ページの画像
PDF
ePub

thèque impériale, sous la cote Suppl. Fr. 93. C'est un volume in-fol., pap. de 343 feuillets écrits à deux colonnes. Il commence brusquement et sans aucun titre par les mots : Selon ce que dist Saluste, etc., qui sont les premiers mots du prologue. Vient ensuite, au fol. 2, la table des chapitres qui va jusqu'au fol. 10, lequel est suivi de deux feuillets blancs. C'est au folio 13 que commencent les chapitres, qui sont au nombre de 268. Ce manuscrit porte la date de 1459 sur le verso du dernier feuillet, où on lit : « Je Olivet du Quesne, natif de Lille lez Flandres, accomplis de coppier ce présent livre, le xi jour de may, l'an mil шLIX. Scriptor qui scripsit cum Christo vivere possit.» C'est un fort bon manuscrit, dont le texte est pour le fond tout aussi sûr que celui du n° 8347. Cependant, sans être précisément en dialecte picard, il en a quelques formes, et par exemple le ch pour le c, comme commenchement, pour commencement; bachinès, pour bacinès, etc. Ce manuscrit présente une particularité assez remarquable et que nous n'avons rencontrée que là. Il donne en entier un assez grand nombre de pièces officielles dont le n° 8347 ne donne que la substance. Le cas a lieu principalement pour les années 1413 et 1414. Quant à la chose en elle-même, il est assez facile, ce nous semble, de se l'expliquer. Il est évident qu'il y a entre le livre et le manuscrit une différence capitale. Le livre, par sa nature même, est immuable. Le manuscrit, au contraire, est susceptible de toutes sortes de variations et de différences, car celui qui faisait exécuter un manuscrit avait toujours la

faculté de le faire accommoder à son usage. La preuve en est bien dans la question qui nous occupe. Quand on copiait un Monstrelet pour l'lle-de-France, par exemple, on le copiait avec les formes grammaticales de l'Ile-de-France; quand c'était pour la Picardie, avec des formes picardes. De là des différences très-notables de style dans les divers manuscrits d'un même ouvrage. Mais ce n'étaient pas seulement les formes grammaticales qui pouvaient changer, c'était encore, quand on le voulait, le fond, auquel on pouvait toujours ajouter ou retrancher à son gré. Et ici encore nous citerons ce qui nous arrive pour Monstrelet. Nous parlerons tout à l'heure d'un manuscrit de Monstrelet qui a appartenu à Charles IX. C'est un de ces manuscrits abrégés que nous avons signalés. Ici par exemple, le récit interminable du défi de l'écuyer arragonais est résumé en deux mots, tandis qu'au contraire les défis réciproques du duc d'Orléans et du roi d'Angleterre, qui sont aussi fort longs, se trouvent tout entiers dans le manuscrit en question. C'est que le royal possesseur du manuscrit prenait tout naturellement grand intérêt à l'un des récits, et non pas à l'autre.

Passons maintenant à la seconde classe des manuscrits de Monstrelet, ceux qui contiennent les livres I et II. Nous n'en avons qu'un de ce genre à signaler. Il se trouve à la Bibliothèque impériale. Il est en deux volumes, cotés 8345 et 8346, in-fol. pap. à deux colonnes et à rubriques, reliés en maroquin rouge, aux armes de France sur les plats. Le premier, ou le n° 8345, a 395 feuillets écrits, plus 6 restés en blanc,

2 au commencement et 4 à la fin. Il est à remarquer qu'il a un intitulé, tandis que les deux manuscrits que nous venons de décrire n'en ont pas. Le voici : « Chi commenche le premier livre de Engherant de Monstrelet, parlant espécialement des fais et advenues des royaumes de France et d'Engleterre, et entredeux, d'autres matères. Et commenche au roy Charles de France, VIo de che nom, lequel est dit Charles le Bel et Charles le Bien Amé. » On lit au dernier feuillet: «Explicit le premier volume de Engherand de Monstrelet. » C'est une version picarde, comme on a pu s'en apercevoir, rien qu'à l'intitulé que nous venons de transcrire. Mais en dehors des formes grammaticales, il est pour le fond du texte et pour la distribution entièrement semblable au n° 8347. Comme lui, il a seulement 258 chapitres, tandis que tous les autres manuscrits et tous les imprimés en comptent 268. Différence, au reste, qui ne porte que sur la coupure du texte, lequel reste le même au fond, dans les uns et les autres. Le second volume, c'est-à-dire le n° 8346, a 261 feuillets numérotés. Au haut du premier feuillet se lit l'invocation: In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti. Amen. Puis au-dessous la rubrique : « Chest chi le second volume des histoires Engherant de Monstrelet. » Au verso du feuillet se trouve la petite pièce connue sous le nom du Recouvrement de la duché de Normandie et de Guienne, par le hérault Berry.

Nous voici arrivé à la troisième classe de nos manuscrits, ceux qui contiennent les trois livres. Ces derniers, inférieurs aux précédents par rapport au texte,

leur sont infiniment supérieurs par l'exécution. La Bibliothèque impériale en possède deux. L'un, sous les no 8299-5 et 8299-6, anciennement Colbert 19 et 20, est formé de deux magnifiques volumes grand in-fol. vél., dorés sur tranche, et reliés en maroquin fauve au chiffre du roi Louis-Philippe. Le premier volume a d'abord onze feuillets préliminaires, qui sont numérotés. On lit en tête du premier de ces onze feuillets : <«< Le premier volume de Enguerran de Monstrellet, ensuyvant Froissart, des cronicques de France, d'Angleterre, d'Escoce, d'Espaigne, de Bretaigne, de Gascongne, de Flandres et lieux circonvoisins. » Vient ensuite le prologue, puis la table des chapitres, au nombre de 268. Au commencement du texte la pagination recommence de 1 à 389, ce qui donne pour le tout 400 feuillets. Ce volume contient vingt-deux miniatures, de grande proportion et fort bien exécutées. Le second volume est comme le premier, un très-bel in-folio de 471 feuillets. Le premier commence par ces mots : Ung très noble philosophe nommé Végèce, » qui sont ceux du prologue du second livre. Vient ensuite la table qui s'arrête au bas du recto du folio 10, dont le verso est en blanc. Au folio 11 s'ouvre, par une magnifique miniature à double sujet, la suite des chapitres au nombre de 280, puis on lit au recto du folio 287: «< Cy finist le second volume des croniques de messire Enguerrand de Monstrelet. Pour monseigneur le Légat. » La table du troisième livre se trouve au folio 288, et au folio 296, le texte. Là il reste un blanc qui attend encore sa miniature. Au dernier feuillet on

[ocr errors]

lit « Cy finist le tiers volume d'Anguerran de Monstrellet, des cronicques de France et d'Angleterre et de Bourgoingne et autres pays circonvoisins, etc. » Ce livre a 140 chapitres. Le volume a cinquante-deux miniatures. A l'indication de la fin du second livre, on a remarqué les mots : Pour monseigneur le Légat. Si, comme il nous semble, ils s'appliquent au cardinal d'Amboise, légat en France en 1499 et mort en 1516, c'est entre ces années qu'il faut chercher la date de ce beau manuscrit.

Le second des deux manuscrits de Monstrelet contenant les trois livres, appartient encore à la Bibliothèque impériale, où il est conservé sous la cote La Vallière 32. C'est un fort beau manuscrit en trois volumes in-folio, répondant chacun à l'un des trois livres de la chronique. Au dernier feuillet du troisième volume on lit: «< Cy finist le tiers volume d'Anguerran de Monstrelet, des croniques de France, d'Angleterre, de Bourgongne et autres pays circonvoisins, suyvant celles de Froissart. Escriptes par moy Anthoine Bardin, serviteur de monseigneur messire Françoys de Rochechouart, chevalier, seigneur de Champdenier, seneschal de Tholouze, gouverneur et lieutenant général à Gennes pour le roy Loys, douziesme de ce nom, son conseiller et chambellan ordinaire. Et fut achevé au palays dudit Gennes, la vigille de Nostre Dame d'aoust, l'an mil cinq cens et dix. » Ce manuscrit contient un très-grand nombre de dessins à la plume exécutés en façon de camaïeux et dont la plupart sont enrichis d'or et de vives couleurs. Comme ces dessins sont dus

« 前へ次へ »