6 Immolait à Neptune un taureau solennel ' ; Tout à coup, ô terreur! voilà que deux reptiles Le reste de leur corps se recourbe en nageant, Droit vers Laocoon que leur rage désigne, S'avancent, et d'abord, collés à ses enfans, Les enlacent tous deux de leurs noeuds étouffans, Et plongent dans leur chair des gueules affamées; L'un et l'autre ont serré leurs croupes arrondies, [V. 224. Taurus, et incertam excussit cervice securim. Tum vero tremefacta novus per pectora cunctis Dividimus muros, et moenia pandimus urbis. Intendunt. Scandit fatalis machina muros, Et lèvent sur son front leurs deux têtes raidies. Lui, les bandeaux souillés de sang et de poison,, Et se tord de douleur dans ces longues spirales Alors, dans tous les cœurs l'épouvante se glisse; Il faut fléchir Pallas et prier autour d'elle, Il faut à son offrande ouvrir la citadelle. On coupe donc les murs, on abat le rempart : A son cou gigantesque un long câble se noue, Feta armis pueri circum innuptæque puellæ Sacra canunt, funemque manu contingere gaudent. Illa subit, mediæque minans illabitur urbi. O patria! o divum domus Ilium! et inclyta bello Et monstrum infelix sacrata sistimus arce. Vertitur interea coelum, et ruit oceano nox, Et, portant une armée entre ses flancs obscurs, La fatale machine escalade les murs. Nos vierges, nos enfans, chantent des hymnes saintes; Heureux qui du cordage a reçu les empreintes! Il entre, il entre enfin le colosse odieux. O Troie, ô ma patrie, ô demeure des Dieux! Cependant le ciel tourne, et s'élançant des eaux, 8 La nuit ensevelit dans ses vastes réseaux Et la terre et le pôle et la fraude ennemie. |