Les moins ignorants peignoient sur verre ou tailloient des images d'après des dessins étran

gers.

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Les autres doroient et étoffoient, ou sculptoient des ornements grotesques et moresques. Les matières précieuses qui s'y emploient donnent lieu à des fraudes,

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Et ces fraudes occasionnent des statuts, et de là l'origine de la maîtrise. Le peu de véritables gens d'art qui s'étoient formés dans cet intervalle, touchés uniquement de la nécessité de réprimer ces abus, ne songent point à réclamer contre cet arrangement, A la tête duquel leur mérite les place d'abord, mais dont ils fuient bientôt l'embarras et dédaignent l'autorité, qui passe entre les mains des maîtres de l'ordre inférieur.

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La basse avidité de ceux-ci fait guerre ouverte aux talents distingués, Et prend même des mesures pour perpétuer cette persécution,

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Ce qui force les arts à se réfugier sous les ailes du prince, etc., et de là les brevetaires du roi, 9 Qui sont fort multipliés sous les règnes de François Ier, Henri IV et Louis XIII.

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Cette qualité, pour être prodiguée sans discernement, tombe dans le mépris, En sorte que la peinture et la sculpture se divisent comme d'elles-mêmes en trois classes, composées 1o des maîtres de la communauté, 2o des brevetaires du roi, et 3o des véritables gens d'art.

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Les vexations exercées contre ces derniers de la

part des jurés sont portées à leur comble 12 Par l'obtention d'un règlement extrêmement odieux,

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Ce qui les force enfin d'agir et opère l'établissement de l'Académie.

SECONDE PARTIE.

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Formation de l'Académie et exploitation des statuts de 1648.

Les jurés attaquent les priviléges des brevetaires

du roi,

Et par une saisie faite sur deux d'entre eux,

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Et par une requête au parlement qui les enveloppe tous en général.

Cette requête, aussi hardie qu'irrégulière, et qu'on

rapporte ici en substance,

Est admise au parlement,

Et y forme la base d'un grand procès,

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Que les jurés poussent à outrance, sans ménager personne que le seul M. Le Brun,

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Le quel n'en saisit pas moins l'occasion de venger les arts, et prépare les voies de l'établissement de l'Académie,

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L'objet des plus ardents désirs de tous les gens d'art, brevetaires et autres, et même de plusieurs d'entre les maîtres, qui se joignent à eux.

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Dont M. de Charmois, avec quelques autres, s'occupe fortement de son côté.

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24 Pour le remplir efficacement, il minute une requête au roi, Laquelle il communique d'abord à M. Le Brun. 25 Tous deux de concert travaillent à relier tous les brevetaires et les gens d'art de l'ordre supé

rieur.

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On en forme une assemblée générale; la requête y est lue et est signée et approuvée de tous. 26 Cette souscription illustrée de plusieurs noms con

sidérables dans les arts,

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Et faite sous des auspices également touchants et recommandables. La réussite da projet cimentée par les sages me

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sures que prennent M. de Charmois et M. Le Brun, chacun de leur côté.

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La requête est présentée au roi, et lue en plein conseil par M. de Charmois. Telle qu'elle est ici rapportée en abrégé.

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La reine régente est vivement frappée de cette requête, et le conseil, tout d'une voix, Passe l'arrêt qui délivre les arts de la domination des jurés et ordonne l'établissement de l'Aca

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démie. M. de La Vrillière assaisonne l'expédition de cet arrêt de beaucoup de grâces et d'excellents avis touchant le choix et le triage des sujets académiques. Rédaction des premiers statuts, vus et corrigés

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par M. le chancelier lui-même, et qu'il fait autoriser par des lettres patentes du roi. 34 Ces statuts, arrêtés le.... janvier 1648, forment, avec les lettres patentes du mois suivant, le titre primordial de l'Académie.

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Elle tient sa première séance dès le mois de fé

vrier,

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Où elle procède à l'élection de douze anciens, tous hommes du premier mérite; elle y élit aussi deux syndics.

36 M. de Charmois, déclaré chef de l'Académie, l'établit par provision dans un logement d'emprunt, proche Saint-Eustache.

Le

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rang que les anciens devront tenir entre eux est réglé au gré du sort. 37 La primauté échue à M. Le Brun le met à portée de pourvoir à tout et d'établir un ordre si judicieux qu'il n'y a point été dérogé de

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puis. Les frais communs fournis volontairement par les anciens et suppléés par le droit des lettres de provision. M. Le Brun fait l'ouverture de l'école académi

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que avec un concours extraordinaire. L'Académie prend le parti de faire précéder la distribution des lettres de provision d'un examen sérieux des aspirants, afin de n'admettre que des sujets de distinction, Auquel ces habiles gens se soumettent sans hésiter, et qui porte les sujets médiocres à se retirer d'eux-mêmes. 40 L'Académie transfère sa demeure à l'hôtel de Clisson.

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Où elle procède à l'examen convenu, à l'expédi tion des lettres et à la prestation.

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Ces lettres sont expédiées au nom de M. de Charmois, et les sermens sont prêtés entre ses mains. 41 Cette opération faite relève beaucoup l'école académique, 42 Où M. Le Brun fait porter les études qu'il avoit faites à Rome d'après Raphaël. Les succès éclatants de l'Académie irritent les jurés, lesquels, sans égard aux titres respectables dont elle est munie, osent saisir les ouvrages des siens et traduire les académiciens saisis au Châtelet. 43 Ces saisies et les ordonnances d'y défendre au Châtelet sont annulées par arrêt du conseil, avec défense au lieutenant civil et à tous autres juges de troubler l'Académie, et évocation de ces causes au roi. 44 M. le chancelier accompagne cet arrêt d'une recommandation auprès du lieutenant civil, où il le prévient sur la protection spéciale dont il

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l'honore. Il prend la même précaution auprès de tous les premiers magistrats, etc., 45 Et donne à l'Académie des marques plus intimes encore de la réalité de cette protection, en entrant familièrement dans tous ses intérêts et ses besoins.

45 Il la presse et la met en état de poursuivre au parlement l'enregistrement de ses lettres. 45 Elle apprend de M. le procureur général qu'elle a été prévenue par les jurés, et qu'ils ont formé opposition à cet enregistrement.

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