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gongne, et tant, que chascun d'eulx assembla grant nombre de gens d'armes entour Paris. Mais en fin, par le moien de la Royne, et des ducs de Berry et de Bourbon, fut la paix faicte. Et par ainsi se retrahirent toutes manières de gens d'armes ès lieux dont ils estoient venus.

CHAPITRE VI.

Comment Clément, duc en Bavière, fut par les électeurs d'Alemaigne esleu à estre Empereur, et comment il fut à grant puissance mené à Franquefort.

En l'an dessusdit, Clément, duc en Bavière, fut par les électeurs d'Alemaigne esleu empereur de Romme, après ce que fut réprouvé et déposé le roy de Boesme, jadis empereur de Romme. Si fut mené par iceulx à Francquefort, et avoit adonc en sa compaignie bien quarante deux mil hommes de guerre, si mist le siége devant ladicte ville, qui estoit à lui rebelle, là où il fut environ quarante jours, durant lequel temps se commença entre ses gens une grant mortalité d'épidémie, dont bien moururent quinze mil de ses gens. En la fin desquelz quarante jours ung traictié se fist, et fut mise celle ville de Francquefort en l'obéissance dudit empereur. Et pareillement se y mirent Coulongne, Aiz et plusieurs autres

1. C'est la leçon fautive de tous les manuscrits et des imprimés. Il faut lire Robert au lieu de Clément. Robert, duc de Bavière, fut élu empereur le 22 août 1400, deux jours après la déposition de Wenceslas, roi de Bohême. (Voy. Raynaldi, t. VIII, p. 77.)

2. C'est à Cologne que l'empereur Robert fut couronné, le 6 janvier 1401 (N. S.).

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villes, et lui baillèrent leurs lectres recognoissans

que son élection avoit esté bien et deuement faicte. Et après, fut couronné en ycelle ville par l'évesque de Mayence, de laquelle coronation plusieurs princes et grans seigneurs du pays firent grant feste. Si y furent faictes nobles joustes et grans esbatemens. Laquelle feste passée, ledit empereur envoia Estienne, duc en Bavière, son cousin germain, lequel estoit père de la royne de France, à Paris, pour confer mer la paix entre ledit empereur et le roy de France. Lequel duc Estienne, venu audit lieu de Paris, fut reçeu à grant joie, tant de sa fille, la Royne, comme des princes et seigneurs du sang royal, car le Roy estoit pour lors malade. Et après qu'il eust faicte sa requieste en un certain jour, lui fut faicte response par les dessusdiz seigneurs, que bonnement saulve l'onneur du Roy et leur serement, ne povoient faire paix au préjudice de leur beau cousin le roy de Boesme; qui autrefois avois esté esleu et couronné à roy d'Alemaigne. Après laquelle response, icellui duc s'en retourna en Alemaigne devers le nouvel empereur, auquel il racompta et dist ce qu'il avoit trouvé et besongné en France. Si n'en fut pas bien content; mais autre chose n'en peut avoir. Et après, icellui empereur avoit proposé d'aler personnellement en Lombardie à puissance de gens d'armes. Et pour conquerre des passages envoia une partie de ses gens devant, mais les gens d'armes du duc de Milan vinrent à main armée contre eulx et en occirent et prindrent plusieurs. Entre lesquelz fut prins messire Gérard, chevalier, seigneur de Harancourt, mareschal du duc d'Austeriche, et plu

sieurs autres. Et par ainsi fut rompu le voyage dudit

empereur.

CHAPITRE VII.

Comment le roy Henry d'Angleterre combati ceulx de Persiaque et de Gales, qui estoient entrez en son pays.

Environ le mois de mars de cest an, se meut grant dissencion entre le roy Henry d'Angleterre et ceulx de Persiaque et de Gales', avec lesquelz estoient plusieurs Escoçoys. Si entrèrent à grant puissance ou pays de Northombelande, et là les trouva le dessusdit roy Henry, qui pour les combattre avoit fait grant assemblée. Mais, de première venue, desconfirent et ruèrent jus son avangarde, et pour ce, sa seconde bataille n'osa aler contre eulx. Et adonc le Roy, qui menoit l'arrière garde, espris de grant voulenté, voiant aussi ses gens doubtablement assembler à ses adversaires, se mist et plongea vigoureusement dedans la bataille de ses ennemis, en laquelle il se conduisi et porta si chevalereusement, comme il fut sceu et relaté par plusieurs nobles des deux parties, que ce jour il occist et mist à mort de sa propre main plus trente six hommes d'armes, jà soit ce que par trois foiz il fut abatu de cops de lance du conte de Gales, d'Escoce';

1. C'est-à-dire les partisans de Henri de Percy, comte de Northumberland, et les Gallois soulevés par Owen Glendower. Les premiers soulèvements des Galles datent de l'an 1400. (Voy. Walsingham, Brev. hist., p. 405.)

2. Vérard et l'édit. de 1572 donnent de Glas. C'est Douglas, comine au reste notre texte lui-même le porte quelques lignes plus bas.

si eust esté prins et occis dudit conte, se ses gens ne l'eussent défendu et rescoux, Là fut occis Henri de Persiaque et Thomas de Persiaque, son oncle', Si y fut prins le conte de Douglas, d'Escoce, et plusieurs autres. Après laquelle besongne, icellui roy Henry se partit du camp, joyeux de sa victoire, et envoia en Gales plusieurs de ses gens d'armes pour assiéger une ville en laquelle estoient aucuns favorables aux dessusdiz Persiaques.

DE L'AN MCCCCII.

[Du 26 mars 1402 au 15 avril 1403.]

CHAPITRE VIII.

Comment Jehan de Verchin, séneschal de Haynnau, envoya ses lectres en divers pays pour faire armes.

Au commencement de cest an, Jehan de Verchin, chevalier de grant renom, et séneschal de Haynnau, envoia en divers pays par un sien hérault plusieurs lectres aux chevaliers et escuiers, afin de este (sic) fourny à faire aucunes armes qu'il avoit entreprinses à faire. Desquelles lectres la teneur s'ensuit :

A tous chevaliers, escuiers et gentilz hommes de

1. Le ms. Suppl. fr. 93, Vérard, et l'édit. de 1572 portent que Thomas de Percy seul fut tué, et qu'Henri de Percy ne fut que prisonnier. « Là fut occis Thomas de Parsiaque, et Henry, son nepveu, prins.

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nom et d'armes, sans reprouche, je, Jehan de Verchin, chevalier, séneschal de Haynnau, fays savoir à tous, qu'à l'aide de Dieu, de Nostre Dame, de monseigneur saint George et de ma dame, seray, le premier dimanche du moys d'aoust prouchain venant, à Coussi, se je n'ay léale essoine', pour faire les armes qui cy-après sont escriptes, pardevant mon très redoubté seigneur, monseigneur le duc d'Orléans, lequel m'a accordé la place. S'il est donques gentil homme, tel que dessus est dit, qui accorder les me vueille : premièrement, le gentil homme qui accorder me vouldra mon emprinse, sera monté à cheval en selle de guerre sans nulle maistrise, et serons armez pour noz corps comme il nous plaira et aurons targes sans couverture ne ferreure, de fer ne d'acier, et aurons chascun une lance de guerre où ne pourra avoir agrape ne rondelle, et une espée. Si assemblerons desdictes lances une fois, et assenez desdictes lances ou non, chascun ostera sa targe a par lui et prendra son espée sans aide d'autrui. Si en ferons vingt cops sans reprinse. Et je, pour honneur de la compaignie et pour le plaisir que le gentil homme m'aura fait d'acomplir madicte entreprinse, le délivreray prestement à pié se je n'ay essoine de mon corps, sans ce que nous prenons ne ostons, lui ou moy, pièces de harnois pour les espées à cheval si non que chascun pourra prendre autre visière et ralonger ses plates s'il lui plaist, de tel nombre de cops d'espée qu'il me aura voulu deviser, et de dagues aussi, quant il m'aura affermé d'acomplir ma dessusdicte emprinse, pourtant

1. Empêchement ou excuse légitime. (Voy. la note de la p. 26.)

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