Chasseresse, elle accourt: sa robe aux plis mouvans, « Jeunes guerriers, dit-elle, en cette plaine aride << O vierge! mais faut-il vous appeler ainsi? << Non, j'en crois votre voix et vos yeux; ô déesse! << Sœur d'Apollon peut-être, ou nymphe chasseresse, << Salut! Épargnez-nous d'inutiles travaux; << Dites-nous sur quels bords et sous quels cieux nouveaux « Nous errons, incertains, et sauvés des abîmes; << Vos autels fumeront sous le sang des victimes. >> dû: « A moi, répond Vénus, tant d'honneur n'est pas Germanum fugiens: longa est injuria, longæ Ambages; sed summa sequar fastigia rerum. Huic conjux Sychæus erat, ditissimus agri Phoenicum, et magno miseræ dilectus amore: Cui pater intactam dederat, primisque jugarat Ominibus. Sed regna Tyri germanus habebat Pygmalion, scelere ante alios immanior omnes. Quos inter medius venit furor: ille Sychæum Impius ante aras, atque auri cæcus amore, Clam ferro incautum superat, securus amorum Germanæ; factumque diu celavit; et ægram, Multa malus simulans, vana spe lusit amantem. Ipsa sed in somnis inhumati venit imago Conjugis, ora modis attollens pallida miris: Crudeles aras trajectaque pectora ferro Nudavit, cæcumque domus scelus omne retexit. Tum celerare fugam patriaque excedere suadet : Auxiliumque viæ veteres tellure recludit Thesauros, ignotum argenti pondus et auri. Didon est ici reine; aux fureurs de son frère « Sur ces bords étrangers elle vint se soustraire: « C'est une sombre histoire, un long tissu de deuil, << Mais je vais l'effleurer d'un rapide coup d'œil. << L'hymen la donna vierge à l'opulent Sychée << Son frère alors de Tyr gouvernait le domaine, << Pygmalion, l'effroi de la nature humaine. (( "La haine s'alluma dans les coeurs fraternels: (( Sychée, un jour, priait aux pieds des saints autels, Quand, bravant d'une sœur la fureur légitime, « Le traître, affamé d'or, égorgea sa victime; Mais, par un feint espoir, par d'hypocrites pleurs, «<Long-temps de cette épouse il trompa les douleurs ; ་་ Long-temps de son forfait il déroba la preuve : Voilà que dans un songe apparut à sa veuve « Le cadavre sanglant de cet époux aimé, <«< Elevant son front pâle encor non inhumé: « Il lui découvre alors sa blessure livide, His commota, fugam Dido sociosque parabat. O dea, si prima repetens ab origine pergam, « Lui révèle l'autel, témoin du fratricide, « Et ce crime inconnu qui souille son palais : Enfin, il lui prescrit de partir sans délais; <«< Et, pour aider sa fuite, indique le mystère « D'un pesant amas d'or enfoui sous la terre. « Didon au même instant règle tout pour partir : Rassembler, dans la nuit, les mécontens de Tyr, «Surprendre des vaisseaux, saisir l'or de l'infàme, << Franchir les mers, voilà ce que fit une femme! « C'est ici le rivage où le sort les poussa : Là, ces enfans de Tyr, sous le nom de Byrsa, << Achetèrent pour sol l'étendue occupée <«< Entre la peau d'un boeuf en lanières coupée; « Et c'est l'enceinte même où la fière Didon << Bâtit en ce moment sa nouvelle Sidon. (( Vous, maintenant, parlez : quelle est votre origine? « D'où part votre voyage? et quel but le termine?»> « A conter nos malheurs si j'usais vos loisirs, Vesper s'abaisserait sur notre longue veille : « Troie (et ce nom peut-être a frappé votre oreille), |