ページの画像
PDF
ePub

C. G. BACHET DE MÉZIRIAC

ACADÉMICIEN

ÉTUDE SUR SA VIE ET SỬR SES ÉCRITS

PAR R. KERVILER

L'historien des académiciens-fondateurs, M. René Kerviler, poursuit, avec une persévérance qu'affermit et récompense le succès, la tâche qu'il s'est donnée. Il s'est proposé d'éclairer les origines de l'Académie, et de faire revivre pour nous ses premiers membres, dont les noms sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés, et dont l'immortalité, sans ses recherches érudites, serait fort compromise. Une vingtaine des Pères-conscrits de l'Académie a déja passé par son atelier. Après Gombauld, Sirmond, Gomberville, Godeau, Salomon, Desmaretz, venait le tour de Claude-Gaspard BACHET, seigneur de MÉZIRIAC, et c'est le dernier portrait sorti de son pinceau.

Quel était donc ce Bachet de Méziriac, si peu connu aujourd'hui?

C'était, au dire de Bayle, « un assez bon poète, en français et en latin; un excellent grammairien, un habile helléniste et un grand critique. » C'était, d'après d'autres érudits, « un savaut de premier ordre, et même le plus savant homme de France de son temps. »

Ami de Faret, de Vaugelas, de Racan, il fit, à l'origine, quoique retiré à Bourg-en-Bresse, sa ville natale, partie de l'Académie, et il est sans doute le seul membre qui n'ait jamais assisté à une séance de la Compagnie. Ce n'est pas qu'il cherchât dans son

(1) Chez J. Martin, libraire, 18, rue Séguier.

éloignement une excuse pour s'exempter des devoirs attachés a son titre: quand vint son tour de discourir à l'Académie, il comd'encenseurs et d'apologistes privilégiés; » et il ajoute qu'il espère bien le démontrer quelque jour, notamment dans son Valentin Conrart, dont nous attendons avec impatience la publication.

Ce que M. Kerviler présente comme un problème à résoudre est depuis longtemps pour nous, accoutumé à fouiller les archives académiques, un problème résolu. Si nous voulions le prouver dès à présent, les documents ne nous manqueraient pas, mais il faudrait en faire un volume.

Rappelons seulement qu'à l'origine, il n'est pas un académicien qui n'ait hautement proclamé « que le principal objet de l'Académie était de travailler à immortaliser le génie et les vertus de son auguste protecteur ; » que pour tous, ce protecteur était grand, incomparable, supérieur à tout le reste, astre bienfaisant, admiration de la terre, etc., etc.; que pas une harangue ne fut exempte de ces basses flatteries; que les Tallemant, Barbier-d'Aucour, Lavau, Mgr de Clermont-Tonnerre, Le président Roze, Charpentier, le thuriféraire officiel, et bien d'autres, vécurent à genoux devant le grand Cardinal et surtout devant le grand Roi (1).

Le vieux abbé Morellet ne se trompe pas plus que nous sur le but de la création de l'Académie. « Richelieu, a-t-il écrit dans ses Mémoires, ne fonda l'Académie française que pour avoir un corps de compères toujours subsistant, occupés à le faire valoir, lui, le roi et le chancelier Seguier.

<«< On sait, ajoute-t-il, que le pauvre abbé de Saint-Pierre

(1) Charpentier appelait Louis XIV tantôt «<le Conquérant rapide, le Vainqueur terrible et foudroyant, l'Invincible, le Prince anx vertus incomparables, etc., etc. », tantôt « le Père de la patrie, le Jupiter d'Homère», d'autres fois « Lion, Foudre, Soleil, Grand astre.» «Je l'ai vu, disait-il, un jour, dans une séance publique, lancer ses foudres dans la saison même où le Jupiter de l'Olympe et du Capitole était contraint de laisser reposer les siens. »

Enfin, dans une autre solennité, se tournant vers le portrait du roi qui ornait la salle, son enthousiasme adressait à l'image, grâce à une hardie prosopopée, les éloges outrés qu'il regrettait de ne pouvoir adresser au prince en personne.

Bachet de Méziriac, lui aussi, a comparé Richelieu « à un bel astre répandant sur toute la France de douces influences. >>

n'ayant pas voulu louer Louis le Grand et ayant osé dire que ce prince courait après la gloriole, fut chassé de l'Académie pour n'avoir pas rempli ses fonctions de compère selon l'esprit de l'institution. >>

Les écrivains que le cardinal de Richelieu, au xvi⚫ siècle, posa, au fond de sa province, un discours sur la Traduction, et l'envoya à Vaugelas, qui le lut pour lui, et recueillit, pour les lui transmettre, les félicitations de ses confrères.

Bachet de Méziriac «< avait un esprit robuste et capable de tout ce qu'il entreprenait»; mais il se plaisait à vivre dans la douceur et la contemplation, entre sa femme et ses enfants. Aussi avait-il partagé sa vie entre la ville et la campagne, entre Bourg et Jasseron, sa maison des champs.

C'est-là, qu'à son loisir, il cultivait sciences et lettres, et composait vers et prose, en français, en latin et en italien. Il eût même, s'il l'eût voulu, composé en grec, car il savait cette langue aussi bien qu'aucun.

Au poète français nous devons la traduction en vers des Epitres d'Ovide, et un petit poème, le Triomphe du Christ;

Au poète latin: Virginis deiparæ ad Christum filium epistola; Au poète italien Rime toscane (les Rimes toscanes), des sonnets, des chansons, des églogues, etc., etc.

Les inspirations de la poésie ne s'accordent guère ordinairement avec les travaux de l'érudition, ou les démonstrations des sciences exactes. Bachet de Méziriac eut le talent de les concilier.

Il accompagna de commentaires approfondis et fort curieux sa traduction d'Ovide; traduisit en plus Esope et Plutarque, commenta doctement Diophante, et amusa ses lecteurs par Les Problèmes plaisants ou délectables qui se font par les nombres.

Bachet de Méziriac était donc poète en plusieurs langues, traducteur, critique, grammairien, biographe, commentateur. Vraiment ce serait grand dommage que M. R. Kerviler eût laissé dans l'ombre une pareille figure.

En présence de tant et de si divers travaux, justement appréciés par les contemporains, que penser de Malherbe, qui affectait d'appeler Bachet M. de Misériac?... N'y avait-il pas chez le poète

Caënnais quelque peu de vanité et de jalousie; une gloire, qui n'était pas la sienne, ne lui était-elle pas importune?...

En explorant les origines de l'Académie, M. R. Kerviler a cru découvrir « que Richelieu, dans la création de ce corps savant, avait voulu se réserver pour son usage exclusif une assemblée réunissait en association, devaient donc, dans sa pensée, apprendre à répéter, sans se lasser, comme les oiseaux dressés à cet exercice par le Lybien Psaphon: « Psaphon est un grand Dieu!» Sa protection était à ce prix.

Dans l'Etude de M. R. Kerviler, nous avons trouvé beaucoup de renseignements précieux pour la rectification de certains faits et de certaines dates, et pour l'appréciation du caractère et des œuvres de son héros.

Cette Etude est d'autant plus utile, que Guy-Patin nous avait mis en garde contre les erreurs de l'historien de l'Académie, Pellisson, « qui s'est trompé, nous dit-il, en de certains éloges, entre autres en ceux de M. Bourbon et de M. de Méziriac, que j'ai connus particulièrement (1).

Averti peut-être par la lettre de Guy-Patin, M. R. Kerviler, qui a déjà consacré une Étude au poète latin, Nicolas Bourbon, pouvait-il moins faire pour M. Bachet de Mériziac? Pour l'une comme pour l'autre, chercheur infatigable, fouilleur de vieux livres et de vieux manuscrits, il a trouvé, en assez grand nombre, des pièces curieuses et inédites, que le lettré a su mettre en œuvre. «Si un livre n'est excusable que quand il apprend quelque chose (2)», celui de M. R. Kerviler est très excusable, car il apprend beaucoup. Sous ce rapport les plus érudits auront à gagner avec lui. Au nom de ses lecteurs, et sous le patronage de l'Académie, qui a couronné la plupart de ses ouvrages, nous n'hésitons pas à lui adresser nos félicitations pour ses travaux dans le passé, et nos encouragements pour ses travaux à venir.

(1) Guy-Patin, Lettre d'octobre 1653.

(2) Voltaire, Lettre à Dumilaville du 8 mars 1765.

H. MOULIN,
Ancien magistrat.

En vente aux prix marqués

A la Librairie de

Jules MARTIN

5493. AFFAIRES (Les) qui sont aujourd'huy entre les Maisons de France et d'Autriche. S. 7. (à la sphère), 1649. Pet. in-12 parch.

3 »

[merged small][ocr errors]
[ocr errors]

3406. ALMANACH des Français pour l'an second de la République. Epernay, Parvissien, an 11, in-12, br. 2 5497. ALMANACH des gens d'esprit (par Chevrier). Londres, Nourse, 1762, in-12, cart., fant. n. rog. 3 5498. APOLOGIE des Dames, appuyée sur l'histoire. Paris, Didot, *1748, in-12, d.-rel. mar. vert. 3 » 5499. BARTHÉLEMY ET MÉRY. Napoléon en Egypte, Waterloo et le fils de l'homme. Paris, Perrotin, 1835, in-8, br. Figures de Raffet. 4 » 5500. BAUCHER (E.). Dictionnaire raisonné d'équitation. Rouen, Brière, 1833, in-8 br. 5501. BEAUCHESNE (A. de). Le Livre des jeunes Mères. Paris, Plon, 1858, in-8. d.-rel. ch., br. tr. rou. (Tiré à 305 exemplaires numérotés.) 3 » 5502. BELIN DE LA LIBORLIÈRE, né à Poitiers. Voyage dans le boudoir de Pauline. Paris, Maradan, 1800, in-12, d.-rel., v. fau., n. rog. 450 5503. BERCHOUX (J.). La Danse ou les dieux de l'Opéra, poème. Paris,

[ocr errors]

1806, in-18, v, jas., fil. tr. dor., papier vélin. Fig. avant la lettre, 4 ». 5504. BOILEAU DESPRÉAUX, OEuvres diverses avec le Traité du sublime ou du merveilleux dans le discours. Trad. du grec de Longin, Paris, Denys Thierry, 1701, 2 vol. in-12, v. mar. Figures.

5505. BOURSAULT. Le Prince de Condé. Paris, 1675, pet. in-12, d.-rel.

mar, rou.

3 50 5506. BRUNET (G.). Notice sur les Proverbes basques recueillis par Arnault d'Oihenart et sur quelques autres travaux relatifs à la langue Euskarienne. Paris, Aubry, 1859, in-8, br. 3 50 8507. CAGLIOSTRO. Le gros et le vrai Cagliostro, ou le Régulateur des actionnaires de la Loterie royale. Paris, 1827. DÉBATS relatifs à un faux quaterne. Paris, an VII, en un vol. in-8, d.-rel. bas. Portrait. 3 5508. CAMPAN. Valet de chambre de la reine. Le Mot et la Chose. S. L., 1752, in-12, v. marb.

[merged small][ocr errors]

4 » 5509. CARNOT. Mémoires hist. et militaires sur Carnot. Paris, Baudoin, 4824, in-8, d.-rel., b. v. 5510. CHANSON DE ROLAND (Las Traduction nouvelle avec une intro-RAN duction et des notes par Adolphe.. d'Avril. Paris, Duprat, 1865, in-8, papier vergé, br.

4.50

5511. CHEVRIER. La vie du fameux Père Norbert, ex-capucin. Londres, 1762, in-12, d.-rel. v. fau. 3 D 5512. CLOTURE DES FEMMES. Des avantages attachés à la clôture des

« 前へ次へ »