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Et afin qu'on aye plus de facilité à faire cette iuste contrainte, voicy les adresses de quelques-vns :

Le feu sieur baron de Ranty, ne pouuant ayder, si ce n'est par ses prières, profitera beaucoup si on va chez luy s'enquester de ceux qui estoient de sa pieuse intelligence, tant dans cette ville que dans les Prouinces, pour le soulagement des pauures principalement honteux. Sa maison est en la paroisse Saint Paul, rue Beautreillis, proche l'Arsenal;

Monsieur l'Éuesque du Belley';

Le sieur Regnard, près les filles Saint Thomas, près le fauxbourg Montmartre;

Les sieurs de Chaumuel, le sieur abbé de Matha et autres aux Incurables;

Le sieur abbé Normand', près la porte Saint Michel; le sieur de Couttayes, vers la Pitié, ioignant l'Image Saint Louys;

Les sieurs Curez de Saint Germain l'Auxerrois, Saint Merry, Saint Nicolas du Chardonnet et autres zélez pour les pauures, entre lesquels ie ne nomme point leur chef, Monsieur le Coadiuteur de Paris, qui estendra aussi bien ses soins sur les pauures que sur le reste du public.

Le sieur Camus, Fauxbourg Saint Lacques, aux Carmélites, et ceux que feront cognoistre les charitables et nullement bigottes habitudes, comme en ont de certains à la mode qui d'vn costé adorent le Veau d'or de la Cour et ses diaboliques maximes, et de l'autre veulent couurir leur hypocrisie de quelqu'apparence de bien, ou pensent

' Jean-Pierre Camus, évêque de Belley. Il était alors retiré aux Incurables de Paris.

2 Maître de chambre du cardinal Mazarin. L'auteur de l'Enfer burlesque, etc. [1216] nomme l'abbé Le Normand qui parle avec science de la Prouidence.

s'absoudre de leurs brigandages par quelques aumosnes d'vn bien qui ne leur appartient pas, et, en laschant cinq sols, croyent pouuoir en retenir douze mille....

Il ne faut se soucier des grands honneurs et moyens, seulement de la pureté d'intention; et Dieu confond par la prière d'vn homme de bien et sa simplicité les conseils des prudens du siècle; ce qui me fait nommer ensuite le bon Pauure', le Coustellier' rue de la Coustellerie à la Rose Blanche, le Mercier3, Frère Michel vis à vis Saint Paul. Outre qu'entre ces personnages ci dessus désignez qui n'ont pas moins de iugement et de qualité que de piété, il s'en trouuera que la charité fera agir en le soupçon d'ambition leur feroit fuir.

ce que

Il faut demander pleine liberté d'escrire ou faire imprimer de bons aduis ou autres choses profitables au public, sauf à estre discutées ; et l'on verra en conséquence que l'Estat sera en asseurance; les incendies, les vols, les sacriléges et autres crimes et desseins énormes seront supprimez; vn ordre certain empeschera la confusion que l'incertitude d'vn mal aussi certain, si on n'y pouruoit, qu'est la mort naturelle, fortifie; les honnestes bourgeois riches ne seront appauuris; les médiocres ne seront réduits au néant ni les pauures au désespoir, comme les pernicieux conseils prétendent. N'est-ce pas

Lettre d'on bon pauure escrite à madame la Princesse douairière, etc. [1851].

* Jean Clément, coutelier. Il fut l'un des collaborateurs laïques de M. Ollier, curé de Saint-Sulpice, et du célèbre controversiste, le P. Véron, dans l'œuvre de la conversion des protestants. Voir la Harangue prononcée aux pieds du roi et de la reine.... par M. Clément, etc. [1608]. Un nommé Mittanour a publié, probablement en 1650, l'Apothéose ou le Mémorial de la vie partout célèbre miraculeuse du bienheureux maistre Iean Clément, etc. [136].

3

Beaumais, compagnon de Clément.

vne chose estrange que des athéismes, des mensonges exécrables, des flatteries et autres telles dangereuses pratiques peuuent estre ouuertement imprimez et qu'on n'ose parler d'vn bon aduis, de dire qu'en bien faisant et publiant des choses chrestiennes et profitables au public, on appréhende les Ministres de la Iustice qui, forcez par la vérité, auoient iustement condamné ce qu'ils ont par après indignement approuué, sauf l'honneur des bons, partie par vne pusillanimité honteuse, partie par vne correspondance criminelle deuant Dieu et deuant les hommes; leur iniuste acquiescement ayant remis ou plustost entretenu dans ces monstres impitoyables la fureur et la rage pour l'exercer plus audacieusement.

L'Adieu et le désespoir des autheurs et escri uains de la guerre ciuile, en vers burlesques

[45].

(Après la paix de Saint Germain.)

Hélas! puisque la paix est faite,
Il nous faut sonner la retraite?
Nous ne pouuons plus dans Paris
Faire rouller auec grands cris
Les pièces que nostre génie
Inuentoit pour la compagnie

De messieurs les colleporteurs,

Aussi bien que nous grands menteurs.

Nos libelles estoyent en prose,

Qui n'estoit pas trop bien esclose;

Car les périodes carrez

Ne s'y trouuent pas mesurez.

Quelquefois nos pièces crotesques
Estoyent faites en vers burlesques,
Et nos sérieuses aussi.

Après, nous prenions grand souci
De pouuoir trouuer des bons tiltres
Afin de n'estre point belistres,
Et de contenter les humeurs
De tant de diuers Imprimeurs,
Qui ne faisoient pas trop de conte
De nos cayers. Lorsque sans honte
Ils nous entendoient commancer
Le discours de nous aduancer
De l'argent pour boire chopine,
Ils nous faisoient fort froide mine;
Et après auec vn œil doux

Ils nous disoient : « Voilà cinq sous.
Sans doute vous aurez le reste,
Croyez-le, l'on vous en proteste,
Quand le papier sera vendu. »
Ayant leur propos entendu,
Nous disions sans arrogance

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Messieurs, nous aurons patience! Hélas! que nous serions contans, Et que nous passerions le temps, Si vous en vendiez quatre rames. Nous irions voir de ieunes femmes; Car nous en aurions quatre escus. En suite le gaillard Bacchus Nous mettroit en sa confrairie.

Nous irions à la Boucherie

Prendre des membres de Mouton;

Nous serions doux comme vn Caton;
Et nous passerions la semaine,
Où sans nous mettre trop en peine
De la paix et des bons accords,

Nous nous traitterions bien le corps!
Ha! que nous serions bien en presse
Pour auoir du pain de Gonnesse
Du ceruelat et du iambon. »
Ils respondoient : « Ce seroit bon.
Venez demain en diligence;
Vous aurez vostre récompence,
Après ils nous disoient adieu;
Ainsi nous sortions de leur lieu.
Le lendemain l'heure arriuée,
Que la pièce estoit acheuée,
Nous estions prests pour aller voir,
Comme c'estoit nostre deuoir,
Si la pièce s'estoit vendue.
Lors d'vne mine morfondue
Ils nous disoient, qu'en vérité
L'on n'en auoit pas achepté
Vne rame du tout entière,

Et qu'ainsi nous ne ganions guère;
Et

pour nous vn peu consoler, Ils commençoient à nous parler, Qu'ils croyoient mesme que les Pies Fissent comme nous des copies; Car plus de trente tous les iours, Toutes diuerses, auoyent cours. Mettant la main à la pochette,

Ils nous disoient : « le vous regrette. Vostre peine mérite plus. »

Après ces discours superflus,

Ils nous donnoient quelque monnoye
Pour nous mettre le cœur en ioye,
Nous promettant qu'à l'aduenir,
Afin de nous entretenir,

Ils nous donneroient dauantage.
Cela nous donnoit du courage.

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