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voire de en mouvoir les lèvres; de parler en espécial en si très noble et solennelle compaignie qu'il y a cy, je vous supplie très humblement, mes très redoubte seigneurs et à toute la compaignie, se je dy aucune chose qui ne soit bien dicte, qu'il me soit pardonné, et actribué à ma simplesse et ignorance, et non point à malice. Car l'apostre dist: Ignorans feci; pie misericordiam consecutus sum'. Car je n'oseroie parler de ceste matière, ne dire les choses qui me sont chargées, se ce n'estoit par le commandement de mondit seigneur de Bourgongne.

Après ce, je proteste que je n'entens à injurier quelque personne qui soit ou puist estre, soit vif ou trespassé. Et s'il advient que je die aucunes paroles sentans injures, pour et ou nom de mondit seigneur de Bourgongne et à son commandement, je prie que on me ait pour excusé, en tant qu'elles sont à sa justification

et non autrement.

Mais on me pourroit faire une question, en disant qu'il n'appartient point à ung théologien de faire ladicte justification, et qu'il appartient à ung juriste. Je répons, que point il n'appartient à moy, qui ne suis ne juriste, ne théologien. Mais pour satisfaire aux parlans, je respons à la question : Se j'estoie théologien, il me pourroit bien appartenir, actendu une considéracion que j'ay en ceste matière. C'estassavoir que tout docteur en théologie est tenu de labourer, excuser et justifier son maistre et son seigneur, lui garder et défendre son honneur et sa bonne renommée tant comme

1.

Ignorans feci : ideoque misericordiam consecutus sum. »> (Édit. Vér.)

à vérité se pevent estendre, mesmement quant sondit seigneur est bon et loyal et n'a de riens mespris. Je preuve ceste considéracion estre vraie, car c'est l'office des maistres docteurs en théologie de prescher et dire vérité en temps et en lieu, et pour tant ilz sont appellez legis divine professores. Et s'il advient qu'ilz meurent pour dire vérité, ilz sont adonques vrais martirs. Ce n'est pas donc merveille se à mondit seigneur de Bourgongne, qui me a nourry en l'estude et me nourrira encores, se Dieu plaist, je lui ay presté ma povre langue à prononcer et dire icelle justificacion. Car, si onques il fut lieu et temps de prescher la justificacion et loyaulté de monditseigneur de Bourgongne, .il en est ores temps et lieu. Et ceulx qui m'en scauroient mauvais gré feroient grant péchié ce me semble, mais de ce me devroit tout homme de raison tenir pour excusé. Et, en espérance que nul ne m'en scauroit mauvais gré de ladicte justificacion prononeer et dire, pour ce, diray ceste auctorité de monseigneur Saint-Pol, de convoitise: Radix omnium malorum cupiditas. Dame convoitise est de tous maulx la racine puis qu'on est en ses las et qu'on tient sa doctrine. Elle a fait aucuns apostas, tant l'ont amée, les autres desloiaulx : c'est bien chose dampnée.

Ceste parole exposée tient en soy trois choses. La première est que convoitise est de tous maulx la racine à ceulx qu'elle tient en ses las. La seconde qu'elle a fait aucuns apostas renyer la foy catholique et ydolatrer. La tierce, qu'elle a fait les autres traistres et desloyaulx à leurs roys, princes et souverains seigneurs. Et pour ce que je pense à déclairer ces trois choses dessusdictes, qui me seront une majeur, et après ladicte

majeur joindre une mineur pour parfaire ladicte justificacion de mondit seigneur de Bourgongne, je puis faire deux parties en ce propos. La première partie sera de madicte majeur. La seconde partie contendra quatre autres, dont la première déclairera la première chose touchée en mondit theume, la seconde la seconde, la tierce la tierce. Et ou quart article, je y pense à mectre aucunes véritez pour mieulx fonder ladicte justificacion de monditseigneur de Bourgongue.

que

y

Pour le premier article déclairer, est à savoir que convoitise est de tous maulx la racine. Je respons à une instance qu'on peut faire au contraire de ladicte parole. La Saincte Escripture dit aussi : Inicium omnis peccati superbia. Ergo non est cupiditas radix omnium malorum, puisque Saincte Escripture dit que orgueil est commencement de tout péchié, convoitise n'est point la racine de tous maulz et péchez, et ainsi semble ladicte parole de saint Pol n'est point véritable. A ce, je respons par l'auctorité de monseigneur saint Jehan Baptiste qui dit ainsi : Nolite diligere mundum, nec ea que in eo sunt. Si quis diligit mundum, non est caritas Patris in eo. Quoniam omne quod est in mundo, aut est concupiscencia oculorum, aut concupiscencia carnis, aut superbia vite, etc. C'est à dire : ne veuillez point aymer le monde, ne mectre vostre amour et félicité à choses mondaines. Car en ce monde n'a autre chose fors concupiscence, et convoitise de délectacion charnelle, et convoitise d'amour vaine et de honneur, qui ne sont point de par Dieu le Père, mais sont choses mondaines et transitoires. Et toutefois le monde fine et sa convoitise avec lui, mais cellui qui fera la voulenté de Dieu il vivra tousjours perdurablement avecques lui.

Ainsi appert-il clèrement par cest article de saint Jehan qu'il est trois manières de convoitise qui encloent en elles tous péchez. C'est assavoir convoitise de honneur vaine, convoitise de richesse mondaine, et convoitise de délectacion charnelle. Et ainsi prenoit l'Apostre convoitise en la parole proposée. Et quant il disoit : Radix omnium malorum cupiditas, c'estassavoir convoitise ès trois manières dessusdictes touchées par saint Jehan l'Evangéliste, dont la première est convoitise de honneur vaine, qui n'est autre chose que mauvaise concupiscence et voulenté desordonnée de tolir à aucun son honneur et seigneurie. Et ceste voulenté est appellée en l'auctorité de saint Jehan dessusdicte, superbia vite, et enclost en soy tout orgueil, toute vaine gloire, toute yre, haine et envie. Car quant cellui qui est esprins et embrasé du feu de convoitise ne peut acomplir sa voulenté désordonnée, il se courrouce contre Dieu et contre ceulz qui l'empeschent, et commect le péchié de ire, et tantost conçoit envers cellui qui tient ladicte seigneurie si grant envie, qu'il se met à machiner sa mort. La seconde convoitise est appellée convoitise de richesse mondaine, qui n'est autre chose que concupiscence et voulenté désordonnée de tolir à aultrui ses biens meubles et immeubles, et ceste concupiscence est appellée par ledit Evangeliste concupiscencia oculorum, et enclost en soy toute usure, avarice et rapine. La tierce convoitise qui est appellée concupiscencia carnis, n'est autre chose que concupiscence et désirs désordonnez de délectacion charnelle, qui aucune foiz est paresce, comme d'un moyne ou autre religieux, qui ne se veult lever pour aller aux matines pour ce qu'il est plus aise en son lit, aucune foiz

est gloutonnie, comme cellui qui prend trop de viandes et de vins pour ce qu'ilz lui semble doulz à la langue et délitables à savourer, aucunefoiz en luxure, et en plusieurs manières qui ne sont jà à déclairer. Ainsi appert clèrement estre vray mon premier article, où je disoie que convoitise est cause et racine de tous maulx, à le prendre ainsi que le prenoit l'Apostre quant il disoit Radix omnium malorum cupiditas.

:

hoc de primo articulo hujus prime partis.

Et

Pour entrer en la matière du second article, je metz une suspicion', et suppose que c'est ung des greigneurs péchez qui soit ou puist estre que crime de lèze-majesté royale. Et la cause si est, car c'est la plus noble chose et la plus digne qui puist estre que majesté royale pour ce qu'on ne peut faire plus grant péché, ne plus grant crime que de injurier majesté royale, et selon ce que le crime est plus grant, l'injure est greigneur et fait plus à punir. Pour quoy il est assavoir qu'il est deux manières de majestez royaulx, l'une est divine et perpétuelle, et l'autre est humaine et temporelle. Et pour proporcionalement parler, je trouve deux manières de lèze majesté divine, et l'autre est de lèze majesté humaine.

Item, est assavoir que crime de lèze-majesté divine se part en deux degrez. Le premier, si est quant on faict directement injure au Souverain Roy qui est nostre souverain Dieu et nostre Créateur, comme sont ceulx qui font crime de hérésie ou de ydolatrie. La seconde est quant on fait injure directement contre l'espouse de nostre Souverain Roy et nostre seigneur

1. Une souppechon (Suppl. fr. 93); une supposcion (Vér.)

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