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guères advenu en la personne du duc d'Orléans. Dont moult de grans seigneurs et aussi autres sages furent moult esmerveillez.

CHAPITRE XL.

Comment le Roy envoia ses ambaxadeurs devers le pape Bénédic, lequel envoya audit Roy lectres d'excommunication.

En ce temps vint à Paris, devers le Roy et devers les seigneurs qui estoient avecques lui, certains messagers. Lesquelz rapportèrent que le pape Bénédic et son adversaire ne se vouloient point déporter, ne délaisser la papalité comme ilz avoient promis, et enconvenancé de venir en la cité de Saxongne' et autres lieux, mais prolongèrent la besongne de l'universelle Église par dilacions de nulle value, très frauduleusement. Pour lesquelles nouvelles le Roy escripvit et fist savoir au pape par Jehan de Chastelmorant et Jehan de Cousoy', chevaliers, ses ambaxadeurs, que ou cas que union ne seroit trouvée en l'Église universelle dedens le jour de l'Ascension lors prouchain venant, lui, le clergié, les nobles et le peuple de son royaume et du Dauphiné ne feroient plus obéissance à lui, ne à son adversaire, et que plus ne feroit, ne par ses subgetz ne souffreroit à lui estre faicte aucune obéissance. De laquelle ambaxade, ne du contenu ès lectres envoiées de par le Roy, icellui pape, nommé Bénédic, ne fut point bien content, jà soit ce qu'il n'en mon

1. Savone, dans les États de Gènes.

2. Jean de Cousoy, et plus bas Jehan de Course. Dupuy l'appelle Jean de Coursay.

strast pas grant semblant à iceulx ambaxadeurs. Ains leur fist assez courtoise récepcion et leur fist response absolue que dedens brief temps, par ses messagers, il envoieroit response au Roy sur le contenu des lectres qu'il avoit apportées. Après laquelle response prindrent congé et s'en retournèrent devers le Roy et son Conseil, et racomptèrent la response qu'ilz avoient eue du pape Bénédic. Et en assez brief temps vint en la ville de Paris ung messager du pape dessusdit, lequel à un certain jour vint en l'ostel de Saint-Pol où le Roy estoit'. Lequel estant en son oratoire, sur le commencement de la messe entra icellui messager dedens, et lui présenta unes lectres apostoliques et puis tantost se départit. Et après ladicte messe le Roy fist ouvrir lesdictes lectres et les lire tout au long. Après la lecture desquelles, qui contenoient excommunicacion contre le Roy et tous ses subgetz, on fist quérir par toute la cité de Paris cellui qui les avoit apportées, mais point ne trouvé, car il s'en estoit parti et alé le plus couvertement qu'il avoit peu. Et adonc le Roy et ceulx de son conseil voians la forme et manière de ladicte excommunicacion, tant par l'ennort et instigacion de l'Université de Paris, comme de la plus grande partie de ceulx de son conseil et avecques tout ce, les princes là estans furent moult esmeuz contre ledit pape. Et pour tant ledit Roy et ses princes se séparèrent et retrayrent de l'affection et obéissance dudit pape.

1. En mai 1408.

S'ensuit la teneur desdictes lectres apostoliques receues par le Roy.

Bénédic, évesque, le serf des serfz de Dieu, à très cher filz en Jhésucrist, Charles, roy de France, salut et bénédiction apostolique. Pleust à Dieu, très cher filz, que tu eusses pleine congnoissance de l'amour et affeccion que nous avons à ta noble et puissant personne et que tu entendisses la purté de nostre courage, en vérité tu congnoistroies que nous avons grant léesse de ta bonne prospérité et prouffit, comme doit avoir le père à son enfant, et grant tristesse et douleur de ses tribulacions et dommages. Se de ce eusses congnoissance, tu ne vouldroies point oyr les malparlans nous détraians, et faulsement noz procez et afaires reprouchans, afin que par lesdiz mesdisans tu ne feusses point corrompu, mais nous aymeroie comme le filz doit aymer son père, et cesseroient en ton royaume les tourbillons de tes persécucions faictes contre nostre mère saincte Église. Tu scez bien, glorieux prince, et par publique renommée est venu à ta congnoissance, que en grande solitude et instance nous avons souffert moult grans labours afin que par nous la paix de l'Église peust estre trouvée et procurée, et en grande diligence avons fait vers ceulx qui ont nourry par plusieurs ans le scisme et division moult périlleuse en ocupant le siège apostolique folement par entreprinses de fait, et mesmement vers Langle Corrarion, qui s'appelle Grégoire, lequel pour le présent, en ceste partie, est adversaire de l'Église, et que riens n'a voulu mener à son effect de ce qu'il avoit promis à laisser la papalité et convenir et assem

bler en la ville de Saxongne1 et autres lieux de son obéissance, mais a prolongué et démené la besongne de Dieu par dilacion de nulle valeur. Et jà soit ce chose qu'il soit tout notoire tant qu'il ne peut estre célé qu'il n'a point tenu, ne tient à nous que briesve union ne soit en saincte Église de Dieu et tout scisme débouté et mis à néant, toutesfoiz ilz ont aucuns comme nous avons oy dire qui pardevers soy en mauvais malice, sans cause, murmurent de nous, eulx efforçans par lédenges mauldites déchirer, diminuer ou amendrir la purté de nostre renommée. Aucuns sont mectans leur estude de troubler la dévocion de toy et des autres princes de ton sang, en blasmant noz faiz injustement, et affermant, ce qui n'est point vérité, c'estassavoir que nous ne mectons point diligence que vraie union soit en saincte Église. Vraiement à telles personnes doit pour nous vérité respondre et destruire les fictions des faulsetez d'iceulx. Et si croions qu'il a esté faict par l'exortacion d'icellui que nous n'avons point eu les drois de nostre chambre jà par l'espace de deux ans. Car tel édict a esté fait en ta court par lequel nostre droit nous est soustrait, et à nous n'est point obéy en ton royaume. Et toutesfoiz nous espérions à avoir consolacion et soulas de toy, duquel les prédécesseurs ont grandement labouré ou temps passé pour destruire scisme et horreur en saincte Église et avoir paix et union.

De rechef, ceulx de ton royaume font rebellion contre l'Église Rommaine en appellant de nous contre les constitucions canoniques, et leur est souffert contre

1. Savone.

vésité de semer diverses erreurs contre la purté de la foy. Mais encores, avec ce que dessus est dit, grandement nous desplaist à racompter, en ceste ville, en nostre présence, nostre cher filz, Jehan de Chastelmorant et Jehan de Course', nobles hommes, tes ambaxadeurs, sont venus de par toy, qui nous ont présenté unes lectres seellées de ton seel, par lesquelles tu nous fais savoir que se dedens la feste de l'Ascencion prouchain venant, union n'est trouvée en ung vray et seul pape et que ung pasteur de l'Église universelle n'est esleu et eu, toy, le clergié et autres gens de ton royaume et aussi de la duchié de Guienne, ferez neutralitez, et ne feras, presteras, ne demonstreras, ne souffreras par aucuns de tes subgetz, de adonc ne en après, à nous ou à aucuns qui tiennent nostre estat, estre faicte ou démonstrée aucune obédience. Pour lesquelles choses, très cher filz, tu dois grandement considérer se nous avons cause d'avoir grant douleur au cuer. Ce ne sont mie signes d'amour de cher filz démonstrées à son père, et des choses dessusdictes ensuivent moult d'inconvéniens. Car ceulx qui à toy et aux autres princes de ton sang baillent telles paroles envenimées, toy et les autres pourroient faire cheoir en perdicion avec eulx. En cela, renommée de ta noble maison est grandement blecée et par grant péchié; en ce est faicte détraction à la divine puissance en voulant mectre terme et fin à la miséricorde de Dieu; là est droitement en péchié, et persévérance du saige est procurée. Car nostre adversaire et ses adhérens pour les choses dessusdictes eslevez en orgueil, ne pourront

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