Tout obstacle est fascheux à qui veut vn Empire. Il n'y sçauroit monter sans te mettre dehors.

le dors.

Ces raisons ne te touchent pas.

Quoy! s'il me réduit au trespas,

Que deuiendra ton nom, ta grandeur, ta puissance?
Il ne t'en restera qu'vne vaine apparence.
Tu seras son iouet; que deuiendras tu lors?
le dors.

Va, France, loin de moy gémir,
Luy dit GASTON; ie veux dormir.

le nasquis en dormant. I'y veux passer ma vie.
Iamais de m'esueiller il ne me prit enuie.

Toy, ma Femme et ma Fille, y perdez vos efforts Ie dors.

Le prince de Condé.

Le burlesque remerciment des Imprimeurs et Colporteurs aux'auteurs de ce temps [603].

Avant la paix de Saint Germain.

Filles du ciel, gentilles Muses
Qui n'estes laydes ni camuses,
Obligez tant vos Imprimeurs
Qu'ils puissent deuenir rimeurs;
Faites qu'ils aient pour vne heure
(Si c'est trop, pas tant n'y demeure)
Non les béquilles ni le nom
Du petit poëte Scarron,

Mais l'esprit et l'humeur crotesque
Auecques sa veine burlesque,
Pour dresser ce remerciment
Plus en François qu'en allemant.
Vous y estes quasi tenues; ekk
Car par nous vous estes connues;
Et si de vous n'auons secours,
A d'autres nous aurons recours.
I'inuoqueray Merlin Cocquaye
Et sa dame Oliue la guaye,
Afin qu'ils inspirent en nous
Quelque compliment qui soit doux,
Aussi chaussant qu'vn bas de laine
Et qui guérisse la migraine
De ceux à qui nous le dirons,
Et mesme à ceux qui le liront;
Car nos auteurs qui ne sont bestes,
Sont subiets à ces maux de testes.
C'est vn mestier de grand tracas

De composer tant de fracas,
De fadaises, de goguenettes

De bagatelles, de sornettes.

Il est vray qu'ils se vendent mieux
Que tous ces ouurages pieux
Qu'on imprime, la Quarantaine,
Dont l'on ne vend qu'vn par sepmaine.

Sans tous ces petits rogatons,

Sans les Condés et les Gastons,

Sans les pasquils et vaudeuilles
Sans les écrits des plus habiles,
Sans Riuière et sans Cardinal,
Nous allions bien souffrir du mal.
Sans le petit bossu en poche1
Nostre ruine estoit bien proche;
Et sans les riches curieux

Ma femme eust bien chié des yeux.
Les Libraires, la Librairie,
Les Imprimeurs, la Confrérie,
Les Relieurs et les Colporteurs
Eussent souffert de grands malheurs.
Enfin sans ces petits ouurages
Les demy ceints, les pucellages,
Les bagues et les beaux atours
Eussent fait eschauffer les fours.
Il eust fallu emprunter, vendre,
Mourir de faim ou s'aller pendre;
Mais grâce à tous ces bons esprits,
Nous ne sommes point là réduits.
Les sols, les deniers pesle-mesle
Tombent sur nous comme la gresle

Quand quelque chose de nouueau

Le prince de Conty, c'est-à-dire les pamphlets sur le prince de Conty; comme plus haut les pamphlets sur les Condés et sur les Gastons, sur La Rivière et sur le cardinal Mazarin.

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