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« Je vous !... Mais hâtons-nous de calmer ces orages ;

« Je garde une autre peine à de nouveaux outrages:

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Fuyez, et rapportez ces mots à votre roi :

<< Le souverain des mers, ce n'est pas lui, c'est mɔi :

« Le terrible trident mon bras seul le gouverne : << Son

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royaume, sa cour, sont dans votre caverne; Qu'il se borne à régir cette étroite prison

« Et ne fatigue plus mon tranquille horizon. >>

Il dit, et sa parole est à peine achevée
Qu'il impose le calme à la mer soulevée,
Ramène le soleil sur les cieux rembrunis:
Triton, Cymothoé, de leurs bras réunis,
Arrachent les vaisseaux au roc qui les enchaîne:
D'un coup de son trident lui-même ouvre l'arène,
Rend à leurs flancs captifs les espaces ouverts,
Et rase avec son char la surface des mers.
Ainsi, quand se révolte une puissante ville,
Quand frémit de courroux la populace vile,
Quand déjà le délire aux transports inhumains,
De torches, de cailloux, arme au hasard les mains;
Si, parmi cette foule, un homme à face austère,

Prospiciens genitor, coloque invectus aperto,
Flectit equos, curruque volans dat lora secundo.

Defessi Eneadæ, quæ proxima, littora cursu
Contendunt petere, et Libyæ vertuntur ad oras.
Est in secessu longo locus; insula portum
Efficit objectu laterum, quibus omnis ab alto
Frangitur inque sinus scindit sese unda reductos.
Hinc atque hinc vastæ rupes geminique minantur
In coelum scopuli, quorum sub vertice late
Æquora tuta silent; tum silvis scena coruscis
Desuper, horrentique atrum nemus imminet umbra.
Fronte sub adversa scopulis pendentibus antrum;
Intus aquæ dulces, vivoque sedilia saxo,
Nympharum domus : hic fessas non vincula naves
Ulla tenent, unco non alligat anchora morsu.
Huc septem Æneas collectis navibus omni

Un homme pur de mœurs, grave de caractère,
Se montre; cet aspect les glace et les confond,
Sa voix impose à tous un silence profond,
Et dans leurs seins grondans la colère se brise.
Telle devant le dieu tomba l'onde soumise,
Dès qu'il leva la tête et que son char marin
Prit un rapide élan sous l'horizon serein.

Les Troyens épuisés fendent la plaine humide,
Et la vague les pousse au rivage numide.

Là, dans le fond d'un golfe, une île couvre un port; En vain la haute mer s'y jette avec transport,

L'île reçoit le choc des vagues qu'elle arrête;

Des rochers aux deux bords dressent leur sombre crête,
Et deux écueils jumeaux qui menacent les cieux
Protégent cette rade aux flots silencieux.

Une épaisse forêt, versant au loin son ombre,
Forme autour de la côte une couronne sombre :
En face, des rochers suspendent leurs berceaux
Sur des siéges de mousse et de limpides eaux :
Les nymphes ont choisi cette retraite sûre
Où l'ancre n'a jamais imprimé sa morsure.

Ex numero subit; ac, magno telluris amore
Egressi, optata potiuntur Troes arena,
Et sale tabentes artus in littore ponunt.
Ac primum silici scintillam excudit Achates,
Suscepitque ignem foliis, atque arida circum
Nutrimenta dedit, rapuitque in fomite flammam.
Tum cererem corruptam undis cerealiaque arına
Expediunt fessi rerum; frugesque receptas
Et torrere parant flammis, et frangere saxo.

Æneas scopulum interea conscendit, et omnem
Prospectum late pelago petit; Anthea si quem
Jactatum vento videat, Phrygiasque biremes,
Aut Capyn, aut celsis in puppibus arma Caïci.
Navem in conspectu nullam, tres littore cervos
Prospicit errantes; hos tota armenta sequuntur
A tergo, et longum per valles pascitur agmen.
Constitit hic, arcumque manu celeresque sagittas
Corripuit, fidus
quæ tela gerebat Achates;

Ductoresque ipsos primum, capita alta ferentes
Cornibus arboreis, sternit; tum vulgus et omnem
Miscet agens telis nemora inter frondea turbam.

Là, de tous les vaisseaux que l'orage a surpris,
Enée en conduit sept, infortunés débris;
Et, sur la terre-ferme, ardemment appelée,

S'élancent les Troyens, ruisselant d'eau salée.
Achate, le premier, à coups précipités,

Fait scintiller le feu de deux cailloux heurtés;
De feuilles, d'arbres morts la flamme s'alimente;
Alors ses compagnons, lassés par la tourmente,
Retirent des vaisseaux et sèchent au foyer

Le grain trempé des flots, qu'on s'apprête à broyer.

Mais le héros, debout sur une roche ardue,
Explore les débris de sa flotte perdue,

La poupe de Capys, d'Anthée, et le vaisseau
Où Caïque élevait ses armes en faisceau.
Hélas! rien..... Seulement au vallon du rivage
Paissent trois cerfs, suivis d'un long troupeau sauvage;

Il les voit, saisit l'arc et les rapides traits

Que dans sa main fidèle Achate a toujours prêts;
Et d'abord, il atteint de leurs pointes fatales
Les trois cerfs exhaussant leurs cornes végétales;
Puis, sous les bois touffus il poursuit son butin,
Et de sept qu'il abat forme un égal festin

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