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suit : « A honnorable homme, Michel d'Oris. »> Sur quoy, vueillez savoir que j'ay grant merveille, car, actendu la substance et teneur d'icelles lectres, je n'ay eu de vous autres nouvelles, soit de venir au jour qui assigné estoit, ou autrement de deue excusacion pour essoine de vostre corps. Néantmoins, je ne scay se le Dieu d'amours qui vous exorta et mit en courage de vos dictes lectres générales envoier, ait en aucunes choses esté si despleu, par quoy il ait changié les condicions anciennes qui souloient estre telles, que pour resveiller armes et pour chascun acroistre il tenoit les nobles de sa court en si réale gouvernance que pour acroissement de leur honneur, après ce qu'ils avoient empris aucun fait d'armes, ils [ne] se absentoient du pays où ils avoient fait leur dicte entreprinse jusques à tant que fin en feust faicte; ne aussi faisoient leurs compaignons, fraier, traveiller, ne despendre leurs biens en vain. Non pourquant je ne vouldroie pas qu'il trouvast ceste défaulte en moy, si qu'il eust cause de me bannir de sa court. Pour tant je vueil encore demourer par deçà jusques au huitième jour de ce présent mois de may, prest, à l'aide de Dieu, de saint George et de saint Anthoine, de vous délivrer, si que, ma dame et la vostre puissent savoir que pour la révérence d'icelles j'ay voulenté de vous aisier de vostre grève qui par si long temps vous a mésaisié, comme vos dictes lectres contiennent, pour quoy aussi vous avez cause de désirer vostre alégence. Après lequel temps, se venir ne voulez, je pense, au plaisir de Dieu, retourner en Angleterre par devers nos dames, ausquelles, j'ay espoir en Dieu, qu'il sera tesmoigné par chevaliers et escuiers, que je n'ay en riens mes

prins envers le Dieu d'amours, lequel vueille avoir lesdictes, ma dame et la vostre, pour recommandées, sans avoir desplaisir envers elles pour quelque cause qui soit advenue. Escript à Calais, soubz le seel de mes armes, le second jour de juing, l'an mil quatre cens et ung. »

S'ensuit la teneur des lectres que l'escuier d'Arragon escripvi au chevalier d'Angleterre sur lesdictes lectres prouchaines précédentes.

« A très noble personne, messire Jehan de Prendegrest, chevalier, je, Michel d'Oris, escuier, natif du royaume d'Arragon, faiz assavoir, que pour l'ardant désir et courageux vouloir que j'ay tousjours eu et auray tant que Dieu me fera vivre, d'emploier et user mon temps en armes ainsi que à ung chascun gentil homme appartient, sachant que ou royaume d'Angleterre soient plusieurs chevaliers anglois pleins de grant chevalerie, lesquelz longuement à mon advis estoient demourez endormis, pour les resveiller à démonstrer leur hardiesse et pour avoir de eulx aucune compaignie et congnoissance, l'an mil quatre cens, prins ung tronçon de grève à porter à ma jambe jusques à ce que je seroie délivré des armes contenues en mes lectres, dont la teneur s'ensuit : « Ou nom de Dieu, etc. » Lesquelles lectres portées par Aly le poursuivant, si comme voz lectres données à Calais le onzième jour de juing le tesmoingnent, desquelles, afin que ma response à icelles puist mieulx convenir, la teneur s'ensuit : « A noble homme et honnorable personne Michel d'Oris, etc. » Du contenu ou commencement des dictes lectres, je vous remercie de ma part tant comme je puis, de ce que vous me

voulez délivrer de la peine en quoy je suis, ainsi qu'en voz gracieuses lectres maintenez que vous avez long temps désiré avoir acointance avec aucun noble et vaillant homme de la partie de France, comme se vous vouliez ignorer dont je suis. Pour ce, vous ay cy-dessus fait assavoir que je suis nez du royaume d'Arragon, non pour quant que je, et chascun plus grant que moy, peut justement dire avoir bon titre quant il est natif du royaume de France, car il n'est nul qui puist dire avoir trouvé sur françois, vilain reprouche en chose que chascun preudomme ou gentil homme peut faire, qui la vérite en vouldroit dire, mais pour tant que nul preudomme ne doit denyer son pays, et pour vous faire assavoir et monstrer la voulenté que j'ay eue, et ay, et auray tant que soient acomplies les armes déclairées en mes premières lectres, il est vray que je, demourant oudit royaume d'Arragon, emprins les armes dessusdictes. Mais voyant que j'estoie trop loing des parties d'Angleterre, pour plus tost la chose acomplir me parti d'ilec et m'en vins à Paris, où je demouray actendant voz nouvelles long temps depuis que je avoie envoiées mesdictes premières lectres. Et depuis, pour certaines causes neccessaires touchant mon souverain seigneur le roy d'Arragon, me parti de France et m'en retournay en mon pays, très melencolieux et esbahy de ce que je trouvay délay en tant de nobles chevaliers, de si petit esbatement comme j'avoye devisé, dont n'avoie eu nulle response. Si y demouray par l'espace de deux ans, pour cause de guerre qui estoit entre mes amis. Puis, prins congié à mondit seigneur, et m'en retournay à Paris

pour savoir nouvelles pour moy acquiter dudict fait. Et lors, je trouvay à l'ostel de monseigneur de Gaucourt, à Paris, ès mains de Jehan d'Olivedo, escuier dudit seigneur, vos dictes lectres dont cy-dessus est faicte mencion, lesquelles y avoient esté apportées après ce que je m'en estoie ralé oudit royaume d'Arragon. Pour quelle occasion elles furent après mondit département envoiées, je n'en dy plus. Mais ung chascun y pourra penser selon la teneur du fait, ce que bon lui semblera. De laquelle lectre je suis moult esmerveillé, et aussi sont plusieurs autres chevaliers et escuiers qui la teneur en ont oye, considérans le bon rapport de vostre chevalerie, que tant avez observé le droit des armes et maintenant les voulez changer, et sans nul autre traictié ne advis de partie, par vous mesmes avez voulu estre juge et placé à vostre plaisir et advantage. Laquelle chose, comme chascun peut savoir, n'est pas chose convenable. Or, quant aux autres lectres dessus escriptes en l'ostel de mondit seigneur de Gaucourt à Paris, pour y mieulx respondre, j'ay cy fait enarrer la teneur comme il s'ensuit.

Quant au premier point contenu ès dictes lectres où avez voulu dire que autres lectres m'avez envoiées avec sauf-conduit pour acomplir les armes là et au jour où il vous avoit pleu à vostre avantage et plaisir, sachez certainement et sur ma foy, qu'onques autres lectres ne vy de vous fors cestes cy qui me furent baillées le douziesme jour de mars, ne cellui sauf-conduit onques ne vy, car sans doute se je l'eusse eu avecq vosdictes lectres, vous eussiez assez tost eu nouvelles de moy et response à icelles. Car c'est la chose que je désire plus estre acomplie que chose qui soit. Et bien povez sa

à

voir que le grant désir et vouloir que j'ay à délivrer lesdictes armes m'a fait par deux foiz venir et eslongner de mon pays, par deux cens et cinquante lieues, grans frais et despens, comme chascun peut savoir. Et pour ce que autre fois et plus à plain èsdictes lectres que feistes savoir que vous aviez esleu place à Calais par devant noble et puissant prince le conte de Sombreseil, et après, pour tant qu'il estoit ocupé autre part, ainsi que vosdictes lectres veulent dire, messire Hue de Lucrelles, lieutenant à Calais dudit seigneur de Sombreseil, fut commis pour tenir la place par très hault et puissant prince le roy d'Angleterre vostre souverain seigneur, à vostre voulenté et poursuite, sans mon vouloir, sceu ne congié, dont je suis moult esmerveillé et à bon droit, que sans moy estes tant alé avant comme d'eslire juge et place, et mesmement à vostre souhait. Et me semble que de vostre pays ne vouldriez pour riens perdre la veue. Et toutesfoiz nos devanciers et les nobles chevaliers anciens qui tant nous ont laissé de beaulx exemples, ne quirent onques de grands honneurs en leur propre pays, ne onques furent coustumiers de requerre choses desconvenables; car ce n'est que pour eslongner les bonnes entreprinses. Si suis bien certain que en ce cas vous n'ignorez pas que le devis du juge, du jour et de la place, doit estre esleu du commun assentement des parties. Et se je eusse eu voz lectres à temps, je le vous eusse fait savoir.

De ce que vous dictes que vous ne savez se le Dieu d'amours m'a de soy banny, pour ce que je me suis eslongné du pays de France où mes premières lectres furent escriptes, ne se il m'a fait changer mon propos,

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