ページの画像
PDF
ePub

ces mêmes nerfs, et qu'elle finit un peu au-dessous. On peut la considérer comme le centre du système nerveux ; et M. Flourens ajoute qu'au-dessus de ce point on trouve les lobes cérébraux, le cervelet et la moelle alongée, qui ont une action spontanée, tandis qu'au-dessous il y a la moelle épinière, qui, comme tous les nerfs, est subordonnée à l'impulsion des premières parties.

Expérience sur les canaux sémi-circulaires de l'oreille, dans les oiseaux et les mammifères. (Deux mémoires de M. Flourens.)

Les canaux sémi-circulaires, au nombre de trois, deux verticaux et un horizontal, forment, avec le vestibule et le limaçon, le labyrinthe ou l'oreille interne. Les canaux sémi-circulaires sont très-petits, et cependant les expériences de M. Flourens démontrent qu'ils ont une influence très-remarquable dans l'économie animale. En effet, si vous coupez sur un pigeon le canal horizontal de l'oreille droite et de foreille gauche, sur-le-champ l'animal est en proie à de violens mouvemens de tête dans le sens horizontal de droite à gauche et de gauche à droite; s'il veut marcher, il perd en partie son équilibre ; s'il veut courir ou voler, il le perd tout-à-fait. Enfin, au repos, il se tient sur ses pieds, et sa tête reste immobile. D'ailleurs il voit, il entend, il a tous ses instincts, il boit, il mange, très-souvent il tourne sur lui-même, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre.

L'ablation des canaux verticaux inférieurs donne lieu à des phénomènes analogues, sauf ces différences notables, que les mouvemens de la tête, au lieu d'être horizontaux de droite à gauche, sont verticaux de bas en haut et de haut en bas, et que l'animal ne tourne point sur lui-même, mais qu'il se renverse souvent malgré lui sur le dos.

M. Flourens a conservé vivans près d'un an deux pigeons qu'il avoit soumis aux deux expériences précédentes.

L'ablation des canaux verticaux supérieurs est suivie de mouvemens violens de la tête de haut en bas et de bas en haut; mais l'animal, au lieu de se renverser sur le dos comme celui auquel on a coupé les canaux verticaux inférieurs, tombe sur la tête et fait la culbute en avant.

Enfin l'ablation de tous les canaux verticaux et horizontaux détermine les mouvemens les plus désordonnés dans tous les sens.

M. Flourens s'est assuré que l'on peut enlever la partie extérieure osseuse des canaux sémi-circulaires, sans faire souffrir l'animal.

Les expériences précédentes ont été faites non-seulement sur des pigeons, des moineaux, des verdiers, des bruans, des chardonnerets, des linottes, des mésanges, mais encore sur des lapins. Il faut, pour réussir, lorsqu'on soumet ces derniers à l'expérience, prendre des individus, ages

d'un mois et demi à deux mois. A cette époque de leur vie, le rocher qui enveloppe les canaux sémi-circulaires n'est pas assez dur pour faire obstacle à l'ablation des canaux; et d'un autre côté, ces animaux ont assez d'énergie pour qu'on puisse observer les changemens qui s'opèrent dans leurs mouvemens.

Les expériences de M. Flourens sont si importantes, ses travaux annoncent un esprit si pénétré de la nécessité des bonnes méthodes scientifiques, et d'un autre côté nous avons tant d'estime pour ses talens et tant d'amitié pour sa personne, que nous croyons devoir lui soumettre quelques remarques, dont les unes sont relatives à la manière dont il a exprimé certains résultats de ses expériences sur l'ablation des canaux sémi-circulaires de l'oreille dans les oiseaux; et les autres, à des recherches que nous desirerions bien vivement lui voir entreprendre.

Nous lisons dans le mémoire de M. Flourens: « Il ne l'est pas moins » enfin de voir chacune de ces parties (les divers canaux sémi-circulaires) » déterminer un ordre ou une direction de mouvemens si parfaitement conformes à sa propre direction.

» Ainsi les canaux horizontaux déterminent un mouvement horizontal, les canaux verticaux un mouvement vertical. De plus, l'un des deux » canaux verticaux, l'inférieur, est dirigé d'avant en arrière; il détermine » un mouvement d'avant en arrière, &c. »

Le mot determinent n'est pas exact; car c'est l'absence de ces canaux, et non leur présence, qui est la cause des phénomènes si singuliers décrits par M. Flourens: c'est donc hors d'eux qu'il faut chercher cette cause, et dès-lors il faut les considérer, non plus comme des organes qui produisent les phénomènes en question, mais comme des organes qui les empêchent au contraire de se manifester.

Ces mêmes phénomènes me semblent encore devoir conduire M. Flourens à revenir sur sa méthode, et en particulier sur le rôle qu'il attribue au cervelet dans la coordination des mouvemens de locomotion, rôle qu'il a conclu des phénomènes qui apparoissent à la suite de fablation de cet organe. En effet, si les conséquences qu'il a déduites de l'ablation des lobes cérébraux paroissent justes, ce n'est pas seulement parce que cette opération fait disparoître un ensemble de facultés déterminées, mais c'est encore parce que l'expérience a appris que l'ablation de toute autre partie ne fait point disparoître ces mêmes facultés. Il est donc évident que la méthode de M. Flourens de conclure le siége d'une faculté dans une partie déterminée du corps d'un animal, n'est satisfaisante qu'autant qu'il est démontré que l'ablation de toute autre partie n'entraîne pas la destruction de cette même faculté.

Si nous appliquons le contrôle dont nous venons de parler à la conclusion que l'auteur a tirée de ses expériences, au sujet du rôle qu'il assigne au cervelet d'être le siége de la faculté de coordonner les mouvemens de locomotion, nous verrons que la contr'épreuve de cette conclusion n'a point été faite; et ce qui en prouve la nécessité, ce sont les phénomènes amenés par l'ablation des canaux sémi-circulaires, phénomènes qui ont tant de ressemblance avec ceux qui résultent de l'enlèvement du cervelet, que, si l'auteur eût commencé ses expériences par faire l'ablation des canaux, il auroit eu autant de raison de placer dans ces organes le siége de la faculté de coordonner les mouvemens de locomotion qu'il en a eu de le placer dans le cervelet.

En exprimant le desir que nous avons de voir M. Flourens parcourir la glorieuse carrière qu'il s'est ouverte, ce que personne mieux que lui ne peut faire, en lui exprimant le desir qu'il soumette à ses méditations toutes celles de ses observations qui se rattachent à l'influence du système nerveux dans les mouvemens de l'animal, nous nous plaisons à reconnoître que, si nos réflexions ont quelque justesse, nous le devons à l'auteur lui-même, qui, par ses derniers travaux, a beaucoup agrandi le champ des premiers: et certes il y auroit de l'injustice à nous qui connoissons toutes les difficultés qui se présentent lorsqu'on veut traiter un sujet neuf avec quelque profondeur, si nous ne faisions pas cet aveu.

En terminant cet examen des mémoires que M. Flourens a insérés dans le neuvième volume du recueil de l'Académie, nous devons faire remarquer l'importance dont ils sont pour la médecine. Grâces à la précision avec laquelle l'auteur a déterminé les fonctions de beaucoup de parties du corps des animaux, on peut conclure aujourd'hui, d'après tels symptômes que présentent certaines maladies, quelle est la partie qui en est le siege; conclusion importante, lorsqu'on sait combien les médecins sont partagés d'opinions à ce sujet, et combien ceux qui se trompent sont exposés à se laisser entraîner à prescrire des traitemens qui, loin de détruire le mal, peuvent au contraire contribuer à l'accroître.

Mémoire sur l'électro-chimie et l'emploi de l'électricité pour opérer des combinaisons, par M. Becquerel:

M. Becquerel envisage dans ce travail les actions électro-chimiques, sous le rapport de l'influence qu'elles exercent dans la pile voltaïque, et sous celui du parti qu'on peut en tirer pour produire des combinaisons chimiques.

Si quelque chose prouve combien nous sommes encore éloignés, de connoître la théorie du développement de l'électricité dans la pile vol

taïque, c'est la diversité d'opinions qu'on remarque parmi les physiciens qui se sont spécialement occupés de ce sujet.

Volta concevoit que le simple contact de deux solides conducteurs, comme deux métaux, le zinc et le cuivre par exemple, produisoit l'élec tricité, et il pensoit que les liquides interposés entre les couples d'une pile n'agissoient qu'en transmettant l'électricité de l'un à l'autre.

Une observation faite en France par MM. Biot et Frédéric Cuvier prouva Finfluence de l'oxigène atmosphérique dans la charge de la pile; car celleci étoit-elle placée sous une cloche remplie d'air et posée sur Feau, son action alloit en diminuant, à mesure que l'oxigène du milieu se fixoit sur le zinc, et enfin elle s'arrêtoit lorsqu'il ne restoit plus que de l'azote dans l'atmosphère ambiante.

Wollaston chercha à démontrer que l'électricité de la pile provenoit de l'action chimique du liquide interposé entre les couples sur les métaux de ces couples.

Davy, tout en admettant le principe de Volta du développement de l'électricité par le contact, reconnut la nécessité d'une action chimique entre les liquides et les métaux qui constituent une pile, pour que celle-ci put se charger.

Enfin M. Nobili, partant du fait qu'il s'établit un courant électrique dans une barre métallique inégalement échauffée, admit que, dans la pile, l'action des liquides sur les métaux développe de l'électricité, par la raison qu'elle développe de la chaleur qui échauffe inégalement ces derniers.

L'électricité de la pile a donc été attribuée à trois causes, au simple contact, aux actions chimiques et à la chaleur.

M. Becquerel s'est livré, depuis une dixaine d'années, à des travaux qui ont beaucoup ajouté à nos connoissances électro-chimiques: ainsi, c'est lui qui a démontré, d'une manière incontestable, le développement de l'électricité dans les actions chimiques, fait d'une haute importance; il a prouvé en outre que, s'il est vrai, comme Davy l'a dit, qu'un acide et un alcali concrets deviennent, par le contact et avant leur combinaison mutuelle, le premier électro-négatif, et le second électro-positif, il n'est pas vrai, comme l'a prétendu l'illustre physicien anglais, qu'au moment de la combinaison leurs électricités se neutralisent; car M. Becquerel a démontré au contraire qu'il s'établit alors un courant d'électricité positive qui va de la base à l'acide. Il a démontré en outre que deux liquides différens peuvent se constituer dans deux états différens d'électricité, et produire ainsi un élément de pile.

Ces découvertes, fruits d'expériences délicates et ingénieuses, devoient conduire l'auteur à étudier la pile, sinon sous le rapport d'une théorie gé

nérale, du moins sous celui d'une analyse expérimentale, propre à déterminer d'une manière précise les causes diverses qui peuvent avoir de l'influence sur la charge de cet instrument:

M. Becquerel, dans le premier chapitre du travail que nous examinons, traite de celles de ces causes qui se rapportent aux actions chimiques proprement dites; et ses expériences sont instituées de manière à soumettre un seul élément de la pile, autant qu'il est possible, à l'influence d'une seule cause productive de l'électricité.

En parlant de l'action de différens liquides les uns sur les autres, il donne un assez grand nombre de résultats d'expériences, d'après lesquels on voit en général qu'un acide se comporte avec une solution saline, à laquelle il se mêle comme il le feroit avec une base salifiable à laquelle il se combineroit, c'est-à-dire qu'il est positif par rapport à elle; on voit en outre que l'acide phosphorique est positif relativement aux acides hydrochlorique, nitrique et sulfurique; fait assez curieux.

M. Becquerel, en examinant l'électricité développée par le contact mutuel des métaux et des acides qui les attaquent, ou des métaux et des solutions salines, prouve en général que, dans l'action d'un acide sur un métal, sur-tout lorsque cette action n'est pas très-forte, la plus grande partie de l'électricité développée alors provient non de l'action du métal sur l'acide, mais de l'action mutuelle de la solution du sel produit sur l'acide libre.

Le cuivre, le plomb, te bismuth, le zinc, le fer, plongés dans leurs nitrates respectifs, deviennent négatifs par l'addition de quelques gouttes d'acide nitrique, tandis que les métaux qui décomposent l'eau, comme le fer, le zinc, le manganèse, plongés dans leurs sulfates respectifs, deviennent positifs dès qu'on ajoute quelques gouttes d'acide sulfurique.

M. Becquerel s'occupe des effets électriques produits forsque deux métaux différens qui sont en rapport au moyen du fil du multiplicateur, sont en partie plongés, soit dans un même liquide, soit dans deux liquides différens qui communiquent ensemble. Il trouve qu'aJors c'est généralement l'action mutuelle des liquides, et non l'action de chaque liquide sur le métal, qui produit le plus grand effet électrique.

Enfin M. Becquerel a observé que, dans une pile formée de cuivre et de zinc, le maximum d'effet électro-magnétique est obtenu lorsque le cuivre plonge dans du nitrate de cuivre et le zinc dans du sulfate de zinc, par la raison que, si le cuivre et le zinc se constituent le premier positif et le second négatif, le nitrate de cuivre, par son contact avec le sulfate de zinc, devient positif, tandis que le second devient négatif : conséquemment

« 前へ次へ »