ページの画像
PDF
ePub

Sa chevelure d'or en longs anneaux se joue,

Et l'incarnat céleste illumine sa joue.

Tels, le marbre et l'argent qu'entoure un cercle d'or

D'un plus brillant éclat se rehaussent encor:

Sous une habile main tel resplendit l'ivoire.

A cette vue étrange à peine on osait croire ;
Quand, les yeux sur Didon, le héros parle ainsi :
« Celui que vous cherchez, ô reine, le voici !
<< Énée est devant vous, préservé de Neptune.
«O vous! qui des Troyens déplorez l'infortune,
« Vous qui nous accueillez dans vos foyers ouverts,
« Pauvres, errans, brisés par tant de longs revers,

[ocr errors]

Quand sauvés du naufrage et des Grecs en furie

« Le monde à notre exil refuse une patrie;

<< Comment vous rendre grâce? Oh! quand même à vos yeux

« Les fils de Dardanus parsemés sous les cieux

<< Pourraient se réunir, leurs voix reconnaissantes
<< Pour payer vos vertus resteraient impuissantes;
<< Les dieux seuls, si vers nous ils étendent la main,
<< La voix de votre cœur, la voix du
la voix du genre humain,

<< Se chargeront pour nous de votre récompense.

Quæ me cumque vocant terræ. Sic fatus, amicum

Ilionea petit dextra, levaque Serestum;

Post, alios, fortemque Gyan, fortemque Cloanthum.

Obstupuit primo adspectu Sidonia Dido,
Casu deinde viri tanto; et sic ore locuta est:
Quis te, nate dea, per tanta pericula casus
Insequitur? quæ vis immanibus applicat oris?
Tune ille Æneas quem Dardanio Anchise
Alma Venus Phrygii genuit Simoentis ad undam?
Atque equidem Teucrum memini Sidona venire,
Finibus expulsum patriis, nova regna petentem
Auxilio Beli. Genitor tum Belus opimam

Vastabat Cyprum, et victor ditione tenebat.

<<< Gloire aux flancs! gloire au siècle où vous prîtes naissance!

« Tant qu'au large Océan les fleuves rouleront,

<< Tant

<< Tant

que le ciel verra luire un astre à son front,

que l'ombre des monts tournera dans la plaine, << Sur quelques bords lointains que le sort nous entraîne, « Vos bienfaits, votre nom, sans jamais se ternir, << Rempliront notre bouche et notre souvenir. » Il dit; et sa main droite accueille Ilionée En même temps que l'autre à Séreste est donnée, Et dans ses bras ouverts, tour à tour sont admis Gyas, le fort Cloanthe et tous ses vieux amis.

Mais d'abord son aspect, sa majesté soudaine,
Sa touchante infortune avaient troublé la reine;
Elle s'écrie enfin : « O noble fils des dieux!

[ocr errors]

Qui donc poursuit vos pas de ses traits odieux? « Quelle main implacable à vous nuire acharnée

<< Vous jette sur ces bords? Êtes-vous cet Énée

"

Que Vénus mit au monde au pied du mont Ida,

<«< De ses flancs immortels qu'Anchise féconda?

« Oui, certes, quand Bélus, qui me donna naissance, << Rangeait Cypre rebelle à son obéissance,

[blocks in formation]

Tempore jam ex illo casus mihi cognitus urbis
Trojanæ, nomenque tuum, regesque Pelasgi.
Ipse hostis Teucros insigni laude ferebat,
Seque ortum antiqua Teucrorum ab stirpe volebat.
Quare agite, o, tectis, juvenes, succedite nostris.
Me quoque per multos similis fortuna labores
Jactatam hac demum voluit consistere terra.

Non ignara mali, miseris succurrere disco.

Sic memorat; simul Ænean in regia ducit Tecta, simul divum templis indicit honorem. Nec minus interea sociis ad littora mittit Viginti tauros, magnorum horrentia centum

Terga suum, pingues centum cum matribus agnos Munera lætitiamque dii.

At domus interior regali splendida luxu Instruitur, mediisque parant convivia tectis : Arte laboratæ vestes, ostroque superbo;

Ingens argentum mensis, cælataque in auro

<< Chassé de Salamine et cherchant notre appui, «< Teucer vint à Sidon : là je connus de lui

« Votre nom, les rois grecs, Pergame et son histoire ;

<< Votre ennemi lui-même exaltait votre gloire,

«< Et d'être issu de Troie il flattait son orgueil.
« Venez donc, ô guerriers! acceptez notre seuil:
« Hélas! ainsi que vous, errante et fugitive,
« Avant de rencontrer cette lointaine rive,
« J'ai subi du destin la longue inimitié,

« J'ai souffert : le malheur m'enseigna la pitié. »

Elle dit; et prescrit ses ordres magnanimes:
Pendant

que les autels fument sous les victimes, Que son royal palais s'ouvre pour le héros,

Aux Troyens du rivage on conduit vingt taureaux, Cent porcs aux dos velus, cent agneaux et leurs mères, Et la liqueur qui rend les peines moins amères.

Cependant le palais rayonne de splendeur;
Aux apprêts de la fête on veille avec ardeur;
On sème sur la table, et dans les galeries,
Les tentures de pourpre aux riches broderies,

[ocr errors]
« 前へ次へ »