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ledit admiral et plusieurs autres desloèrent à descendre ilec. Néantmoins, ledit seigneur Du Chastel et plusieurs autres descendirent et prindrent port, pensant que les autres les suivissent, ce que point ne se fist. Et se alèrent très vaillamment combatre aux Anglois, qui en grant nombre s'estoient là assemblez, et tant dura la besongne qu'en la fin les Bretons et Normans y furent desconfis. Et y fut occis le dessusdit seigneur Du Chastel et ses deux frères, messire Jehan Martel, chevalier normant, et plusieurs autres. Et si en y eut environ cinquante de prisonniers', desquelz estoit le seigneur de Blaqueville, qui depuis eschapèrent par finance. Et l'admiral dessusdit, avecques ceulx qui demourèrent ou navire, se retraïrent en leur pays, tristes et dolens de leur perte.

CHAPITRE XV.

Comment le mareschal de France et le maistre des arbalestriers alèrent en Angleterre en l'aide du prince de Gales.

Environ ce temps, le mareschal de France et le maistre des arbalestriers, par le commandement du Roy et à ses despens, assemblèrent douze mille com

effectivement à ce port que les Bretons firent leur descente, seulement il faut mettre l'événement à l'année 1404, et non pas 1403. (Voy. Walsingham, Brev. hist., p. 412.)

1. Il semblerait, d'après Walsingham, que le nombre des prisonniers fut beaucoup plus grand. Il dit que les femmes anglaises elles-mêmes en firent, et que beaucoup de Français furent tués par les paysans anglais, faute d'entendre leur langue, et de pouvoir leur faire comprendre qu'ils voulaient se racheter. (Ibid.) 2. Environ ce temps. C'est une erreur. Ce n'est pas en 1403,

batans, si vindrent à Breth en Bretaigne pour secourir le prince de Gales' contre les Anglois. Si eurent six vings nefz à voile qu'ilz y trouvèrent, et pour le vent, qui leur fut contraire, demourèrent par quinze jours. Mais quant ilz eurent vent qui leur fut propice, si arrivèrent au port de Harfort' en Angleterre, lequel ilz prindrent tantost, en occiant les habitans excepté ceulx qui tournèrent en fuite; et gastèrent le pays d'entour. Puis vindrent au chastel de Harford, ou quel estoit le conte d'Arondel et plusieurs hommes d'armes et gens de guerre. Et quant ilz eurent ars la ville et les faulxbourgs dudit chastel, ilz se partirent de là, destruisant tout le pays devant eulx par feu et par espée. Puis alèrent à une ville nommée Tenebi, située à dix huit lieues près dudit chastel, et là, trouvèrent, lesdiz François, ledit prince de Gales à tout dix mille combatans qui là les actendoit. Adonc alèrent tous ensemble à Calemarchin3 à douze lieues près de Tenebi, et de là en entrant ou pays de Morgnie, alèrent à la Table ronde, c'est assavoir l'abbaye noble, puis prindrent leur chemin pour aler à Vincestre. Si ardirent les faulxbourgs et le pays environ, et trois lieues oultre encontrèrent le roy d'Angleterre qui

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mais bien en 1405 qu'il faut placer les événements racontés dans ce chapitre. (Voy. Walsingham, Brev. hist., p. 418.)

1. Owen Glendower, en révolte ouverte contre Henri de Lancastre, depuis l'an 1400.

2. Au port de Harfort. Il n'y a pas de port de mer de ce nomlà en Angleterre. Walsingham nous apprend que les Français débarquèrent à Milford, port du comté de Pembroke, au sud du pays de Galles.

3. Carmathen. (Wals., loc. cit.)

4. Ici Monstrelet confond tout, les faits et les dates. En effet

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venoit contre eulx à grant puissance; là se arrestèrent l'un contre l'autre et se mirent franchement en bataille, chascune d'icelles parties, sur une montaigne et y avoit une grande valée entre les deux ostz. Si convoitoient chascun d'eulx que sa partie adverse l'alast assaillir, ce que point ne fut fait. Et furent par huit journées en cest estat que chascun jour au matin se mectoient en bataille l'un contre l'autre et là se tenoient toute jour jusques au soir. Durant lequel temps y eut plusieurs escarmouches entreulx, èsquelles furent mors environ deux cens hommes des deux parties et plusieurs navrez. Entre lesquelz, de la partie de France furent mors trois chevaliers, c'est assavoir messire Patroullart de Troies', frère dudit mareschal de France, mons. de Mathelonne et mons. de La Ville'. En oultre, avec ce, les François et Galois furent fort traveillez de famine et autres mésaises. Car à grant peine povoient ilz recouvrer de vitaille, pour ce que les Anglois gardoient de près les passages. Finablement quant icelles deux puissances eurent esté l'une devant l'autre ainsi comme dit est, ledit roy d'Angleterre voiant que ses adversaires ne l'assauldroient pas, se retrahit le soir à Vincestre. Mais il fut poursuy par aucuns François et Galois lesquelz des

ce qui précède, qu'il rapporte à l'année 1403, appartient à l'année 1405. Ce qui suit, au contraire, appartient à l'année 1402. (Voy. Wals., Brev. hist., p. 407.)

1. Patroullars de Tries, dans l'édit. de 1572. C'est Patroullart de Trie, qu'il faut lire.

2. Le seigneur de Martelonne et le seigneur de La Valle, dans l'édit. de 1572, où Ducange propose, avec raison, de lire :

troussèrent dix huit charretes chargées de vivres et d'autres bagues. Si se retrahirent iceulx François et Galois ou païs de Gales. Et pendant que ce voiage se faisoit, le navire des François vaucroit sur la mer, et y avoit dedens aucun nombre de gens d'armes pour le garder. Lequel navire se tira vers Gales, à ung port qui leur avoit esté ordonné, et là les trouvèrent les François, c'est assavoir l'admiral de France et le maistre des arbalestriers, lesquelz avec leurs gens se mirent en mer et singlèrent tant qu'ilz arrivèrent sans fortune à Saint-Pol de Léon. Toutesfoiz quant ils furent descendus et qu'ilz eurent visité leurs gens, ils trouvèrent qu'ilz en avoient bien perdu soixante, desquelz les trois chevaliers dessusdiz estoient les principaulx. Et après se partirent de là et retournèrent en France, chascun en leurs propres lieux, réservé les deux officiers royaulx, qui alèrent à Paris devers le Roy et les autres princes de son sang, desquelz ils furent receuz à grant léesse.

CHAPITRE XVI.

Comment ung puissant Sarrasin 1, nommé le Grant Tamburlan, entra à puissance en la terre du roy Basach.

En cest an, ung grant seigneur et puissant des régions de Barbarie nommé le Grant Tamburlan', à tout deux cens mil combatans et vingt six éléphans, entra

1. Ung puissant sarrasin, sic dans 8345. Le ms. Suppl. fr. 93, et les imprimés donnent : mescréant.

2. C'est le Tartare Timour-Lenk, vulgairement Tamerlan.

en la terre de Turquie appartenant au roy Basach'. Lequel Basac estoit ung prince païen, moult puissantʼ, et ung des principaulx de ceulx qui avoient vaincu les chrestiens en la bataille de Hongrie3, où Jehan de Bourgongne, conte de Nevers, fut prins comme plus à plain est déclairé ès histoires de maistre Jehan Froissart. Lequel, quant il sceut que icellui Tamburlan estoit ainsi entré en sa terre à puissance et dégastoit tout par feu et par espée, fist soudainement ung très grant mandement par tous ses pays et tant que dedens quinze jours ensuivans assembla bien trois cens mille combatans et seulement dix éléphans. Lesquelz élé phans, tant d'une partie comme d'autre, portoient cuves sur leur dos en manière de chasteaulx où dedens avoient plusieurs hommes d'armes qui moult grevoient leurs adversaires. A tout laquelle compaignie ledit admiral Basach ala pour rencontrer ledit Tamburlan. Si le trouva devers Occident, emprès une montaigne nommée Appade, et estoit logié sur une haulte montaigne, et avoit destruit et ars plusieurs bonnes villes et grant partie du pays de Turquie. Et lorsqu'ils eurent la veue l'un de l'autre, ordonnèrent leurs batailles et finablement assemblèrent l'ung contre l'autre, mais à la fin le roy Basach et ceulx de sa partie furent mis à desconfiture et fut lui mesmes prison

1. Bajazet Ier.

2. Bajazet avait été surnommé Ilderim, ou l'Éclair, à cause de ses rapides conquêtes, au commencement de son règne.

3. En la bataille de Hongrie. C'est la bataille de Nicopoli, en Bulgarie, qui se donna le 28 septembre 1396. Les Hongrois avaient été battus une première fois par Bajazet, au même lieu, en 1394.

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