L'or, l'ivoire poli que sa faveur nous donne, De lourds lingots d'argent, des vases de Dodone. La solide cuirasse aux triples mailles d'or, Mais tandis qu'épiant des yeux le ciel et l'onde, Qu'llion vit deux fois survivre à sa ruine, « La voilà devant vous cette terre latine; << Mais pour toucher le point que vous marque le sort, << Il vous faudra long-temps en cotoyer le bord. << Heureux père d'un fils si pieux et si tendre! << Partez; mes vains discours vous ont fait trop attendre; « Je me tais, le vent souffle et presse mes adieux. » Andromaque à son tour, la douleur dans les yeux, Textilibusque onerat donis, ac talia fatur: Accipe et hæc, manuum tibi quæ monumenta mearum Sic oculos, sic ille manus, sic ora ferebat; Hos ego digrediens lacrymis affabar obortis Vobis parta quies; nullum maris æquor arandum; Arva neque Quærenda: effigiem Xanthi, Trojamque, videtis, Des vêtemens brodés d'or, de pourpre et de soie, Accepte ces présens, ouvrage de mes mains, Dit-elle, cher enfant! garde-les comme preuve, « Comme gage d'amour d'Andromaque la veuve. Reçois ces derniers dons de ta famille en deuil, << O toi, portrait vivant de mon fils au cercueil! «< Tel était son regard, son geste, son visage, « Et s'il vivait encor tel fleurirait son âge.» << Oh! leur dis-je en partant, de larmes oppressé, << Vivez heureux, ô vous dont le sort est fixé "! « Pendant que nous cherchons notre errante fortune, « Vous ignorez ici les hasards de Neptune, << Et ne poursuivez pas, en consumant vos jours, « Les champs du Latium qui reculent toujours. « Pour vous le Xanthe encor coule sur ce rivage, « Et d'Ilion détruit vos mains ont fait l'image; << Sous de meilleurs destins puissent-ils refleurir, « Et du courroux des Grecs avoir moins à souffrir! << Oh! si j'aborde un jour sur la terre latine, Si je bâtis ces murs que le sort me destine, Atque idem casus, unam faciemus utramque Trojam animis: maneat nostros ea cura nepotes. Unde iter Italiam, cursusque brevissimus undis. Necdum orbem medium nox horis acta subibat : Explorat ventos, atque auribus aera captat : Sidera cuncta notat tacito labentia cœlo, Arcturum, pluviasque Hyadas, geminosque Triones, Armatumque auro circumspicit Oriona. Postquam cuncta videt cœlo constare sereno, « Les fils de Dardanus, les compagnons d'Hector, Quelque temps séparés, se confondront encor, <«< Et par un nouveau noeud l'Épire et l'Hespérie << Ne feront qu'une Troie, une seule patrie. « Puisse le même esprit vivre chez nos neveux! A ces mots nous partons escortés de leurs voeux; Des monts Cérauniens nous cotoyous la chaîne; La terre d'Italie est par là plus prochaine. Cependant le jour fuit, l'ombre noircit les monts; La terre nous présente un sein que nous aimons; Nos agiles vaisseaux s'élancent au rivage; Aux vigilans rameurs on assigne l'ouvrage, Et nous, le corps lassé par les vents et les flots, Sur le lit sablonneux nous cherchons le repos. Mais avant que la nuit conduite par les heures - Interroge les airs et recueille le vent; Au front calme du ciel il poursuit dans leurs courses Les astres voyageurs, l'Hyade, les deux Ourses, L'Arcture, l'Orion avec ses armes d'or; |