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FLOREAL AN XII.

De l'austère vertu, d'autres suivant les lois,
Ont de la calomnie étouffé les cent voix,
Et, sans craindre l'effet de sa dent venimeuse,
D'un pied hardi foulé sa tête insidieuse.
Méprisant les fureurs du perfide élément,
L'homme avait asservi l'empire du trident.
Emporté vers les lieux où le jour vient éclore,
Il avait salué le berceau de l'aurore,

Et, l'astrolabe en main, le pied sur les glaçons,
Parcouru des autans les sauvages prisons;
Sur un mobile pin, faible jouet de l'onde,
Des mortels inquiets, aux limites du monde
Avaient déjà porté le ravage et la mort,
Et s'étaient confiés aux caprices du sort,
Dans des climats lointains où l'œil découvre à peine
De quelqu'être vivant une trace incertaine.
La terre avait senti leur sacrilège main,
Mesurer ses hauteurs et déchirer son sein.
Toi qui, dans Lipari, tenais le rang suprême,
Indomptable Vulcain, tu fus contraint toi-même
De fléchir sous la main d'un habile artisan.
Dans un étroit fourneau, resserré, mugissant,
Tu te vis obligé de forger le tonnerre,

Pour en armer les bras de ces dieux de la terre,
Qui, dans les murs d'acier des bataillons pressés,
Et les débris sanglans des palais renversés,
Se font jour, et près d'eux font marcher le carnage.
Bientôt on vit dans l'air suivre une règle sage,
A ces corps dégagés, ces globes radieux,

Qui jusque-là semblaient être errans dans les cieux.
La foudre en vains éclats consumant sa puissance,
A nos fers aimantés soumit sa résistance.

Du vaste dieu des vents les fluides états

Résistaient glorieux à nos vains attentats :

Ce dieu gouvernait seul ses transparens domaines;
Des fiers enfans du Nord les sifflantes haleines,
Effcayaient de Japet les fils aventuriers.

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Cet Océan fameux, dont les flots meurtriers
Virent tomber jadis le téméraire Icare,

A leurs projets hardis ouvraient un gouffre avare.
Pour dompter leurs desirs sans cesse renaissans,
La nature toujours prit des soins impuissans,
Des champs aériens peupla les vastes plaines,
De soucis dévorans et de chutes certaines,
Leur fit voir des rochers les sommets décharnés.
Leur trépas instruisant les peuples consternés.....
Mais rien ne les retient, et, rompant les barrières
De ces lieux interdits, à leurs yeux téméraires,
En arrachent soudain les secrets dangereux.
Un globe, tel que ceux qui roulent dans les cieux,
Gonfle ses vastes flancs d'une vapeur légère,
Monte avec son auteur, et plane sur la terre.
Moi même je l'ai vu, d'un air majestueux,
A son ordre docile, étonnant tous les yeux,
S'élever dans les airs, et, voguant avec grace,
Laisser loin après lui l'empreinte de sa trace.
C'est alors qu'emporté sur son char glorieux,
Ce génie alla prendre un rang parmi les dieux;
Puis en astre nouveau, loin de nos yeux profanes,
Décrire son orbite aux plaines diaphanes.
Tel un beau soir d'été, du monarque des cieux,
L'astre resplendissant se soustrait à nos yeux,
Et, marchant entouré de ses gardes fidelles,
Trace d'un pôle à l'autre un sillon d'étincelles.

ROMANCE.

A seize ans j'ignorais encore
Le pouvoir de ce dieu trompeur
Qu'à Gnide, à Paphos on adore,
Et qui règne au fond de mon cœur.
Les maux où le méchant nous plonge,
Etaient maux inconnus pour moi;
J'aurais pu dire sans mensonge :
L'amour est un je ne sais quoi.

Mais ce temps heureux de ma vie,
Hélas! passa comme une fleur.
Bientôt, dans un jour de folie,
Au bal, l'Amour fut mon vainqueur.
Ma main touchą la main de celle
Dont je devais subir la loi,

Et mon cœur aussitôt, près d'elle,
Sentit un doux je ne sais quoi.

C'était un regard vif et tendre,
Un souris doux, plein de candeur
Un air auquel il faut se rendre ;
C'était un organe enchanteur.
Ses yeux peignaient la modestie;
Attrait toujours puissant sur moi....
Enfin, d'une femme jolie,
Elle avait ce je ne sais quoi.

Dès-lors Amour sut dans mon ame

Glisser un charme séducteur.
D'abord de sa trompeuse flamme
Je ne sentis que la douceur ;
Je me félicitais moi-même
De m'être rangé sous sa loi ;
J'étais, en voyant ce que j'aime,
Heureux par un je ne sais quoi.

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Bientôt mon amour fut extrême.
Le dieu me fit alors sentir
Le besoin d'être aimé moi-même.
A ma pensée il vint offrir
Le bonheur d'un couple fidèle
Qui, de son cœur suivant la loi,
Brûle d'une ardeur mutuelle,
Et sent même je ne sais quoi.

Mais une entière indifférence
Fut le prix de mes tendres feux.
Je vis alors mon imprudence;
Je vis qu'Amour est dangereux:

C'est en vain que ma voix l'implore,

L'enfant cruel se rit de moi;

Je ne puis, à ce que j'adore,
Inspirer ce je ne sais quoi.
Le poison de la jalousie
Depuis ce temps vient m'agiter.
Chaque instant de ma triste vie
A mon tourment vient ajouter,
Je crains, dans le fond de mon amc,
Qu'un rival, plus heureux que moi,
Ne fasse à celle qui m'enflamme
Sentir ce doux je ne sais quoi.

En vain la raison me rappelle;
En vain je veux ne plus aimer;
En vain je fuis cette cruelle :
L'Amour a trop su m'enflammer.
Oui, toujours, d'une ardeur nouvelle
Mon cœur brûlera malgré moi;
Toujours je souffrirai, près d'elle,
De ce fatal je ne sais quoi.

Par M. E. P.

A GLYCÈRE.

IMITATION

DE

TIBULLE.

Nox, je n'aurai jamais d'autre amante que toi ; C'est un vœu que j'ai fait en te donnant ma foi, Et Tibulle à ce vœu ne peut être infidèle.

Comment, Glycère, abjurer mon ardeur ? Scule dans l'univers tu captivas mon cœur ; Seule à mes yeux tu seras toujours belle. Eh! puisses-tu ne l'être qu'à mes yeux,

Et déplaire au reste du monde !.... Sous tes lois je vivrais heureux, Mes jours s'écouleraient dans une paix profonde, Ai-je besoin de faire des jaloux ?

Fuyons cette gloire commune.

Le sage se dérobe à la foule importune,
Et jouit en secret des plaisirs les plus doux.
Les plus affreux déserts, ô ma tendre Glycère!
Si tu les habitais, me paraîtraient charmans..
Satisfait de t'aimer, ne songeant qu'à te plaire,
J'oublîrais avec toi jusqu'au nom des vivans.
N'es-tu pas mon soutien, ma lumière, ma vie?
Charme de mes ennuis, compagne de mes pas,
Quand les Dieux m'enverraient une nouvelle amie,
Tibulle de leur main ne l'accepterait pas.
J'en atteste Junon, notre auguste déesse.............
Mais que fais-je ? insensé !.... Téméraire serment !....
N'abuseras-tu point de ma folle tendresse ?
Hélas! de mes tourmens tu vas jouir sans cesse ;
Tu vas me désoler, cruelle ! impunément.
Eh bien ! ta volonté sera ma loi suprême.
Tout entier à celle que j'aime,

Je saurai te complaire en tes moindres desirs;
Mais j'irai porter mes soupirs

Aux autels de Vénus, dont le feu me dévore=
Songe qu'elle punit la coupable beauté,

Et qu'elle accueille avec bonté
L'amant malheureux qui l'implore.

FÉLIX DE SAINT-GENIE Z.

LE CONSEIL ÉQUIVO QUE.

CONTE.

LISE, dans un concert, sans voix, faible chanteuse, Entreprit un grand air, ne put l'exécuter:

« En vérité j'en suis honteuse,

» Je l'ai chanté dix fois sans hésiter. » Puis d'un ton enfantin, jouant de la prunelle, A Damon, qui se trouvait là,

Je vais le prendre en mi, dit-elle. Enmi, mon adorable! oh! non restez-en là.

LAGACHE (d'Amiens).

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