<< Pèse sur les Troyens et sur mon fils Énée; Quoi! pour les repousser des rivages latins « Le monde entier se ferme à leurs pas incertains! << Est-ce donc là le prix de tant de funérailles? « Vous m'aviez dit que Troie aux fécondes entrailles « Ce rêve d'avenir pouvait seul me distraire : « Vos sermens, où sont-ils? toujours le même sort << Poursuit mon peuple... Où donc nous marquez-vous le port? « Anténor, quand des Grecs il trompa la furie, << A bien pu pénétrer au fond de l'Illyrie, « Chez les Liburniens, et dépasser les monts « D'où, par neuf larges bras précipitant ses bonds, « Le Timave à la mer roule à grand bruit son onde; << Il a bâti Padoue; et dans ce coin du monde, << Chez des peuples nouveaux qu'il a nommés Troyens, « Pergame a retrouvé remparts et citoyens; <«< Rien ne trouble aujourd'hui la douce paix qu'il goûte « Et nous, nous réservés à la céleste voûte, « Nous vos enfans, hélas! nous pleurons nos vaisseaux Olli subridens hominum sator atque deorum, Magnanimum Æneam; neque me sententia vertit. « Qu'une seule ennemie a perdus sous les eaux; << Pour l'Italie en vain notre Ilion soupire : .. << Voilà donc nos honneurs! voilà donc notre empire!» Alors lui souriant de ce front gracieux 6 D'un baiser paternel humecta Cythérée : « Sache donc que, la guerre une fois accomplie, Qu'il fondera des murs où régneront ses lois, Que l'hiver à l'été succédera trois fois << Pendant que sous son joug il tiendra le Rutule; « Que sous le nom d'Ilus Ilion a connu, Hic jam ter centum totos regnabitur annos Romulus excipiet gentem, et Mavortia condet His ego nec metas rerum nec tempora pono: Imperium sine fine dedi. Quin aspera Juno, Quæ mare nunc terrasque metu coelumque fatigat, Jura dabunt: diræ ferro et compagibus arctis <«< Et de Lavinium, après de longues peines, Transportera l'empire aux murailles albaines. <«< Là, trois cents ans ses fils domineront encor; << Jusqu'à ce qu'Ilia, fille du sang d'Hector, « La prêtresse Ilia, d'une couche prospère, << Mette au jour deux enfans dont Mars sera le père; << Sous une fauve louve étendu sans effroi, 10. « Nourri de sa mamelle, un d'eux deviendra roi 1o; « C'est lui qui fondera les murs de Mars, et comme « Son nom est Romulus, il les nommera Rome; « Rome! à qui je promets des siècles éternels. «< Junon même, adoptant mes desseins paternels, << Lasse de fatiguer le ciel, la terre et l'onde, << Étendra sa faveur sur les maîtres du monde. « Ainsi je l'ai voulu : dans les temps qui viendront «< Luira ce jour promis, où, vengeant leur affront, « Les fils d'Assaracus opprimeront de chaînes << Leurs antiques vainqueurs d'Argos et de Mycènes, << Et traîneront la Grèce aux pompes de leur char. « Enfin, du sang troyen naîtra Jules César; <«< Jules, sorti d'Iule, éclatante origine! << Ses exploits monteront à la voûte divine, |