la satisfaction de le voir représenté sous le nom de Palais ou de Piliers de Tutele, C'est ainsi qu'on l'appelloit vulgairement, à cause de sa magnificence égale à celle des Palais des Rois. C'étoit, sans doute, non un Palais, mais un Temple consacré à la Tutele, ou au Genie Tutelaire de la Ville et du Port de Bourdeaux, comme l'Inscription antique, que nous venons de rapporter plus haut, et qui y fut trouvée, le prouve invinciblement. Quoique tous les Dieux pussent être Dieux Tuteles, soit male, ou femelle, V. A. S. sçait cependant que chaque Nation ou Peuplade s'en choisissoit un particulier, qu'elle invoquoit comme son Génie, son Protecteur, et son Dieu Tutele. Chaque Vaisseau avoit aussi son Dieu Tutele particulier. Or c'est du Dieu Tutele de la Ville de Bourdeaux que je crois qu'on doit entendre l'Inscription: Tutela Aug. &c. qui y fut trouvée. C'est de Bourdeaux que je crois aussi qu'il faut entendre la Légende: Tutela Aug. qui est sur la Médaille de Carausius; et il est beaucoup plus à présumer, que la figure qui esr sur notre Médaille, peut être la même qui étoit adorée dans ce Temple ple de Bourdeaux, et que c'étoit-là Divinité Tutele de la Ville. En effet, Carausius étant Maître de Mer, comme il l'étoit, je ne fais aucu doute, qu'il ne se fut aussi emparé de Ville et du Port de Bourdeaux. Cet Ville, aussi-bien que Boulogne, lui éto de trop-grande importance pour la ne gliger. Son Port, qui étoit autrefois a milieu de la Ville, étoit aussi un des plu superbes, suivant ces Vers d'Ausone: Per mediumque Urbis Fontani fluminis a Quem Pater Oceanus refluo quum impleveris Adlabi totum spectabis classibus aquor. Carausius avoit en ces deux Villes deux clefs pour sortir et pour entrer dans les Gaules, suivant que ses affaires tourne roient, bien ou mal; dans l'expédition qu'il projettoit de la grande Bretagne. C'est de Bourdeaux et de ses Citoyens que je pense qu'il faut entendre en partie un Passage d'Eumenius, où il est dit que Carausius emmena avec lui, en la grande Bretagne, plusieurs Marchands des Gaules. Contractis ad Dilectum Mercatoribus Galli . Gallicanis;parce que cette Ville a toujours été en grand commerce, sur tout avec ces Insulaires. Enfin Bourdeaux est la Ville où je crois que notre Médaille a pû avoir été frappée, par les raisons que nous venons d'en raporter. Peut-être cette Ville, puissante comme elle étoit, et par Terre et par Mer, à l'exemple de Boulogne, fut-elle une des premieres à saisir cette occasion, pour secoiier le joug des deux autres Empereurs Romains. V. A. S. sçait qu'il n'y avoit pas long-temps que la Ville de Bourdeaux s'étoit soustraite à l'obéïssance de Gallien, et que du Gouverneur de la Province, dont elle étoit la Capitale, elle avoit fait un Empereur, nommé Tetricus, qui pric la Pourpre à Bourdeaux, où il faisoit sa résidence ordinaire. On voit encore à Bourdeaux, parmi les autres Antiquitez, les ruines d'un Amphithéatre, nommé vulgairement, le Palais de Gallien, qui pouvoit y avoir fait quelque séjour avant la révolte de Tétricus. Cela fait voir le rang distingué que tenoit autrefois cette Ville Maritime de la Province d'Aquitaine, ou de la Guienne, comme on l'appelle aujourd'hui. Cette Ville ancienne ne s'étoit pas seu lement lement renduë recommandable par son commerce dans les extrémitez des Mers, même du temps d'Auguste, comme Strabon, qui vivoit sous ce Prince, nous l'as sure. Elle s'est encore renduë celebre par le grand nombre de Sçavans qui y ont fleuri, comme on le peut voir dans les Vers d'Ausone. Mais ce n'est point icy le lieu d'en parler. Ce que j'ai dit, Monseigneur, en faveur de cette Ville, paroît suffire pour l'expli cation de notre Médaille de Carausius, avec la Légende, Tutela Aug. Légende inconnuë jusques icy dans les Médailles du bas Empire, et dont le Type n'est pas moins singulier, ni moins digne de l'attention des Antiquaires. Cc sont-là, Monseigneur, les conjectures que j'ai crû pouvoir hazarder, et que je soûmets entierement à votre décision. Je ne sçai si V. A. S. les trouvera assez solidement appuyées; mais elles serviront du moins à exciter la curiosité des Sçavans sur ce sujet, et elles seront un témoignage public de la Protection jose dire, de la Tutele particuliere, dont vous honorez les Sciences et les Gens de Lettres, ainsi que du profond respect et de la reconnoissance parfaite avec laquelle je serai toute ma vie, &c. A Paris, ce 15 Février 1732. EPITHALAME, A M. le Comte de Marigny-Pibrac, (a) sur le Mariage de Mademoiselle de Tyard - Bragny, sa petite-fille, et petitenièce de M. le Cardinal de Bissy, avec M. le Comte de la Magdelaine Ragny. U Njour, las d'écouter les plaintes et les vœux, Des Epoux asservis sous un joug rigoureux, Jupiter au Dieu d'Hymenée Reprocha vivement leur triste destinée. Oui, c'est vous, lui dit-il, qui causez leurs malheurs, Lorsque sans consulter leurs panchans, leurs humeurs, Vous osez à Plutus en faire un Sacrifice : Moi - même tous les jours, grace à votre ca price, J'éprouve des chagrins que j'ai peine à bannir, (a) M. de Pibrac, Chancelier de Marguerite de Valois, Reine de Navarre, Président et Conseiller au Conseil du Roy, connu par ses diverses Ambassades et par ses fameux Quatrains, est le BisAyeul de M. le Comte de Marigny-Pibrac. |