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croissoit progressivement, non pas à partir de son centre, mais à partir d'un point brillant un peu excentrique qui s'y trouvoit compris. Ce point brillant étoit donc le véritable noyau solide de la comète, s'il en existoit un. En considérant les forts grossissemens qu'il supportoit, malgré sa petitesse, sans que son éclat fùt trop affoibli, Herschell jugea qu'il brilloit de sa lumière propre, non de celle du soleil. Cette lumière étoit d'une teinte påle rougeâtre, semblable à celle des étoiles de même éclat, qui offrent une nuance de rouge. Il s'efforça de lui voir un diamètre apparent qui donnât la mesure de sa grosseur réelle; mais il ne put rendre ce diamètre positivement sensible à l'œil; et seulement, par des appréciations assez vagues, il l'estima à de seconde, ce qui, en raison de la distance où la comète se trouvoit alors de la terre, auroit donné au noyau un diamètre réel d'environ 155 lieues (1). On ne peut rien affirmer avec sûreté de quantités si petites. Harding et Gauss, en observant aussi cette même comète, n'y ont pas vu de noyau appréciable. Le point brillant se résolvoit de plus en plus en nébulosité, à mesure que le télescope devenoit plus puissant (Monatl. correspondenz, 1811).

Cette comète étoit donc entièrement, ou presque entièrement, un amas de vapeurs. Des apparences analogues conduisent à la même conclusion pour beaucoup d'autres comètes, nous devrions peut-être dire pour toutes les comètes qui ont été observées avec de forts instrumens. La seconde comète qui parut en 1811, sembla offrir à Herschell un diamèttre apparent qu'il estima de 5"; mais le pouvoir amplifiant n'étoit que de 170 fois, et le mode d'estime encore plus incertain que pour la précédente. Pour la comète de 1807, il estima son diamètre apparent de 1"; mais de si petits angles, évalués comme il le faisoit par comparaison et par souvenir, offrent mille doutes. M. Herschell le fils, qui continue dignement son illustre père, avoit cru d'abord voir un noyau sensible à la comète de 1825. Mais, une belle nuit calme lui ayant permis de tourner vers elle son excellent télescope de 20 pieds, ouvrage de ses propres mains et qui lui a fourni tant d'autres belles observations, l'illusion d'un noyau stellaire disparut, et il ne vit plus qu'une diffusion circulaire de lumière sans contour défini. Cette observation est rapportée dans le tome II des Mémoires de la Société astronomique, avec une excellente figure de la comète dont il s'agit. Il y a loin

(1) Les résultats d'Herschell sont exprimés en milles anglais, dont la longueur exacte équivaut à 1609m,3, ou en toises 825,7. Je suis parti de ce rapport pour traduire ces résultats en lieues communes de 2280,5 ou de 25 au degré. On sent qu'il seroit inutile de chercher dans de tels résultats autre chose que des déterminations approchées.

de là aux grossières gravures d'Hévélius; mais aussi il y a matière à des conséquences d'un autre intérêt.

La comète de douze cents jours a été aussi soigneusement dessinée par M. Struve, dans sa dernière apparition de 1828. Nous rapportons ici, fig. 3 et fig. 4, deux représentations très-curieuses qu'il en a données pour deux jours différens, les 7 et 30 novembre. La distance de la comète au soleil étoit, à la première de ces époques, un peu moindre que celle de mars; pour la seconde, un peu moindre que celle de la terre: elle étoit donc encore fort éloignée de son périhélie, où elle n'arriva que le 10 janvier 1829; et cependant la substance dont elle étoit formée éprouvoit déjà des modifications considérables par son rapprochement du soleil à ces distances, comme on en peut juger par la différence des configurations qu'elle présentoit. Vue ainsi dans l'excellente lunette parallactique de Dorpat, les 7 et 30 novembre, avec un grossissement de 94 fois, elle paroissoit comme une nébulosité un peu oblongue, dans laquelle, mais non au centre, on discernoit une autre nébulosité intérieure plus lumineuse ; et dans celle-ci encore, mais toujours hors du centre, un amas circulaire de lumière d'un éclat plus vif, où néanmoins on ne distinguoit pas de point scintillant. Une fois, le 7 novembre, M. Struve crut apercevoir un pareil phénomène au centre de la nébulosité; mais bientôt le déplacement relatif qui s'opéra entre le point brillant et le centre, lui montra que ce n'étoit qu'une petite étoile télescopique de 11° grandeur qui se voyoit ainsi à travers toute l'épaisseur de la nebulosité cométaire. Quelques heures plus tard, la partie la plus lumineuse de cette nébulosité se trouvoit placée seulement à quelques secondes de distance d'une autre étoile de 10° grandeur, sans que l'éclat de cette étoile en parût le moins du monde affoibli. Quelle prodigieuse diaphanéité ne faut-il pas admettre dans la substance de la comète, pour que la foible scintillation de ces petites étoiles ait pu si librement la traverser, presque dans son milieu même ! Et de tout cela, ne doit-on pas inférer, avec une extrême vraisemblance, que cette comète, dépourvue de toute partie solide, n'étoit qu'une vague agglomération de vapeurs, sans cohésion sans consistance, flottant comme un léger brouillard dans les espaces célestes, sous l'influence de la gravitation? Or, en effet, ce fut sous cette apparence vaporeuse, à peine sensible, qu'elle s'offrit à M. Struve, lorsqu'il l'aperçut d'abord, le 28 octobre, revenant de son aphélie vers le soleil, avant que, par l'effet de causes naturelles qui nous sont inconnues, son rapprochement progressif de cet astre l'eût rendue de nouveau brillante. On peut regretter que, dès cette époque, et sur-tout depuis, M. Struve n'ait pas, comme Herschell, soumis la portion la plus lumi

neuse de la nebulosité à l'épreuve de plus forts grossissemens; mais peutêtre alors son extrême diffusion l'auroit fait complètement disparoître.

Olbers croit, comme Herschell, que la grande comète de 1811 étoit lumineuse par elle-même. Herschell porte le même jugement sur la comète de 1807. Pour la seconde comète de 1811, il suppose, à la vérité sur des inductions assez vagues, qu'elle brilloit d'une lumière réfléchie comme les planètes. On voit que la question générale est indécise. Peut-être aussi le mode d'illumination n'est-il pas le même pour toutes les comètes. Cest un de leurs élémens physiques qu'il importe le plus de chercher désor mais à déterminer. Delambre dit que, dans les registres de l'Observatoire de Paris, on voit des phases remarquées, et dessinées, pour la comète de 1682, ce qui lui supposeroit une lumière réfléchie. Mais peut-on compter sur les observations de ce genre qu'on faisoit alors? Newton, qui observa lui-même aussi cette comète, ne dit rien d'une telle particularité, qu'il eût remarquée et constatée, sans aucun doute, si elle se fut offerte à lui. La comète qui parut en 1819, présentoit ainsi dans sa nébulosité l'apparence d'un disque lumineux, imparfaitement circulaire, telle que paroit la lune quelques jours avant ou après l'opposition. Mais la direction de cet aplatissement, relativement au lieu du soleil, et son mode de variabilité, n'eurent point les caractères géométriques qui conviennent aux phases d'un corps sphérique opaque: aussi étoit-elle si peu opaque, qu'elle passa devant le disque du soleil sans y projeter aucune nuance d'ombre qui la pût faire apercevoir; de sorte que tout ce qu'on peut conclure de ses apparences de phases, c'est que le développement de la lumière dans la nebulosité centrale peut ne pas s'opérer sphériquement. Il y a même lieu de croire à la possibilité de plusieurs centres ou foyers de lumière, d'après les observations qu'Hé vélius a faites sur la comète de 1652. La nébulosité de cette comète, vue à l'œil nu, avoit l'apparence d'un disque arrondi, d'une lumière par-tout égale, et aussi grand que la lune. Mais, en la regardant au télescope, et Hévélius en possédoit qui lui faisoient voir le seul satellite de saturne que l'on connût alors, l'illusion d'un disque terminé disparoissoit, et il ne restoit plus qu'une foible lueur parsemée de quelques petites taches plus claires, semblables à de petites étoiles, qui varioient progressivement de forme, de position et de nombre, ayant seulement une d'entre elles plus brillante, plus grande et oblongue, située au milieu des autres. Hévélius cite plusieurs astronomes, et parmi eux Wendelinus, qui virent les mêmes apparences et les remarquèrent également. Cette simultanéité, jointe à la persistance du phenomène, semble exclure suffi samment l'idée que ces noyaux multiples auroient pu être de petites étoiles,

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vues à travers de la nebulosité cométaire. Une telle méprise seroit peu probable de la part d'un astronome aussi exercé qu'Hévélius à ce genre d'observations (1). L'examen attentif des noyaux des comètes, sous ces rapports de forme et de constitution physique, est assurément une des études les plus essentielles que l'on puisse en faire.

le

Revenant aux particularités de la grande comète de 1811, qui nous sert de type, nous avons dit que la nébulosité circulaire intérieure, désignée par c, fig. 1, étoit entourée d'un espace noir, de forme parabolique, d'une étendue sensible, fort distinct du bleu sombre du ciel. Ceci a été constaté par tous les observateurs. D'après des mesures d'Herschell, prises le 6 octobre, conséquemment vingt-quatre ou vingt-cinq jours après passage au périhélie, cet espace noir autour de c avoit un diamètre apparent d'environ 15 minutes, ce qui, en raison de la distance actuelle de la comète à la terre, répondoit à un diamètre absolu de 180 mille lieues, lequel se trouva encore augmenté par des évaluations ultérieures. Il importe évidemment de caractériser un tel phénomène. Or Herschell et Olbers remarquent également que cet espace noir avoit une singulière transparence; car les plus petites étoiles s'apercevoient au travers avec très-peu d'affoiblissement, ce qui n'avoit pas lieu de même dans le contour parabolique lumineux qui l'entouroit: en effet, sur ce contour, la lumière des petites étoiles s'affoiblissoit au point qu'elles y devenoient presque invisibles dans des télescopes d'une très-grande clarté. Herschell a vu ainsi trois petites étoiles dans l'espace noir, dès le 6 septembre, c'est-à-dire, six jours avant le passage au périhélie, ce qui montre qu'il existoit déjà alors. L'entourage parabolique lumineux offroit une difference frappante avec cet intérieur sombre. Sa lumière avoit aussiune couleur particulière, d'un jaune très-marqué, qui contrastoit forte ment avec la teinte verdâtre de la nebulosité intérieure. Cette lumière

(1) On peut en juger par ce seul fait. Hévélius avoit fort bien remarqué, et dit très-nettement, que, pour voir le mieux possible les queues très-rares des comètes et les nébuleuses, il ne faut pas fixer l'oeil directement sur elles, mais tout auprès sur quelque partie obscure du ciel, et les regarder ainsi obliquement. Cette même remarque a été reproduite depuis par le second Herschell, dans son grand travail avec M. South sur les étoiles doubles. Les explications seules du phénomène sont différentes. Hévélius suppose que la rétine, se dilatant en présence de cette obscurité, peut admettre plus abondamment la foible clarté de la nébuleuse, et constater ainsi son existence. M. Herschell croit que la plus ' grande visibilité tient à ce que les rayons lumineux vont alors tomber sur une partie de la rétine dont la sensibilité nerveuse est relativement plus grande,, comme étant plus rarement exposée à leur action; et cette cause d'une plus grande visibilité dans l'aspect oblique nous paroît la véritable.

étoit bien moins vive sur l'axe de l'entourage parabolique que sur ses bords. D'après la distance apparente du sommet extérieur de cet entourage au centre de la nebulosité intérieure, Herschell trouve qu'en l'assimilant dans cette partie à une courbe circulaire, le diamètre absolu de cet arc auroit dû excéder 215 mille lieues; de sorte qu'il se trouvoit ainsi suspendu à une distance de 107 ou 108 mille lieues du centre de la comète. (La suite au prochain cahier.)

BIOT.

EUVRES de L. C. Tacite, traduites par M. C. L. F. Panckoucke: Histoires. Paris, Panckoucke, 2 vol. 2 vol. gr. in-8°; tom. I, 1830, 46 et 458; tom. II, 1831, 20 et 456 pag.

AYANT rendu compte (1) de plusieurs volumes de la traduction de Tacite par M. Burnouf, nous devons aussi faire connoitre celle que publie presque en même temps M. Panckoucke, et qui est un des principaux articles de la collection intitulée Bibliothèque latine-française. La préface du nouveau traducteur ne contient encore aucune notice de la vie et des ouvrages de Tacite ; mais elle annonce des documens historiques et littéraires qui paroîtront dans un autre volume de la traduction. En ce moment, M. Panckoucke se borne à exposer les principes qui l'ont dirigé dans son propre travail, et à donner une idée des longues études et des recherches auxquelles il s'est livré pour le perfectionner : il a visité les lieux dont l'historien fait mention; il a rassemblé toutes les éditions et toutes les versions de ses ouvrages; il n'a pas négligé les copies manuscrites; il s'est entouré des médailles et des autres objets antiques qui pouvoient jeter quelque lumière sur les détails de certains récits. En parlant des manuscrits d'Herculanum que l'on s'applique à dérouler, il dit qu'on y trouvera sans doute ce qui manque aux Annales de Tacite : c'est un espoir que nous ne saurions partager; car Tacite, né en l'année 55 ou 54 (2), n'avoit en 79 que 24 ou 25 ans, environ six de plus que son ami Pline le jeune, àgé de 18 à l'époque de l'éruption du Vésuve (3). On a lieu de croire que

(1) Voy. Journal des Savans, août 1829. (2) Quelques-uns disent 59 ou 60.(3) Agebam duodevicesimum annum. Pl. jun., liv. vi, ep. 20. C'est par erreur que Juste Lipse et quelques autres ont transcrit duo et vicesimum,

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