ページの画像
PDF
ePub

Qui depuis trois cents ans, pleins d'une sainte horreur, que le respect, inspirent la terreur:

Ainsi

Les rois y sont des dieux, ce palais est un temple.
Là, le front prosterné, la nation contemple

Ses princes recevant pour la première fois
Les faisceaux souverains et le sceptre des rois.
Là, lorsqu'un saint usage en pompe renouvelle
D'un belier immolé l'offrande solennelle,
Les premiers de l'état, sur leur siége exhaussés,
Près d'une table immense en ordre sont placés;
Et, d'un peuple fidéle éternisant l'hommage,
Le cèdre de leurs rois y conserve l'image :
Italus, Sabinus, qui, la serpette en main,
Annonce que la vigne est son bienfait divin;
Saturne, dieu du temps; Janus aux deux visages;
Cent autres souverains, dont les mâles courages
De leur zèle héroïque ont obtenu le prix,
D'un vestibule immense occupent les lambris.
A l'entrée on voyoit des nations soumises
Les drapeaux déchirés et les portes conquises:
Là des chars fracassés, du fer courbé des faux,
Des panaches flottants, de l'airain des vaisseaux,
Et des arcs détendus, et des lances oisives,
Pendoient pompeusement les dépouilles captives.
Lui-même, s'appuyant sur son sceptre augural,
Dans sa courte tunique, ornement martial,
Un bouclier au bras, de la porte sacrée

Picus, son noble aïeul, ornoit l'auguste entrée;
Picus, qui des coursiers savoit dompter l'essor.
Circé l'aimoit; Circé de sa baguette d'or

Aurea percussum virga, versumque venenis,
Fecit avem Circe, sparsitque coloribus alas.
Tali intus templo divum, patriaque Latinus
Sede sedens, Teucros ad sese in tecta vocavit;
Atque hæc ingressis placido prior edidit ore :

« Dicite, Dardanidæ, (neque enim nescimus et urbem, Et genus, auditique advertitis æquore cursum) Quid petitis? quæ causa rates, aut cujus egentes Litus ad Ausonium tot per vada cærula vexit? Sive errore viæ, seu tempestatibus acti, (Qualia multa mari nautæ patiuntur in alto) Fluminis intrastis ripas, portuque sedetis; Ne fugite hospitium; neve ignorate Latinos, Saturni gentem, haud vinclo nec legibus æquam, Sponte sua, veterisque dei se more tenentem. Atque equidem memini (fama est obscurior annis) Auruncos ita ferre senes; his ortus ut agris Dardanus Ideas Phrygiæ penetrarit ad urbes, Threiciamque Samum, quæ nunc Samothracia fertur. Hinc illum Corythi Tyrrhena ab sede profectum Aurea nunc solio stellantis regia cœli Adcipit, et numerum divorum altaribus addit. »

Dixerat, et dicta Ilioneus sic voce secutus: «Rex, genus egregium Fauni, nec fluctibus actos Atra subegit hiems vestris succedere terris;

Le toucha, le vêtit de ses plumes nouvelles,
Et de riches couleurs elle émailla ses ailes.
C'est là, c'est dans ces lieux, où brillent à-la-fois
La majesté des dieux et la grandeur des rois,
Que, sur son trône assis, le vieux roi de Laurente,
Admet les Phrygiens, et d'une voix touchante :

<< Enfants de Dardanus (car je n'ignore pas Votre nom, votre ville, et vos trop longs combats), L'éclat de votre gloire, à qui tout éclat cède, Dans mes vastes états dès long-temps vous précède. Quel est votre dessein? et que puis-je pour vous? Soit qu'un astre trompeur, soit que l'onde en courroux Ait poussé vos vaisseaux dans les ports d'Ausonie, Troyens, que de vos cœurs la crainte soit bannie.

Les Latins sont fameux par l'hospitalité :

Enfants du vieux Saturne, en eux l'humanité
N'est pas le fruit des lois; leur bonté volontaire
Suit de leur premier dieu l'exemple héréditaire.
Je m'en souviens encor, quelques vieillards toscans
(Mais leur récit se perd dans la nuit des vieux ans)
M'ont dit que Dardanus, enfant de l'Étrurie,
Pour la Thrace autrefois déserta sa patrie,
Y choisit son séjour, et des champs thraciens
Transporta ses foyers sur les bords phrygiens.
Et maintenant ce prince, adoré dans l'Asie,
Partage avec les dieux la céleste ambroisie. »

Il dit. Ilionée en ces mots lui répond:
«Noble sang de Faunus, si des mers d'Hellespont
Les Troyens sont venus sur cet heureux rivage,
Non, ce n'est point l'effet d'une erreur, d'un orage,

Nec sidus regione viæ litusve fefellit.

Consilio hanc omnes animisque volentibus urbem
Adferimur, pulsi regnis, quæ maxima quondam
Extremo veniens sol adspiciebat Olympo.

Ab Jove principium generis; Jove Dardana pubes
Gaudet avo: rex ipse, Jovis de gente suprema,
Troius Æneas tua nos ad limina misit.

Quanta per Idæos sævis effusa Mycenis
Tempestas ierit campos, quibus actus uterque
Europæ atque Asia fatis concurrerit orbis,
Audiit, et si quem tellus extrema refuso
Submovet oceano, et si quem extenta plagarum
Quatuor in medio dirimit plaga solis iniqui,

Diluvio ex illo tot vasta per æquora vecti,
Dis sedem exiguam patriis, litusque rogamus
Innocuum, et cunctis undamque auramque patentem.
Non erimus regno indecores; nec vestra feretur
Fama levis, tantive abolescet gratia facti;
Nec Trojam Ausonios gremio excepisse pigebit.
Fata per Æneæ juro, dextramque potentem,
Sive fide, seu quis bello est expertus et armis;

Ni d'un astre ennemi l'aspect insidieux;

C'est notre propre choix qui nous porte en ces lieux,
Malheureux, exilés d'une terre féconde,

Et des plus grands états qu'ait vus l'astre du monde.
Dardanus, les Troyens sont nés de Jupiter;
Sorti du même sang, de nos rois le plus cher,
Énée, en suppliants devant vous nous envoie.
Hélas! vous connoissez les désastres de Troie.
Qui ne les connoît pas ? Et ce peuple lointain
Qu'embrase de ses feux le climat africain,
Et ceux que le soleil sous les glaces de l'Ourse
D'un rayon plus oblique éclaire dans sa course,
Tous ont su quel orage et quels flots débordés
Mycènes a vomis dans nos champs inondés;
Et comment, dans leur fière et longue jalousie,
On vit s'entre-choquer et l'Europe et l'Asie.
Depuis ce choc affreux dont trembla l'univers,
Poussés de rive en rive, errants de mers en mers,
Aujourd'hui nous venons, sur ce nouveau rivage,
Des biens communs à tous réclamer le partage:
L'eau, l'air, un simple abri, voilà tous nos souhaits.
Vous ne rougirez point un jour de vos bienfaits:
Peut-être nos secours vous vaudront quelque gloire;
Et notre cœur jamais n'en perdra la mémoire.
J'en jure par Énée; oui, j'atteste ce bras
Fidéle dans la paix, vaillant dans les combats,
Vos dons seront payés, et Laurente avec joie
Un jour s'applaudira d'avoir accueilli Troie.
Si nous venons ici devant son souverain,
La prière à la bouche, et l'olive à la main,

« 前へ次へ »