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S'avance vers le seuil l'éblouissante reine :

Telle aux sommets du Cynthe où retentit le cor,
Telle vers l'Eurotas, Diane au carquois d'or

Guide en choeurs bondiŝsans les nymphes des montagnes;
Elle marche, et son front dépasse ses compagnes,
Et Latone sa mère en palpite d'orgueil.

Telle paraît Didon; d'un rapide coup d'œil,
En traversant la foule, elle presse et féconde
Les futurs monumens des États qu'elle fonde.
Puis elle entre et s'assied sur un trône éclatant
Au milieu de l'enceinte où son peuple l'attend.
Là, selon la justice ou l'ordre du tirage,
A son peuple docile elle assignait l'ouvrage,
Et dispensait des lois aux nouveaux citoyens;
Tout à coup, dans la foule un groupe de Troyens
S'avance, encor trempé des eaux de la tourmente;
Voilà Sergeste, Anthée et le brave Cloanthe :
Achate et le héros ouvrent des yeux surpris,
Ils brûlent d'embrasser ces compagnons chéris;
Mais la prudence encor les retient sous la nue;
Ils tremblent d'éclaircir cette histoire inconnue;
Quel est leur sort? où sont leurs vaisseaux? et pourquoi

Orantes veniam, et templum clamore petebant.

Postquam introgressi, et coram data copia fandi,
Maximus Ilioneus placido sic pectore cœpit :"
O regina, novam cui condere Juppiter urbem,
Justitiaque dedit gentes frenare superbas,

Troes te miseri, ventis maria omnia vecti,
Oramus: prohibe infandos a navibus ignes,
Parce pio generi, et propius res adspice nostras.
Non nos aut ferro Libycos populare Penates
Venimus, aut raptas ad littora vertere prædas:
Non ea vis animo, nec tanta superbia victis.
Est locus, Hisperiam Graii cognomine dicunt,
Terra antiqua, potens armis atque ubere glebæ;
OEnotri coluere viri: nunc fama minores

Italiam dixisse, ducis de nomine, gentem.

Huc cursus fuit :

Quum subito assurgens fluctu nimbosus Orion

In vada cæca tulit, penitusque procacibus Austris
Perque undas, superante salo, perque invia saxa,”
Dispulit: huc pauci vestris adnavimus oris.

Quod genus hoc hominum, quæve hunc tam barbara morem

Viennent-ils vers ce temple avec des cris d'effroi?

Aux Troyens introduits la parole est donnée

Et l'on entend la voix du calme Ilionée :

<< O Reine, chère aux Dieux, puisqu'ils vous ont permis

« D'assujétir au frein des peuples insoumis,

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Puisque sous votre empire une ville se fonde;

« Vous voyez des Troyens, tristes jouets de l'onde, « Que jusqu'à vos genoux l'infortune conduit ; « Préservez leurs vaisseaux du feu qui les poursuit : « Ces Troyens ne sont point un peuple de pirates; «< Ils ne sont pas venus pour troubler vos pénates << Et porter sur ces bords la rapine et le deuil;

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Hélas!

pour des vaincus ce serait trop d'orgueil.

« Il est un sol antique, une terre aguerrie

« Et féconde, qu'en Grèce on appelle Hespérie,

« Où les OEnotriens vécurent autrefois;

<< L'Italie est son nom, du nom d'un de ses rois. « C'est là que nos vaisseaux couraient à pleines voiles, << Quand, levant sur les flots son cortège d'étoiles, « L'orageux Orion a déchaîné les vents;

« Les uns se sont perdus dans les sables mouvans,

Permittit patria? hospitio prohibemur arenæ :

Bella cient, primaque vetant consistere terra.
humanum et mortalia temnitis arma,

Si genus
At sperate deos memores fandi atque nefandi.
Rex erat Æneas nobis, quo justior alter

Nec pietate fuit, nec bello major et armis:

Quem si fata virum servant, si vescitur aura
Ætheria, neque adhuc crudelibus occubat umbris,
Non metus officio ne te certasse priorem

Poeniteat. Sunt et Siculis regionibus urbes,
Arvaque, Trojanoque a sanguine clarus Acestes.

Quassatam ventis liceat subducere classem,

Et silvis aptare trabes, et stringere remos;

Si datur Italiam, sociis et rege recepto,
Tendere, ut Italiam læti Latiumque petamus;

Sin absumpta salus, et te, pater optime Teucrum,
Pontus habet Libyæ, nec spes jam restat Iuli,
At freta Sicaniæ saltem, sedesque paratas,
Unde huc advecti, regemque petamus Acesten.
Talibus Ilioneus: cuncti simul ore fremebant
Dardanidæ.

<< D'autres ont échoué sur des rochers sauvages,

« Et

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peu

de nous, à peine, ont gagné vos rivages;

Rivages désastreux! impitoyable loi!

Quelle est donc cette race et ce peuple sans foi,

Qui ferme aux naufragés son barbare domaine?

<«< Ah! si vous insultez à la justice humaine,

«< Sachez qu'il est des dieux, et que leur souvenir,
<< S'il récompense l'homme, est prompt à le punir.
« Énée est notre roi; nul homme sur la terre
<< Plus que lui n'est pieux, juste et grand par
« Oh! s'il respire encor! si le sort envieux
« Sous l'éternelle nuit n'a pas fermé ses yeux,

la

guerre:

« Il suffit... vous verrez si ses mains sont novices « A payer dignement la dette des services:

<«< La Sicile nous garde un refuge puissant,

<«< Et son roi magnanime est né de notre sang.

<«< Souffrez que nos vaisseaux, fracassés par les lames,

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<< Soient pourvus dans vos bois d'antennes et de rames; «< Et, si nous retrouvons Énée et nos amis,

« Nous chercherons encor le Latium promis. <«< Mais si de le revoir il faut qu'on désespère,

« Si ton corps gît sous l'onde, ô notre excellent père!

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