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pescheroit le siège et qu'il leur bailleroit bon secours et remède toutes foiz qu'il en seroit neccessité. Et oultre empescha plusieurs voyages entreprins contre le roy Henry. Et ainsi fut-il tirant et desloial à son prince et souverain seigneur et à la chose publique de ce royaume; et commist crime de lèse majesté en la deuxiesme manière dudit premier degré. A la confirmacion de ce fait muet une chose que je vous diray. Il est vérité que ou temps qu'on détenoit le roy Richard que le roy Henry tendoit à faire mourir, aucuns et plusieurs seigneurs d'Angleterre lui disoient qu'il y avoit trop grant péril pour la doubte des François. Ausquelz il respondi que de ce ne devoit faire aucune doubte, car il avoit ung si puissant ami en France auquel il estoit alié, c'estassavoir ledit duc d'Orléans, frère du roy de France, lequel ne souffreroit point, pour quelque chose que on actemptast encontre le roy Richard, que aucun assault en feust fait à l'encontre des Anglois. Et pour les en faire plus certains, fist lire les lectres desdictes aliances. Ainsi appert que le criminel duc d'Orléans a commis crime de lèsemajesté en plusieurs manières et espèces dudit premier degré. Ainsi fine le premier article de madicte mineur. Nonobstant qu'il y ait plusieurs autres crimes horribles en plusieurs manières et diverses espèces de crime de lèse-majesté en ce premier degré, commis et perpétrez par icellui criminel duc d'Orléans, lesquelz mondit seigneur le duc de Bourgongne a réservez à dire en temps et en lieu, toutes foiz que mestier sera.

Après, je viengs au second article de madicte mineur, ouquel je vueil monstrer comment le criminel duc d'Orléans a commis crime de lèse-majesté, non

point seulement ou premier degré, lequel degré est de faire offense à l'encontre du Roy et de son espouse. Car il est vérité que quatre ans a ou environ, que le Roy estoit encheu en sa maladie, ledit criminel duc d'Orléans qui ne cessoit de machiner par quelle manière il peust venir à sa dampnable intencion, pensant que s'il povoit tenir la Royne et ses enfans hors de ce royaume il vendroit de léger à son entencion, dist et fist scavoir à la Royne faulsement et contre vérité, que le Roy estoit merveilleusement meu et indigné à l'encontre d'elle, et pour ce il lui conseilloit que si cher qu'elle avoit elle et ses enfans, que, elle et sesdiz enfans, meist hors de la voye du Roy et en tel lieu qu'ilz feussent hors de sa puissance, tendant de les mener en la duchié de Luxembourg1 à fin que quant il les eust là tenus il en eust mieulx fait sa voulenté, et promectoit à ladicte Royne qu'il la tiendroit en ladicte duchié de Luxembourg bien et seurement, et sesdiz enfans aussi. En disant oultre, que se après la santé du Roy il veoit et appercevoit que le Roy ne feust plus meu contre elle, et qu'elle peust seurement retourner par devers le Roy, à quoy il promectoit de l'induire de tout son povoir, il l'iroit querre, elle et ses enfans, et la ramenroit audit Roy. Et ou cas que le Roy demourroit en son propos et ymaginacion contre elle, il la tenroit audit pays de Luxembourg selon son estat, qui que le voulsist veoir, feust le Roy, ne autre. Et afin de coulourer sadicte mauvaistié et entencion, faisoit entendant à ladicte Royne qu'il convenoit que la chose feust faicte cautement, subtillement et tellement que

1. Voy. la note 3 de la page 35.

ou chemin, elle, ne sesdiz enfans, ne peussent avoir empeschement aucun. Et pour ce faire et exécuter, avoit advisé que la Royne feindroit que elle et sesdiz enfans alassent à Saint-Fiacre en Brie, en pélèrinage, et d'ilec à Nostre-Dame de Liesse, et que de là il la conduiroit ou pays de Luxembourg, et que là lui bailleroit et feroit bailler l'estat d'elle et de ses enfans honnorablement comme il appartient, en actendant que la voulenté du Roy feust muée envers elle et ses dessusdiz enfans. Et de ce faire oppressa fort ladicte Royne et par plusieurs foiz, en récitant en effect les paroles telles que je les ay couchées, tendant à fin d'avoir ladicte Royne et sesdiz enfans pour en faire sa voulenté. Dont ilz furent en grant péril, et eussent esté encores plus, se n'eussent esté aucuns bienvueillans du Roy, de ladicte Royne et de sesdiz enfans, ausquelz ladicte Royne se conseilla, lesquelz lui dirent que c'estoit une décepcion et très grant péril. Pour laquelle chose ladicte Royne, bien advisée, mua son propos, apparcevant la faulse et dampnable intencion du dit feu criminel duc d'Orléans, et se détermina à demourer pardeçà et non aler audit voiage. Ainsi appert le deuxiesme article de madicte mineur, ouquel je monstre que ledit criminel duc d'Orléans a commis crime de lèse-majesté ou second degré.

Après je viens déclairer le troisiesme article de madicte mineur, c'estassavoir que ledit criminel duc d'Orléans a commis crime de lèse-majesté ou tiers degré. Et combien que ce appert assez par l'article devant déclairé, toutesfois je monstre qu'il a commis crime de lèse-majesté. Le premier, par venins, poisons et intoxicacions, le second, par fallaces et décepcions.

Et quant à la première manière, ledit criminel duc d'Orléans machina à faire manger à monseigneur le Daulphin, derrenier trespassé, une pomme empoisonnée et venimeuse, laquelle fut baillée à ung enfant et lui fut chargé qu'il la portast et donnast audit monseigneur le Daulphin et non à autre, comment qu'il feust. Si advint qu'en la portant il passa par les jardins de Saint Pol et là encontra la nourrice de l'un des enfans du duc d'Orléans, laquelle nourrice tenoit icellui filz entre ses bras. Et pour ce que ladicte pomme sembloit à ladicte nourrice belle et bonne, elle dist à l'enfant qui la portoit qu'il lui baillast pour la donner à son filz. Lequel respondi que non feroit et qu'il ne la bailleroit fors à monseigneur le Daulphin, et pour ce qu'il ne lui volt bailler de son gré, elle lui osta par force et la bailla à manger à son filz, dont il chey en maladie et mourut assez tost après. Si fais cy une question. Cest innocent est mort par la pomme empoisonnée, doit estre puny l'enfant qui le portoit, ou la nourrice qui lui bailla? Je respons que nennil, ne l'un, ne l'autre n'y ont coulpe. Mais la coulpe et la trahison en doit estre attribuée à ceulx qui la pomme empoisonnèrent et la firent porter.

La deuxiesme manière est par fallace et décepcion, c'estassavoir par donner faulx à entendre. Et combien que ceste manière appare par le cas dessus déclairé de la Royne et de ses enfans qu'il voulut mener à Luxembourg, toutesfoiz je vueil encores déclairer par ung autre cas. C'estassavoir qu'il est vérité que ledit criminel duc d'Orléans persévérant tousjours en sa mauvaise et dampnable entencion a esté et envoié plusieurs foiz par devers le pape tendant à fin de

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priver et débouter le Roy de son royaume et de sa dignité royale. Et pour parvenir à sa dampnable entencion controuva faulsement malicieusement et contre-vérité plusieurs cas et crimes contre la personne du Roy, redondans à sa noble généracion et lignée. Lesquelz il donna à entendre au Pape, en requérant qu'il voulsist déclairer le Roy et sa postérité inhabile à tenir telle dignité comme le royaume de France, et qu'il voulsist absouldre ledit criminel et les autres faulx du royaume qui à lui vouloient adhèrer, du serement de fidélité en quoy ilz estoient abstrains et obligez envers le Roy. Et qu'il voulsist déclairer le plus prouchain de sa postérité devoir venir et succéder à la couronne et seigneurie du royaume de France. Et pour mieulx conduire son fait et plus tost incliner le Pape à sa faulse, injuste et inique requeste, a tousjours favorisé le fait dudit Pape et soustenu en plusieurs et diverses manières. Pour quoy il appert, de la voye de cession et restitucion sur le fait des pécunes et de l'épistre de Thoulouse. Ainsi appert le tiers chapitre de madicte mineur déclairé. Nonobstant qu'il fist plusieurs autres crimes très grans et très horribles de lèse-majesté ou tiers degré, lesquelz mondit seigneur de Bourgongne a réservez pretz à déclairer en temps et en lieu toutesfoiz que besoing

sera.

Après je viengs à déclairer le quart et derrenier article de madicte mineur. C'estassavoir que ledit criminel feu duc d'Orléans a commis crime de lèse-majesté ou quart degré. Lequel degré est quant ladicte offense est directement contre le bien publique du royaume. Et combien que ce appert assez par le cas

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