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NOTES

DU LIVRE PREMIER.

NOTE 1.

Ille ego qui quondam, etc., etc.

Jeune encore aux pasteurs j'offris mes premiers sons.

L'Énéide tout entière est une vaste arène ouverte aux disputes des commentateurs. Ils sont entrés en lice dès le début même du poëme; les uns contestent à Virgile les quatre premiers vers, prétendant qu'ils ont été ajoutés

par une main étrangère; d'autres soutiennent que ce commencement appartient au poète, et appuient leur assertion sur des raisons plausibles. Les traducteurs modernes se sont partagés entre les vieilles opinions, et ils ont de nouveau débattu la question sans l'éclaircir. Dans le doute, j'ai cru devoir ne pas rejeter ces vers, et j'ai été déterminé en cela par le sentiment de plusieurs critiques très profonds, tels que Donat et le vieux Scaliger, et notamment par celui de Servius, le plus savant de tous, qui écrivait au quatrième siècle, époque où les vraies traditions sur Virgile s'étaient probablement maintenues. Servius s'exprime clairement à ce sujet : Aliquos (versus) detractos invenimus ut in principio: nam ab armis non cæpit; sed sic:

L

Ille ego qui quondam gracili modulatus avena
Carmen, etc., etc.

J'aurais désiré, je l'avoue, que ces vers ne fussent pas de Virgile, car j'ai éprouvé une incroyable difficulté à les traduire; c'est après les avoir remaniés de vingt manières, que je suis arrivé à cette dernière version, que je trouve encore bien imparfaite.

Je ne suis pas dans l'habitude de ramasser les rognures de mes compositions, et encore moins d'en faire part au public. Je veux cependant une seule fois le mettre dans ces confidences, et lui communiquer ma variante sur ces quatre

premiers vers; il jugera si mon inspiration primitive était

préférable :

Moi qui fis résonner le rustique hautbois,

Qui pour les champs voisins, depuis, quittant les bois,

Des sillons paresseux fécondai les entrailles ;

Aujourd'hui, plus hardi, je chante les batailles
Et ce héros pieux, etc., etc.

Il paraît, du reste, qu'à défaut de ces quatre premiers vers, le second début : Arma virumque cano, etc., etc., a singulièrement tracassé les traducteurs. Si l'on en croit Marolles, le cardinal Duperron, qui a traduit quelques livres de Virgile, avouait lui-même qu'il avait passé une année entière sur le premier vers. Il faut convenir qu'il travaillait en conscience; et il n'est pas surprenant qu'il n'ait pas achevé ce grand ouvrage. Voici donc ce vers qu'il enfanta si laborieusement:

Je chante les combats et ce valeureux prince,

et il continue ainsi :

Qui par destin errant de province en province,

Le premier d'Ilion en nos ports descendit,

Et des champs phrygiens aux latins se rendit, etc.

Ceux-ci ne lui ont pas coûté sans doute un aussi long

temps, mais ils sont vraiment dignes du premier; aussi Ma

rolles appelle-t-il cet auteur le grand cardinal Duperron.

NOTE 2.

Là reposait son char......

Virgile dit:

Hic illius arma,

Hic currus fuit......

Je crois qu'on traduirait mal arma par les armes, quoique quelques-uns en donnent à Junon; il est vrai encore, que dans le second livre elle se montre armée, ferro accincta; mais ce n'est qu'accidentellement. Virgile veut probablement exprimer par là les attributs de cette déesse : telle est du moins mon opinion; et M. Pichot, mon ancien condisciple, que je consultai sur ce passage, me fit observer sur-le-champ que Dryden, qui certainement entendait bien Virgile, s'était contenté comme moi de traduire : Hic currus fuit.

NOTE 3.

Spumas salis ære ruebant.

Et les rostres d'airain tranchaient l'onde docile.

J'ai cru bien faire en restituant au mot rostres l'expression de son étymologie. Les rostres ou becs des vaisseaux formaient chez les anciens la partie la plus prolongée de la proue; ils étaient communément revêtus d'airain. Depuis que ces trophées maritimes furent suspendus à la tribune aux harangues, cette place même, affectée aux orateurs, prit le nom de Rostres. Il me semble, au surplus, que le son rauque des deux r, heurtées l'une contre l'autre dans ære ruebant, se retrouve assez heureusement dans les rostres d'airain.

NOTE 4.

Eolus hæc contra: Tuus, o regina, quid optes, Explorare labor.

Ordonne, dit Eole.

Une question de style s'élève naturellement ici. Quand le discours ne s'adresse qu'à un seul, devons-nous, à l'exemple des Latins, employer constamment au singulier

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