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Bar et de Brabant, et les contes de Mortaigne, de Nevers, de Saint-Pol, de Tancarville, le Recteur de l'Université, les suppos et députez par icelli et plusieurs autres grans seigneurs, avec grant multitude de clergié, le peuple de Paris, le conte de Wilbich', Anglois, les ambaxadeurs d'Escoce et de Gales qui estoient adonc oudit lieu de Paris. Et fu ceste proposicion faicte en la grant sale du palais'. Si print, icellui maistre Jehan, son theume en la vi psaume du psaultier Convertetur dolor ejus in caput ejus, et in verticem ipsius iniquitas ejus descendet. C'est à dire sa douleur sera convertie en son chef, et son iniquité descendra sur le sommet de sa teste. Et fist six conclusions. La première fut que Pierre de La Lune estoit scismatique obstinéement, voire hérétique, troubleur de la paix et union de l'Eglise. La seconde, que Pierre ne doit point estre nommé Bénédic pape, cardinal, ne par aucun nom de dignité, ne à lui comme pasteur de l'Eglise on ne doit point obéir sur la peine ordonnée contre ceulx qui baillent faveur aux scismatiques. La tierce conclusion, que les faiz, les dits, les collacions, provisions, sentences et procès dudit temps de ladicte lectre faicte en manière de bulle, ne quelz

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1. L'histoire de ce temps mentionne bien à la vérité un seigneur anglais du nom de Willughby, mais il n'était pas comte. Au reste, le ms. Suppl. fr. 93 met le conte de Warhvic et le ms. 8345, Warwich.

2. Le Religieux de Saint-Denis met ad curiam minorem regalis Palacii. On peut concilier ces deux versions en disant que le Religieux de Saint-Denis entendait par cette curia minor, une salle moindre, moins importante, par rapport au Parlement, que celle où il tenait ses séances propres.

3. Benoît XIII.

conques peines corporelles ou espirituellez, clères ou obscures, qui contenues y sont, sont de nulle valeur. La quatriesme conclusion, que ladite lectre d'elle mesmes est mauvaise, séditieuse, pleine de fraude, troublant la paix et offensant la majesté royale. La cinquiesme conclusion est, que audit Pierre de La Lune, ne à ses lectres ou mandemens, nul ne doit obéir sur peine de bailler faveur aux scismatiques. La sixiesme conclusion, qui est à procéder contre ledit Pierre et ceulx à lui favorables et recevans ses lectres.

par

Après lesquelles six conclusions déclairées furent faictes requestes au roy de France par le dessusdit proposant et par l'Université. La première requeste, que bonne informacion, feust faicte diligemment et soient prins tous les sustenteurs et recepteurs pour les punir et corriger selon le cas, desquelz moult en y a en ce royaume, dénommez l'Université en temps et en lieu. La seconde requeste, que le Roy dore en avant, ne nul de son royaume de quelque estat qu'il soit, ne reçoive lectre dudit pape Pierre de La Lune. La tierce, qu'il soit commandé de par le Roy à ladicte Université, sa fille, que par icelle la vérité soit preschée par tout le royaume. La quarte requeste, que l'évesque de Flory' qui a esté envoié devers ledit Pierre en ambaxade soit révoqué, et soient prins et retenus maistre Pierre de Courcelles, Çansien Leleu', le doien de Saint Germain d'Auxerre, et iceulx punis selon leurs démérites. En oultre que la lectre faicte en manière de bulle soit deschirée comme injurieuse et

1. Le ms. Suppl. fr. 93 met mieux sur la voie. Il porte : l'évesque de Saint-Flory. C'est Saint-Flour.

2. Xanctius Lupi, dans Dupuy. C'est Sanche Lopez.

offensive à la majesté royale. Avec protestacions de procéder à plus grans choses touchant la foy, et de expliquer et démonstrer les choses dessusdictes deuement [à] ceulx auxquelz il appartendra, en temps et

lieu.

Et adonc, devant tous ceulx qui là estoient, ladicte lectre fut deschirée et rompue par le recteur de l'Université. Le doien de Saint-Germain l'Auxerrois fut là prins et mis en chartre. Et tantost après fut prins l'abbé de Saint-Denis en France, et maistre Jehan de Sains, jadis secrétaire du Roy', et plusieurs hommes de nom, et tenus prisonniers au Louvre. Ouquel temps aussi, par la diligence des gens du Roy, le messager qui avoit apporté les bulles devant dictes fut tellement poursuy qu'il fut prins vers Lion sur le Rosne et amené prisonnier à Paris. Avec les dessusdiz, fut prins Sansion Leleu, qui avoit esté prins en l'église de Clervaux. Si estoient lors, le Roy et tous les princes avec le clergié, moult ennuieux et courrouciez contre ledit pape. Et certain brief espace de temps après qu'il fut venu à sa congnoissance comment il avoit esmeu le roy de France, ses princes et l'Université de Paris contre lui, fut de ce en moult grant doubte et cremeur. Et pour ce, se parti du port de Venise' seulement avec quatre cardinaux, par mer, et de là s'en ala en Aragon, et puis après, à Perpignan.

Ouquel temps aussi le roy Loys print congié au roy de France en partant de Paris pour aler en Prouvence contre aucuns favorables au roy Lancelot son adversaire.

1. On a nombre de lettres de lui, signées J. de Sanctis. 2. Lis. Porto-Venere, comme plus haut.

Si estoit lors la royne de France à Meleun. Auquel lieu ala le Roy et se y tint par aucun peu de jours, puis retourna à Paris, où estoient encores les ambaxadeurs du roy d'Escoce. Lesquelz après qu'ils eurent receu grant somme de pécune pour faire guerre aux Anglois, prindrent à lui congié et s'en retournèrent en leur pays. Et d'autre part le Roy octroya à ceulx de Gales, ung an durant, à ses despens, trois cens hommes d'armes et deux cens arbalestriers, desquelz fut conducteur le Borgne de La Heuse, chevalier de grant renom, natif de Normendie. Et lui fist ledit Roy délivrer navire et argent pour faire icellui voyage en -la princeté de Gales.

CHAPITRE XLII.

Comment le duc de Bourgongne se parti de Paris pour le fait du Liège. Du roy d'Espaigne, et du roy de Hongrie qui escripvy à l'Université de Paris.

Item, le cinquiesme jour du moys de juillet oudit an, le duc de Bourgongne, avecques lui ses deux frères, se party de Paris, en grant indignacion de plusieurs princes et gouverneurs du royaume, et s'en ala à Arras faire la feste de l'évesque de la cité de ladicte ville, nommé Martin Poirée, de l'ordre des Prescheurs, lequel estoit son confesseur', et de là s'en ala à Gand veoir la duchesse sa femme. Si fist grans préparatoires pour aler secourre Jehan de Bavière, son beau-frère, évesque de Liège, lequel pour lors,

1. Le duc lui avait prêté mille écus pour avoir ses bulles. Voy. Labarre, Mém. pour servir à l'hist, de France et de Bourgogne, IIe part., p. 92.

par les Liégois estoit bouté hors de son pays et l'avoient assegé dedens la ville de Traict', où il s'estoit là retraict à refuge avec plusieurs gentilshommes tenans son parti. Et y estoit le seigneur de Pierrelles le chef et conducteur des Liégois, et son filz qu'ilz avoient esleu à leur évesque ou lieu dudit Jehan de Bavière. Et d'autre part le duc Guillaume, conte de Haynau, auquel icellui Jehan de Bavière estoit frère, le conte de Conversen, le seigneur d'Anghien, avecques lui plusieurs grans seigneurs de ses pays, fist assembler très grant nombre de gens d'armes, lesquels, avec les seigneurs de Croy et de Heilli, que lui envoia le duc de Bourgongne, bien acompaignez de grant foison de gens de guerre, se tira vers le pays de Liège pour y faire guerre à la cause dessusdicte. Et premièrement ardirent une maison et cense d'une église de l'ordre de Cisteaulx, et puis chevauchèrent devers Fosses et Florines et sur tout le pays de la rivière de Sambre, ouquel ilz firent moult grans dommages par feu et par espée. Et de fait prindrent aucunes petites fortresses d'assault, dedens lesquelles furent mis à mort cruellement ceulx qui léans estoient. Et n'estoit lors en icellui pays espargné quelque créature de quelque estat qu'il feust, que tout ne feust mis à l'espée. Si furent en ce voyage Pierre du Luxembourg, conte de Conversent, Englebert d'Enghien et plusieurs autres. Et après ce que ce que icellui duc eut moult fort dégasté le pays, doubtant que lesdiz Liégois ne venissent pour le combatre, lesquelz estoient moult puissans et en trop

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1. Maëstricht.

2. Fosse et Florennes, deux villes de la partie du pays de Liége enclavée dans le Hainaut et le comté de Namur.

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