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ung autre cinquante mille pour confire ladicte poison et les bailler, mais aucuns loiaulx lui refusèrent et aucuns lui accordèrent? Certainement c'est mençonge. Car ceulx qui eussent esté si loiaulx et qui eussent refusé la voulenté de mondit seigneur d'Orléans et les pécunes, en vérité par eulx eust esté révélé ledit péché, pour en ce mectre remède. Et pour ce qu'ilz n'en firent riens, s'ensuit bien que c'est faulse chose. En après, partic adverse allègue qu'en l'ostel de la royne Blanche, mondit seigneur d'Orléans gecta pouldre envenimée sur le plat du Roy. Que ce soit faulse chose, peut estre prouvé. Car en cellui disner nulle mencion ne fu faicte de ce fait. Aussi c'est chose clère que se ladicte Royne eust ce apperçeu en sa maison, elle l'eust révélé à ses parens et serviteurs du Roy, autrement elle n'eust point esté loyale. Tant qu'est de l'aumosnier de ladicte Royne qui, selon ce que dict partie adverse, se chey à terre comme mort, perdant ses ongles et cheveux, et de fait mouru, laquelle chose est faulse, car il vesqui depuis cinq ou six ans. Dont je puis dire vraiement audit proposant de partie adverse ce qui est escript ou vir chapitre de Jérémie : Ecce vos confiditis in sermonibus mendacii, sed non proderunt vobis. C'est à dire, vous vous fiez en paroles de mençonges, mais elles ne vous proufiteront pas. De rechef ledit proposant dist et proposa que monseigneur d'Orléans véant que point ne povoit pervenir à la mort du Roy par sorceries, ne par poisons, il trouva une autre manière de destruire le Roy par embrasement ou autrement. Et fist donques monseigneur d'Orléans certains jeux, esbatemens et personnages de hommes sauvages, vestus de toiles emplies d'estoupes,

de poix et autres choses, toutes embrasans; du nombre desquelz estoit le Roy. Et dit en oultre que monseigneur d'Orléans feignit que son habit estoit trop estroit afin qu'il feust excusé dudit esbatement. Et dit que ung serviteur advisa le Roy estre en péril par ledit jeu, et pour ce monseigneur d'Orléans lui dist moult de paroles injurieuses et laidengeuses, comme dit partie adverse. Et dit finablement que mondit seigneur d'Orléans bouta le feu en la cotte de l'un d'iceulx, dont le Roy fut en péril de mort, se Dieu et certaines dames n'y eussent remédié. Quant à ce, c'est très véritable chose que monseigneur d'Orléans ne trouva point lesdiz habitz, ne ces périlleux esbatemens, car adonc il estoit moult jeune, ne il n'eust lors sçeu trouver telles choses. Aussi monseigneur de Bourgongne trespassé et monseigneur de Berry, ont bien sceu, qui trouvèrent lesdiz jeux, et que ce ne fut point mondit seigneur d'Orléans. Car s'il l'eust fait faire, actendu la commocion faicte adonc, il n'eust point eschapé de mort ou de grant esclande, car pour lors il avoit petite puissance. Et combien que partie adverse die monseigneur d'Orléans non avoir esté vestu desdiz habitz, feignant que son habit estoit trop estroit, ce n'a aucune apparence de vérité, parce que monseigneur d'Orléans estoit le plus gresle de la compaignie. Et est vérité que monseigneur d'Orléans et sire Phelippe de Bar, devant le commencement dudit jeu, yssirent pour veoir la dame de Clermont, laquelle n'avoit point esté à Saint-Pol aux espousailles et nopces pour les quelles lesdiz jeux avoient esté trouvez. Lesquelz, quant ilz furent retournez, trouvèrent tous les habiz vestus, et ce fut la propre cause pour quoy monsei

gneur d'Orléans ne se vesti point desdiz vestemens. A ce qu'on dit que mondit seigneur d'Orléans volt embrâser le Roy nostre sire, c'est mençonge. Car mondit seigneur d'Orléans et Phelippe de Bar, cuidans vestir lesdiz habiz, et à nul mal pensans, dirent ensemble à Pierre de Navarre que on boutast le feu sur iceulx vestus desdiz habiz afin que iceulx ainsi embrasez courussent entre les dames pour icelles espoventer. Et encores est vivant Pierre de Navarre, qui bien de ce diroit au Roy la vérité. Toutesfoiz, supposé qu'en ce fait de jeunesse monseigneur d'Orléans eust mis le feu sur l'un des habiz d'iceulx, actendu qu'il avoit ordonné que le feu feust mis aussi bien sur l'un que sur l'autre, il n'est point à croire qu'il le feist à male intencion. Appert donques le dict de partie adverse estre mençonge. Mais je me conforte en ce que dit le prophète : Perdes omnes qui loquuntur mendacium. C'est à dire, tu Dieu, perdras tous ceulx qui parlent mençonges. Et ou xx chapitre des Proverbes est escript : Qui profert mendacia peribit. C'est à dire, que cellui qui profère mençonges périra.

Quant à ce que partie adverse veult dire que monseigneur d'Orléans ait fait aliances avec Henry de Lancastre, maintenant soy disant roy d'Angleterre, ou préjudice du Roy et de tout le royaume, et couloure son dict en ce que Richard, jadis roy d'Angleterre, dist au roy de France que les dessusdiz seigneurs de Milan et d'Orléans estoient toute la cause de sa maladie, ledit proposant a dit mauvaisement et contre vérité. Car, quant Henry de Lancastre vint en France, il fut reçeu honnorablement de nosdiz seigneurs comme

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leur parent, et fréquentoit avecques monseigneur d'Orléans et les autres du sang royal moult familièrement. Auquel, comme amy du Roy, il fist aliances avec monseigneur d'Orléans. Laquelle convenance ou aliance feut leue et publiée en la présence du Roy et de plusieurs seigneurs du sang royal et de son conseil. Et sembla la chose estre bonne, licite et honneste pour le bien du Roy et du royaume. Pour quoy il appert assez que monseigneur d'Orléans ne fist aucunes aliances contre le roy Richard entre eulx, comme avoient fait ledit roy Richard et le roy de France. En après monseigneur d'Orléans fut à Calais au roy Richard, duquel il fut reçeu bien honnorablement comme son très cher frère. De rechef après la mort dudit roy Richard, monseigneur d'Orléans eut et démonstra grant dueil et tristesse de sa mort, et pour ce se rendit ennemi de Henry de Lancastre par lectres de défiances' par lesquelles il arguoit icellui de crime de lèsemajesté perpétrée contre son seigneur le roy Richard, en offrant lui seul combatre contre ledit Henry, ou certain nombre, tant contre tant, ou puissance contre puissance, pour venger la mort dudit roy Richard. Et ces choses démonstrent assez que mondit seigneur d'Orléans aymoit fort le roy Richard, pour ce qu'il estoit alié au roy de France par le dessusdit mariage, et que nul amour il n'avoit vers ledit Henry de Lancastre pour ce qu'il avoit estendu sa main contre ledit roy Richard. Quant à ce que ledit proposant de partie adverse dit, que mondit seigneur d'Orléans estant avecques Pierre de La Lune, s'esforça d'obtenir bulles

1. On les a vues plus haut, p. 43.

audit Pierre de La Lune, ce n'est point vérité. Car adonc monseigneur d'Orléans procura et obtint certaines aliances entre ledit Pierre, adonc nommé Bénédict, et le roy de France, molt espéciales et notables, par lesquelles icellui Bénédict promectoit au Roy de Jui donner aide et garder l'estat de lui et de sa lignée, comme il appert par les bulles sur ce faictes. Il est donques moult à esmerveiller comment ung sage homme ose proposer ce qui tant évidemment est contraire à vérité. Quant à ce que partie adverse dit qu'il soustint ledit Pierre de La Lune, à ce j'ay respondu cy-dessus. Et avec ce, mondit seigneur d'Orléans trouva lui mesmes que lesdiz contendans de la papalité ne vouloient convenir prestement par procureurs à faire cession, et ce despleut plus à Pierre de La Lune. Appert donques évidemment que monseigneur d'Orléans est innocent au regard des cas proposez contre lui. O sire Roy! il te plaise donques conserver par justice son innocence, selon ce qui est escript ou XIII chapitre de Job: Justicia custodit innocentis viam. C'est à dire, justice garde la voie de l'innocent. Et est quant à la tierce accusacion de partie adverse.

La quarte accusacion de partie adverse şi est, que par l'espace de trois ans, mondit seigneur, par aucunes inductions fraudulentes, et par espoentemens qu'il fist à la Royne d'aucunes choses, il cuida, elle et ses enfans, mectre hors de ce royaume et mener à Luxembourg, afin qu'il peust ce royaume mieulx gouverner à sa voulenté. Quant à ceste accusacion faulse et perverse, monseigneur d'Orléans, en toutes choses, servit et honnoura la Royne, donnant aide à garder et

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