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sciences, qu'ils en considéroient comme la base, la lumière et le guide indispensable. Leurs ouvrages renferment des preuves immortelles de la profondeur de celles qu'ils avoient acquises, et spécialement dans la première et dans la dernière. L'Académie fut assez heureuse pour trouver trois maîtres d'un mérite distingué, un dans chacune de. ces sciences, qui voulurent bien se dédier à les enseigner publiquement et gratuitement dans les écoles de l'Académie. Ces nouvelles sources de lumières en augmentèrent infiniment l'éclat.

M. Quadroulx, chirurgien habile et d'une grande réputation, fut celui qui se chargea d'y donner des leçons et faire des démonstrations d'anatomie. L'ostéologie en étant la base, il en fit d'abord un cours, et, pour en donner des idées et plus nettes et plus durables, il en expliqua les diverses parties sur le squelette d'un homme, que pour cet effet il avoit fait transporter en l'Académie. Par la suite elle s'en accommoda avec lui pour s'en servir toujours au même usage.

Il étoit rare que M. Le Brun demeurât inutile, toutes les fois que l'Académie avoit besoin de certains moyens d'encouragements. A peine cette nouvelle école fut-elle ouverte qu'il lui fit présent de plusieurs membres détachés, moulés en plâtre sur le cadavre d'un homme écorché, d'un des plus beaux naturels qu'il fût possible de voir. Avec ce

secours et celui des figures gravées qui se voient dans Vesale, de celles des autres grands anatomistes, et de l'écorché de Michel-Ange, le démonstrateur trouva le moyen de donner en peu de temps à ceux des étudiants qui se livroient de bonne grâce à ce travail une connaissance exacte et solide de la situation de la figure, des insertions et des fonctions des divers muscles du corps humain, etc. Tous ceux qui surent profiter des préceptes de cet excellent homme convinrent depuis avec reconnaissance qu'ils en avoient recueilli le fruit pendant tout le reste de leurs jours.

Vers ce même temps, M. Chauveau, fort bon géomètre, s'offrit de son côté à enseigner dans nos mêmes écoles les principes de la géométrie. Il s'acquitta de ce soin durant assez de temps avec beaucoup d'ordre, de clarté et de succès.

Leur exemple inspira peu après un semblable dessein par rapport à la perspective à un maître qui avoit donné des preuves publiques de sa capacité en cette science. Ce fut M. Bosse, excellent graveur en eau forte, et émule de M. Des Argues, auteur comme lui d'un traité de perspective, qui tous deux étoient estimés. Il étoit dans une liaison intime avec M. de la Hire. Sous prétexte de ne se hors de propos, vouloir compromettre pas gagea cet ami à pressentir l'Académie sur cette idée et lui insinua adroitement, au cas qu'elle en

il en

agréât l'exécution, qu'il ne seroit pas fâché qu'elle l'y invitât d'une manière convenable. M. de la Hire, entrant en fonction d'ancien en mois. proposa l'affaire à l'assemblée, et comme de lui-même, et la tourna au gré de l'inspiration qu'il avoit reçue à ce sujet. Dans l'estime où M. Bosse étoit chez tous les académiciens, sa proposition fut approuvée tout d'une voix. L'invitation qui devoit lui en être faite fut résolue de même, et M. de la Hire avec deux autres officiers de l'Académie furent députés pour satisfaire à cette civilité. M. Bosse, qui n'attendoit que cette démarche pour commencer ses leçons, ne tarda point d'en faire l'ouverture. L'Académie en fut extrêmement contente. Lui-même parut y prendre tant de goût et être si charmé d'elle qu'environ une année après il publia un petit traité sur la distinction des diverses manières en fait de peinture, de dessin et de gravure; sur celle des originaux d'avec leurs copies, sur le bon choix des sujets en matière de composition, sur les voies les plus courtes et les plus faciles pour réussir dans le portrait, avec diverses observations concernant la perspective. Il dédia cet ouvrage à l'Académie, qui le reçut très favorablement. La grande étendue de matières qu'il affecta d'y embrasser l'a depuis rendu suspect de certains projets captieux préparés de longue main. L'on verra ci-après sur quoi se fondèrent ces soupçons.

L'embellissement et la décoration intérieure de l'Académie ne pouvoient être un objet indifférent pour des hommes à qui rien ne l'étoit de ce qui pouvoit contribuer à la relever et la mettre en honneur. Un autre motif, et bien plus pressant, les portoit encore vers ce même objet: c'étoit d'ériger en monuments de leur immortelle gratitude les portraits des augustes auteurs de l'institution académique et ceux des illustres personnages qui, par leurs suffrages ou leur secours, avoient concouru à cet événement. Ceux d'entre les académiciens qui avoient du talent pour le portrait se présentèrent comme à l'envi pour remplir ce devoir. M. Teste lin le puîné fut choisi par l'Académie pour faire le portrait du roi. Elle s'en remit à lui pour la grandeur, la forme et la composition de cet ouvrage. Il se servit de la tête la plus récemment faite d'après Sa Majesté par M. Le Brun, et qui étoit la plus belle et la plus ressemblante qui fût alors. Son tableau fut bientôt en état et eut l'approbation générale de toute la compagnie. M. Beaubrun donna le portrait de la reine régente; M. Juste d'Egmont fit présent de celui de M. le duc d'Orléans. M. Le Brun, qui avoit déjà tant donné, procura diverses figures de ronde bosse, moulées sur l'antique même, telles que la Vénus, le Bacchus, le Faune, l'Apollon grec, etc., lesquelles, en ornant fort noblement les coins des salles po

sées sur des piédestaux, étoient d'un grand usage pour les étudiants. Les autres académiciens peignant le portrait se chargèrent volontairement d'en fournir chacun un de leur façon des personnes éminentes auxquelles l'Académie s'estimoit redevable, selon l'accès qu'ils pouvoient avoir auprès d'elles ou les facilités qu'ils trouveroient à cet égard. Les historiens s'engagèrent à donner un ta bleau de leur composition, les sculpteurs une figure ou un bas-relief. Bref, ce fut une espèce de combat de zèle à qui s'acquitteroit le mieux d'une libéralité que chacun se piqua d'honneur de convertir en devoir.

Ce mouvement si brillant et si beau ne se soutint pas également chez tous les confrères. On le vit bientôt se ralentir dans la plupart d'entre eux. La salle affectée aux exercices publics parut peu susceptible à ceux-ci de cette sorte d'ornement, chargée comme elle l'étoit sans cesse des noires fumées de la lampe voilà déjà un prétexte dont s'arma la peinture pour ne point aller en avant. L'agitation perpétuelle des jeunes élèves exposoit à tout moment les morceaux de relief à être mutilés ou à être mis en pièces : en voilà un pour la sculpture. D'autres encore s'entèrent sur ceuxlà, et l'engagement contracté sembla pendant quelque temps être tombé dans l'oubli.

Mais certain fonds de zèle qui subsistoit tou

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