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mais comme doien des pers, qui est la première prérogative qui soit en ce royaume de seigneurie, noblesse et dignité, après la couronne. Et qui plus est, le Roy lui a fait si grand honneur et monstré si grant signe d'amour qu'il l'a fait per, en la loy de mariage, de très noble et très puissant seigneur monseigneur le duc de Guienne, Daulphin de Viennois, son ainsné fils et héritier, d'une part, et l'ainsnée fille de mondit seigneur ', d'autre part. Et aussi de madame Michele de France et du seul filz de mondit seigneur de Bourgongne'. Et comme dit monseigneur Saint Grégoire : Concrescunt dona et regna donorum, il est obligié entre les autres mortelz à le garder, défendre et venger de toutes injures à son povoir; et ce, il a bien recongneu, recongnoist et recongnoistra se Dieu plaist, et aura en son cuer en mémoire les obligacions dessus dictes, qui sont douze en nombre. C'estassavoir, proisme parent, vassal, subject, baron, conte, duc, per, duc per, doien des pers, et les deux mariages. Ce sont douze obligacions par lesquelles il est obligié le servir, aymer, obéir et porter révérence, honneur et obéissance, le défendre de tous ses ennemis, et non seulement défendre, mais le venger et en prendre vengence.

Et avec ce, prince de très noble mémoire, feu monseigneur de Bourgongne, son père, lui commanda au lit de la mort que sur toutes choses, après le salut de

1. Marguerite de Bourgogne, mariée le 31 août 1404, à Louis de France, duc de Guienne, dauphin de Viennois.

2. Philippe de Bourgogne, plus tard Philippe le Bon. Michelle, tille de Charles VI, lui avait été accordée en 1403. Le mariage ne se fit qu'en 1409.

3. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, mort le 27 avril 1404.

son âme, il meist tout son cuer, voulenté, courage, corps et puissance en exposant, tant qu'il vivroit, à garder loiaument la personne du Roy, ses enfans et sa couronne, car il se doubtoit très grandement que ses adversaires qui machinoient à lui tolir sa couronne et sa seigneurie, ne feussent plus fors après son trespas que lui vivant. Et pour ce voult obliger ses enfans, ou lit de la mort, par commandement paternel, de résister à l'encontre. Et n'est pas à oublier la très grande loiauté de mon très redoubté seigneur, monseigneur le duc de Berry, et du vaillant seigneur trespassé, qui si longueinent, tant doulcement, tant seurement et si sagement gardèrent le Roy, nourrirent et gouvernèrent, que onques une seule ymaginacion de suspicion mauvaise ne fut pensée, ne dicte contre leur personne. Pour quoy, les choses dessusdictes considérées, mondit seigneur de Bourgongne ne pourroit en ce monde avoir greigneur douleur en son cuer, ne plus grant desplaisir, que de faire chose où le Roy peust prendre desplaisance ou indignacion contre lui. Et pour ce que par aventure aucuns pourroient dire que par l'introduction d'aucuns ses malveillans le Roy eust prins en son cuer aucune desplaisance envers lui à cause du fait advenu en la personne du feu duc d'Orléans derrenier trespassé, lequel fait a esté perpétré pour le très grant bien de la personne du Roy, de ses enfans et de tout le royaume, comme il sera cy-après monstré et déclairé tant et si avant qu'il devra bien suffire: 11 supplie très humblement au Roy qu'il lui plaise à oster de lui toute desplaisance de son très noble courage, se aucune en a conçeue à l'encontre de sa personne par l'introduction dessusdicte ou autrement,

mais comme doien des pers, qui est la première prérogative qui soit en ce royaume de seigneurie, noblesse et dignité, après la couronne. Et qui plus est, le Roy lui a fait si grand honneur et monstré si grant signe d'amour qu'il l'a fait per, en la loy de mariage, de très noble et très puissant seigneur monseigneur le duc de Guienne, Daulphin de Viennois, son ainsné fils et héritier, d'une part, et l'ainsnée fille de mondit seigneur ', d'autre part. Et aussi de madame Michele de France et du seul filz de mondit seigneur de Bourgongne'. Et comme dit monseigneur Saint Grégoire : Concrescunt dona et regna donorum, il est obligié entre les autres mortelz à le garder, défendre et venger de toutes injures à son povoir; et ce, il a bien recongneu, recongnoist et recongnoistra se Dieu plaist, et aura en son cuer en mémoire les obligacions dessus dictes, qui sont douze en nombre. C'estassavoir, proisme parent, vassal, subject, baron, conte, duc, per, duc per, doien des pers, et les deux mariages. Ce sont douze obligacions par lesquelles il est obligié le servir, aymer, obéir et porter révérence, honneur et obéissance, le défendre de tous ses ennemis, et non seulement défendre, mais le venger et en prendre vengence.

Et avec ce, prince de très noble mémoire, feu monseigneur de Bourgongne, son père', lui commanda au lit de la mort que sur toutes choses, après le salut de

1. Marguerite de Bourgogne, mariée le 31 août 1404, à Louis de France, duc de Guienne, dauphin de Viennois.

2. Philippe de Bourgogne, plus tard Philippe le Bon. Michelle, fille de Charles VI, lui avait été accordée en 1403. Le mariage ne se fit qu'en 1409.

3. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, mort le 27 avril 1404.

son âme, il meist tout son cuer, voulenté, courage, corps et puissance en exposant, tant qu'il vivroit, à garder loiaument la personne du Roy, ses enfans et sa couronne, car il se doubtoit très grandement que ses adversaires qui machinoient à lui tolir sa couronne et sa seigneurie, ne feussent plus fors après son trespas que lui vivant. Et pour ce voult obliger ses enfans, ou lit de la mort, par commandement paternel, de résister à l'encontre. Et n'est pas à oublier la très grande loiauté de mon très redoubté seigneur, monseigneur le duc de Berry, et du vaillant seigneur trespassé, qui si longuement, tant doulcement, tant seurement et si sagement gardèrent le Roy, nourrirent et gouvernèrent, que onques une seule ymaginacion de suspicion mauvaise ne fut pensée, ne dicte contre leur personne. Pour quoy, les choses dessusdictes considérées, mondit seigneur de Bourgongne ne pourroit en ce monde avoir greigneur douleur en son cuer, ne plus grant desplaisir, que de faire chose où le Roy peust prendre desplaisance ou indignacion contre lui. Et pour ce que par aventure aucuns pourroient dire que par l'introduction d'aucuns ses malveillans le Roy eust prins en son cuer aucune desplaisance envers lui à cause du fait advenu en la personne du feu duc d'Orléans derrenier trespassé, lequel fait a esté perpétré pour le très grant bien de la personne du Roy, de ses enfans et de tout le royaume, comme il sera cy-après monstré et déclairé tant et si avant qu'il devra bien suffire : Il supplie très humblement au Roy qu'il lui plaise à oster de lui toute desplaisance de son très noble courage, se aucune en a conçeue à l'encontre de sa personne par l'introduction dessusdicte ou autrement,

et que le Roy lui veuille monstrer doulceur et bénégnité, et le tenir en amour comme son loial subject et vassal, et cousin germain qu'il est, actendu plusieurs causes justes et véritables, que je vous diray après pour la justificacion de mondit seigneur de Bourgongne, de laquelle il m'a chargé par commandement si exprès, que je ne l'ay osé escondire, pour deux causes cy-après déclairées. La première si est que je suis obligié à le servir par serement à lui fait, il y a trois ans passez. La seconde, que lui, regardant que j'estoie petitement bénéficié, m'a donné chascun an bonne et grande pension pour me aider à tenir aux escoles, de laquelle pension j'ay trouvé une grant partie de mes despens, et trouveray encores, s'il lui plaist de sa grace.

Mais quant je considère la très grande matière dont j'ay à parler, la grandeur des personnes dont il me fauldra toucher en si très noble compaignie comme il y a cy, et d'autre part je me regarde, et me treuve de petit sens, povre de mémoire, feble d'engin et très mal aourné de langage, une très grande paour me fiert au cuer, voire si grande que mon engin et ma mémoire s'en fuit, et ce peu de sens que je cuidoie avoir m'a jà du tout laissé. Si n'y voy autre remède, fors de me recommander à Dieu mon créateur et rédempteur, à sa très glorieuse mère, à monseigneur saint Jehan l'Evangéliste, le maistre et prince des théologiens, qu'ilz me vueillent enseigner, conduire et garder de mal dire, en suivant le conseil de monseigneur saint Augustin Libro quarto de Doctrina christiana: Apud aliquos aliquis, etc. C'est-à-dire que pour ce que ceste matière est très haulte et périlleuse, et qu'il n'appartient point à homme de si petit estat comme je suis, d'en parler,

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