Vix ea dicta, dehinc progressus, monstrat et aram, Et Carmentalem Romano nomine portam, Quam memorant nymphæ priscum Carmentis hono 340 Vatis fatidicæ, cecinit quæ prima futuros Æneadas magnos, et nobile Pallanteum. [rem, Hinc lucum ingentem, quem Romulus acer Asylum 35oDira loci, jàm tùm silvam saxumque tremebant. « Hoc nemus, hunc, inquit, frondoso vertice collem, 360 Pauperis Evandri, passimque armenta videbant Ut ventum ad sedes: « Hæc, inquit, limina victor Aude, hospes, contemnere opes, et te quoque dignum Dixit, et angusti subter fastigia tecti Ingentem Ænean duxit, stratisque locavit Effultum foliis et pelle Libystidis ursæ. Virgile montre ici aux Romains du siècle d'Auguste des monuments conservés de leur temps: l'autel et la porte de Carmente mère d'Evandre, l'asyle de Romulus, la caverne du Lupercal sous le mont Palatin, le quartier d'Argilète qui s'étendoit le long du Tibre, et enfin ce brillant Capitole dont il a su, par une image sublime, faire déjà le séjour de Jupiter. Il représente le dieu armé de son égide, comme au 17me. chant de l'Iliade, où son seul aspect met en fuite l'armée grecque, Καὶ τότ ̓ ἄρα Κρονίδης ἕλετ αἰγίδα θυσσανόεσσαν, μαρμαρέην· Ἴδην δὲ κατὰ νεφέεσσι κάλυψεν, ἀστράψας δέ, μάλα μεγάλ ̓ ἔκτυπε, τὴν δ ̓ ἐτίναξεν· νίκην δὲ Τρώεσσι δίδου, ἐφόβησε δ ̓ Ἀχαιούς. IL. XVII, v. 593. Près de là sont les ruines de Saturnia, et en face celles de Janicule; au dessous s'étend un pâturage qui fut depuis l'emplacement du Forum et du somptueux quartier des Carènes, entre les Esquilies et le mont Cœlius. Ce rapprochement de la simplicité antique avec la majesté de la reine de l'univers avait également frappé tous les contemporains de Virgile, car on voit les mêmes idées exprimées à la même époque par Tibulle (Liv. II, eleg. 5.), Properce (Liv. IV, eleg. i.) et Ovide (Fastes, ch. I, v. 475.) L'entrée d'Enée dans la demeure d'Evandre est une imitation ennoblie de la réception d'Ulysse chez Eumée (Od. XIV, v. 45.) Milton a profité des beaux vers de Virgile, dans l'accueil de l'ange Raphaël par Adam (Paradis, ch. V, v. 358), et Klopstock, dans le repas de Cléophas ( Messiade, ch. XIV, v. 739.) Le poëte élève maintenant ses regards vers l'Olympe, et nous montre Vénus demandant à Vulcain un bouclier céleste pour Enée. Cette fiction se compose de deux épisodes de l'Iliade: l'entrevue de Jupiter et de Junon sur l'Ida, et celle de Thétis et de Vulcain. V. Nox ruit, et fuscis tellurem amplectitur alis. 370At Venus haud animo nequicquame xterrita mater Laurentumque minis et duro mota tumultu, Vulcanum alloquitur, thalamoque hæc conjugis aureo Incipit, et dictis divinum aspirat amorem : « Dům bello Argolici vastabant Pergama reges Debita, casurasque inimicis ignibus arces, Non ullum auxilium miseris, non arma rogavi Artis opisque tuæ ; nec te, carissime conjux, Incassumve tuos volui exercere labores : Quamvis et Priami deberem plurima natis, 380 Et durum Æneæ flevissem sæpè laborem. Nunc Jovis imperiis Rutulorum constitit oris : Ergò eadem supplex venio, et sanctum mihi numen Arma rogo, genitrix nato. Te filia Nerei, Te potuit lacrymis Tithonia flectere conjux. Aspice qui coëant populi, quæ moenia clausis Ferrum acuant portis in me excidiumque meorum. » L'arrivée de Thétis au palais de Vulcain et sa réception hospitalière sont décrites par Homère avec cette imposante simplicité qui caractérise toutes ses compositions (II. XVIII, v. 380.) On n'en trouve que de faibles traces dans l'imitation latine, dont on ne peut nier l'infériorité. La prière de Vénus est contenue dans ces paroles de Thétis: Τὸν δ ̓ ἀμείβετ ̓ ἔπειτα Θέτις κατὰ δάκρυ χέουσα· Ηφαιστ ̓, ὦ ἄρα δή τις, ὅσαι θεαί εἰσ ̓ ἐν Ὀλύμπῳ, τοσσάδ ̓ ἐνὶ φρεσὶν ἧσιν ἀνέσχετο κήδεα λυγρά, ὅσσ ̓ ἐμοὶ ἐκ πασέων Κρονίδης Ζεὺς ἄλγε ̓ ἔδωκεν; υἱὸν ἐπεί μοι δῶκε γενέσθαι τε, τραφέμεν τε, Τρωσί μαχησόμενον· τὸν δ ̓ οὐχ ὑποδέξομαι αὖτις, ὄφρα δέ μοι ζώει καὶ ὁρᾷ φάος ἠελίοιο, ἄχνυται, οὐδέ τί οἱ δύναμαι χραισμῆσαι ἰοῦσα· τοὔνεκα νῦν τὰ σὰ γούναθ ̓ ἱκάνομαι, αἴ κ ̓ ἐθέλησθα, υἱεῖ ἐμ ̓ ὠκυμόρῳ δόμεν ἀσπίδα καὶ πρυφάλειαν, καὶ καλὰς κνημῖδας, ἐπισφυρίοις ἀραρυίας, καὶ θώρηχ ̓· ὃ γὰρ ἦν οἱ, ἀπώλεσε πιστὸς ἑταῖρος, Τρωσί δαμείς· ὁ δὲ κεῖται ἐπὶ χθονὶ θυμὸν ἀχεύων. IL. XVIII, v. 428, 436 et 457. Dixerat, et niveis hinc atque hinc diva lacertis Cunctantem amplexu molli fovet: ille repentè Accepit solitam flammam, notusque medullas 3goIntravit calor, et labefacta per ossa cucurrit : Non secùs atque olim tonitru cùm rupta corusco Ignea rima micans percurrit lumine nimbos. Sensit læta dolis et formæ conscia conjux. Tum pater æterno fatur devinctus amore: «Quid causas petis ex alto? fiducia cessit Quò tibi, diva, met ? similis si cura fuisset, Tùm quoque fas nobis Teucros armare fuisset ; Nec Pater omnipotens Trojam, nec fata vetabant Stare, decemque alios Priamum superesse per annos. 4oo Et nunc, si bellare paras, atque hæc tibi mens est, Quicquid in arte meâ possum promittere curæ, Quod fieri ferro liquidove potest electro, Quantum ignes animæque valent ; absiste, precando, Viribus indubitare tuis. » Ea verba locutus, Les premiers vers rappellent l'arrivée de Junon au sommet de l'Ida, dans l'épisode du 14me. chant : Ηρη δὲ κραιπνῶς προσεβήσετο Γάργαρον ἄκρον Ιδης ὑψηλῆς· ἴδε δὲ νεφεληγερέτα Ζεύς. ὡς δ ̓ ἴδεν, ὥς μιν ἔρως πυκινὰς φρένας ἀμφεκάλυψεν. IL. XIV, ν. 292. Virgile a donné plus de développement à ce passage, mais malgré tout le charme de son style, il n'a pas égalé la séduisante peinture de Mars et de Vénus, dans l'invocation de Lucrèce : Nam tu sola potes tranquillâ pace juvare Poëme de la Nature, livre I, v. 32. Milton est le seul peut-être qui ait surpassé la délicatesse de ces vers, dans les amours d'Adam et d'Eve (Paradis, ch. VIII, v. 510). La réponse de Vulcain à Vénus est celle qu'il fait à Thétis dans Homère : Τὴν δ ̓ ἀμείβετ ̓ ἔπειτα περικλυτὸς Ἀμφιγυήεις" Θάρσει, μή τοι ταῦτα μετὰ φρεσὶ σῇσι μελόντων, αἳ γάρ μιν θανάτοιο δυσηχέος ὧδε δυναίμην |