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ENIGM E.

EN politique,

Comme en physique,
Je jouis d'un égal crédit.'
Aux états Germaniques,

Ainsi qu'aux Helvétiques,

Quand on parle de moi, l'on croit avoir tout dit.
Dans la thérapeutique,

Avec mon spécifique,

Un adroit médecin conserve son crédit.

LOGOGRIP HE.

MON tout chaque jour fait conquête

Et triomphe de la raison;

On le voit dans une prison

En ôtant son cœur et sa tête ;

Mais il soulage le malheur

En donnant sa queue et son cœur.

CHARADE.

Du dieu d'Amour à qui vous êtes chère,
Jeune Thaïs, vous avez mon dernier.
Le temps, qui fuit d'une course légère,

Un jour, hélas ! vous rendra mon premier :
Mais vous ne serez
dans un coin solitaire,

pas,

Triste, oubliée et seule, ainsi que mon entier.

Mots de l'Enigme, du Logogriphe et de la Charade insérés dans le dernier Numéro

Le mot de l'Enigme du dernier numéro est Nef(navire), Nef (partie d'une église).

Celui du Logogriphe est Digue, où l'on trouve Guide: Celui de la Charade est Bon-jour.

Paradise Lost; nouvelle édition, faisant partie de la Collection des classiques anglais qui parait chez Théoph. Barrois et le Normant. Deux vol. in-12. Prix: 3 fr. et 4 fr. par la poste.

(Troisième extrait. Voyez le n°. CXLV.)

DANS la partie des descriptions, Milton n'est inférieur à aucun de ses rivaux. En général, c'est la partie brillante des poètes anglais, aussi bien que des allemands; mais il faut avouer qu'ils y mettent plus de richesse que d'art, et plus de fécondité que de goût.

La description du jardin d'Eden est célèbre. Cependant M. de Châteaubriand n'en est pas satisfait; il la trouve même assez vague et assez commune. Son autorité est sans doute considérable en cette matière; car il a porté très-loin le goût de la poésie descriptive, et personne n'a peint les beautés de la nature avec une plus grande force de sentiment, et, si on peut le dire, avec une plus grande profondeur d'imagination. Mais aussi c'est là un genre de richesses dont on abuse bien aisément, et qui se tourne en luxe et en superfluités. Ils ne faut pas prendre cet abus pour un nouveau genre descriptif: c'est une prévention qu'a répandue parmi nous le goût dominant de la littérature anglaise et germanique. On s'extasie sur des tableaux d'une nature mesquine et puérile, où le bourdonnement d'un insecte et le mouvement d'une touffe d'herbe se trouvent décrits avec la plus minutieuse exactitude, comme avec la plus froide élégance. Un homme qui n'a que de l'imagination, ne voit dans la nature que les objets qui frappent les sens; il recherche curieusement toutes les formes de la matière,

et s'épuise à les peindre. Il est comme un enfant qui, entrant dans une maison, s'occupe de la richesse des meubles, plus que du maitre qui l'y reçoit.

On retrouve encore ici cette loi des convenances que nous avons reconnue pour être le fondement du goût, et qui n'est pas moins celui de la politesse. C'est cette loi qui règle la juste mesure qu'on doit garder dans la poésie descriptive. Un poète qui a de l'ame, ne va pas orner tellement le lieu de la scène, qu'il détourne votre attention des personnages. C'est ainsi que l'Ecriture, modèle de goût autant que de raison, peint avec force et simplicité les principales décorations de l'univers; mais comme ces embellissemens n'y ont pas été mis été mis pour enchanter nos regards, elle ne s'y arrête point: le plus souvent, un trait lui suffit pour les décrire magnifiquement; et ce trait, elle l'emploie à ouvrir dans l'ame une source d'admiration, de reconnaissance et d'amour. C'est là, c'est dans ce fonds inépuisable, qu'il convient à la poésie de faire paraitre, sa fécondité.

M. de Châteaubriand veut qu'on ne fasse usage. dans les descriptions, que des couleurs de la nature, et qu'on rejette toutes les fausses peintures de la Fable. Rien ne me parait d'un meilleur goût. On est vraiment choqué de trouver, dans le Paradis perdu, un mélange grotesque de fable et de vérité, de sacré et de profane; de voir, par exemple, dans le jardin d'Eden, Pan qui danse avec les Graces, et d'entendre comparer Adam et Eve à Jupiter et à Junon. C'est une fantaisie qui ressemble à celle de ce peintre hollandais qui plaçait, le portrait de son singe dans ses tableaux, sans s'embarrasser si cela convenait au sujet. Ce mauvais goût de Milton a été contagieux pour son tra ducteur, M. Dupré de Saint-Maur, qui, bien.

qu'homme d'esprit, n'a pas senti qu'il était ridicule de mêler à la Genèse, les rêveries des poètes grecs, et de qualifier, comme il fait, d'épouse du vieux Titon, la première aurore de l'univers. Combien il y a loin de ces fausses images de la Mythologie, aux peintures vraies et naturelles que Milton a tirées de la Bible! Ce sont, sans contredit, les beautés les plus agréables de son poëme; mais ce sont encore celles où il paraît un véritable caractère d'originalité, et non-seulement dans le genre sublime, dont tout le poëme étincelle, mais même dans le genre gracieux, où j'ose dire que rien ne l'égale. Je n'en citerai pour exemple que le petit tableau qui commence le cinquième livre et qui peut donner quelque idée de cette poésie à laquelle M. de Voltaire avouait lui-même qu'il n'y avait rien de comparable.

La langue anglaise est aussi aujourd'hui si ré-: pandue, qu'on ne trouvera pas inauvais que je rapporte l'original, dont les graces paraitront sans doute bien affaiblies dans la traduction.

Adam wak'd, so custom'd, for his sleep
Was airy light from pure digestion bred,
And temp'rate vapours bland, which th' only sound
Of leaves and fuming rills, Aurora's fan,
Lightly dispers'd and the shrill matin song
Of birds on every bough; so much the more
His wonder was to find unwaken'd Eve
With tresses discompos'd, and glowing cheek,
As through unquiet rest: he on his side

Leaning half rais'd, with looks of cordial love,
Hung over her enamour'd, and beheld
Beauty, which whether waking or asleep,
Shot forth peculiar graces; then, with voice
Mild as when Zephyrus on Flora breathes,
Her hand soft touching, whisper'd thus. Awake,
My fairest, my espous'd, my latest found
Heav'n's last best gift, my ever new delight,
Awake; the morning shines, and the fresh field

Calls us; we lose the prime, to mark how spring
Our tender plants, how blows the citron grove,
What drops the myrrh, and what the balmy reed
How nature paints her colours, how the bee
Sits on the bloom extracting liquid sweet:

«

:

« Adam s'éveilla: son sommeil tranquille, fruit de » de la tempérance, étoit doucement interrompu » par le chant du matin, par le murmure des ruis>>seaux et des feuilles que l'aurore agite en se le> vant; mais il fut bien surpris. Eve dormoit en» core le désordre de ses cheveux et le feu de » ses joues marquoient l'agitation de son esprit. I' » se leva sur le coude, et, penché sur elle, il s'at» tendrit en voyant les graces touchantes qui étaient » peintes sur sa figure. Après l'avoir considérée quelque temps, il lui toucha la main, et, d'une: > voix aussi douce que le souffle du zéphyr quand » il murmure entre les fleurs, il lui dit : Eveille» toi, ma belle, ma compagne, mon unique trésor; chère Eve, toi qui fais le charme de ma » vie, éveille-toi ; l'aurore allume le flambeau de » la lumière, et la fraîcheur des champs nous appelle. Nous perdons les plus belles heures de la » journée. Voici le doux moment que la fleur » des citronniers s'épanouit; la myrrhe exhale ses » parfums les plus suaves: allons observer le mé» lange gracieux que la nature fait de ses couleurs. » L'abeille se repose déjà sur les fleurs, pour en >> extraire ses trésors liquides.

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>>

Toute cette peinture n'est, comme on voit, qu'une imitation d'un passage du Cantique des Cantiques. Surge, propera, amica mea...... formosa meu, et veni..... flores apparuerunt in terra nostra, etc.

Je voudrois savoir pourquoi ces simples accens du cantique ont mille fois plus de charme que la poésie la plus ornée, et pourquoi les hommes qui sentent tout le mérite de cette simplicité n'y peu

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