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cardinal, lui partant de Paris, par Boulongne sur mer s'en ala à Calais, et puis en Angleterre au concile qui dedens brief temps y devoit estre assemblé. Et lors l'abbé de Saint-Denis et ung docteur en théologie, qui estoient en prison au Louvre par le commandement du Roy, furent mis dehors à la requeste du cardinal de Bar, et furent du tout délivrez contre la voulenté de l'Université de Paris. Et pareillement, maistre Pierre d'Ailly, excellent docteur en théologie, évesque de Cambray, lequel estoit arresté à l'instance de ladicte Université pour tant qu'il n'estoit point à elle favorable, fut aussi délivré par le pourchas du conte Waleran de Saint-Pol et du grant conseil du Roy.

Si estoient lors par toutes les parties de chrestienté grans divisions entre les gens d'église par le moien des deux contendans à la papalité, lesquelz on ne povoit concorder, ne faire renoncer à l'Église universelle.

CHAPITRE XLVII.

Comment le duc Jehan de Bourgongne vint en aide de Jehan de Bavière, évesque de Liège, son beau-frère, où il se combati contre les Liégois, lesquelz il vainqui en bataille.

Or est ainsi qu'en ce temps le duc Jehan de Bourgongne dessusnommé, estoit moult ententif et curieux d'assembler gens de guerre pour secourir et aider son beau-frère l'évesque de Liège1, lequel, comme dit est ailleurs, les Liégois avoient débouté de son pays et

1. Il se nommait Jean de Bavière, et le duc Jean sans Peur avait épousé sa sœur, Marguerite de Bavière.

icellui asségié en la ville de Trect'. Et pour tant, pour lui faire secours manda de tous ses pays le plus de gens qu'il pot finer, et aussi en autres lieux voisins ses amis et aliez, c'estassavoir ceulx de la duché et conté de Bourgongne, de Flandres, d'Artois et des marches de Picardie, lesquelz y vindrent en très grant nombre et noble appareil. Vindrent aussi plusieurs Savoyens; et avecques ce, manda le conte de Mareuse', escoçois, lequel estoit à Bruges, à tout environ quatre vingts combatans, prest pour retourner en Escoce, lequel y vint. Et s'assemblèrent tous environ le Tournésis. Auquel lieu ledit duc vint devers eulx, et ot aucun parlement avecques ses plus féables capitaines en la ville de Tournay. Et de là, le onziesme jour du moys de septembre se tira, à tous ses gens d'armes, en grant nombre de charroy chargez de vivres et d'artillerie vers Engien', ouquel lieu il fut reçeu par le seigneur dudit lieu très joieusement. Et lendemain ala à Nivelle en Brabant, à une lieue près de Pierrelves, appartenant héréditablement au seigneur de Pierrelves dessusnommé, gouverneur du pays de Liège. Et de là se tira en la ville de Florines. Auquel lieu vindrent devers lui, envoiez de par le roy de France comme ambaxadeurs, messire Guichard Daulphin et sire Guillaume de Tignonville, naguères prévost de Paris avecques lesquelz estoient messire Guillaume Bourra

1. Maestricht.

2. Ducange propose de lire Mara ou Murray, deux comtés d'Écosse.

3. En 1408 le 11 septembre tombait un mardi.

4. Enghien.

5. Florennes.

tier, secrétaire dudit roy. Lesquelz, après qu'ilz eurent audience de parler audit duc, lui remonstrèrent comment ilz estoient là envoiez de par le Roy et son grant conseil pour deux choses la première, afin que les Liégois dessusdiz et leur évesque se voulsissent submectre du discord qu'ilz avoient l'un contre l'autre sur le Roy et sur son grant conseil; secondement, le Roy signifioit au duc de Bourgongne par ses lectres royaulx, la poursuite que la duchesse d'Orléans douagère et ses enfans faisoient contre lui pour la mort du duc d'Orléans défunct, et les responses que faisoient iceulx ses adversaires contre les accusacions que autrefois il avoit faictes à l'encontre d'icellui duc d'Orléans, et comment elle requéroit très instamment justice et ses conclusions lui estre adjugées contre ledit duc de Bourgongne, en disant que le droit lui devoit estre fait, et par nulles raisons le Roy ne se devoit ne povoit excuser qu'il n'en feist justice. A quoy fut respondu en brief par ledit duc de Bourgongne, quant à la première requeste, qu'il vouloit, pour tant qu'il lui touchoit, obéir au Roy et à ses commandemens, mais son beau-frère, Jehan de Bavière, duquel il avoit la seur espousée', lui avoit requis à grant instance qu'il lui feist et donnast secours à l'encontre des communes et subjectz du pays de Liège, qui contre lui s'estoient rebellez, et de fait l'avoient asségé. Et en avoit eu pareillement requeste du duc Guillaume, conte de Haynau, son beau-frère, et aussi frère à Jehan de Bavière. Pour quoy, quant à ce ne povoit dissimuler, ne rompre son armée, pour ce que entretant

1. Voy. la note de la page 330.

que ambaxadeurs yroient d'un costé et d'autre, iceulx communes pourroient mectre ledit Jehan de Bavière, leur évesque, en trop grant danger et neccessité, qui en conclusion pourroit estre exemple à telles manières de gens que sont communaultez, commencement de rebellion universelle; et que avecques ce, le Roy et les seigneurs de son grant conseil, légèrement et sans préjudice se povoit (sic) bien déporter de telles et pareilles requestes, actendu que nulles des parties dessusdictes n'estoient subjectes au royaume de France.

Et quant au second point, icellui duc Jehan de Bourgongne fist sa response, que lui retourné de ce voiage et entreprinse il yroit devers le Roy, et feroit envers lui et tous autres tout ce qu'à bon subject et si prouchain parent du Roy comme il estoit, appar

tenroit.

Après lesquelles responses, iceulx ambaxadeurs voians qu'ilz ne povoient pour lors avoir autre provision sur le contenu de leur dessusdicte ambaxade, furent assez contens, et, enfin, se conclurent, les deux chevaliers dessusdiz, d'estre à la journée que actendoit le dessusdit duc de Bourgongne d'avoir à l'encontre d'iceulx Liégois. Durant lequel temps, vint devers ledit duc de Bourgongne, du pays de Haynau, ledit Guillaume, son sérourge', acompaigné des contes de Conversen, de Namur et de Salmes en Ardenne, avec plusieurs notables seigneurs, tant chevaliers comme escuiers, de ses pays de Haynau, Hollande, Zélande, Ostrevant et autres lieux, jusques au nombre de douze cens bacinès ou environ, et deux mille pié

1. Son beau-frère, sororius.

tier, secrétaire dudit roy. Lesquelz, après qu'ilz eurent audience de parler audit duc, lui remonstrèrent coniment ilz estoient là envoiez de par le Roy et son grant conseil pour deux choses: la première, afin que les Liégois dessusdiz et leur évesque se voulsissent submectre du discord qu'ilz avoient l'un contre l'autre sur le Roy et sur son grant conseil; secondement, le Roy signifioit au duc de Bourgongne par ses lectres royaulx, la poursuite que la duchesse d'Orléans douagère et ses enfans faisoient contre lui pour la mort du duc d'Orléans défunct, et les responses que faisoient iceulx ses adversaires contre les accusacions que autrefois il avoit faictes à l'encontre d'icellui duc d'Orléans, et comment elle requéroit très instamment justice et ses conclusions lui estre adjugées contre ledit duc de Bourgongne, en disant que le droit lui devoit estre fait, et par nulles raisons le Roy ne se devoit ne povoit excuser qu'il n'en feist justice. A quoy fut respondu en brief par ledit duc de Bourgongne, quant à la première requeste, qu'il vouloit, pour tant qu'il lui touchoit, obéir au Roy et à ses commandemens, mais son beau-frère, Jehan de Bavière, duquel il avoit la seur espousée', lui avoit requis à grant instance qu'il lui feist et donnast secours à l'encontre des communes et subjectz du pays de Liège, qui contre lui s'estoient rebellez, et de fait l'avoient asségé. Et en avoit eu pareillement requeste du duc Guillaume, conte de Haynau, son beau-frère, et aussi frère à Jehan de Bavière. Pour quoy, quant à ce ne povoit dissimuler, ne rompre son armée, pour ce que entretant

1. Voy. la note de la page 350.

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