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vouloient fur-tout au Dieu de la guerre ; mais le premier eut l'œil gauche crevé par les traits d'Apollon, & le droit, par les fléches d'Hercule, & fut ainfi mis hors de combat. Eurytus qui attaqua ce Heros, fut tué avec une branche de chêne, pendant qu'Hecate, ou plûtôt Vulcain terraffa Clytius avec une maffe de fer rouge. Encelade voyant les Dieux victorieux, prenoit la fuite, mais Minerve l'arrêta en lui oppofant l'Ifle de Sicile. Polybotes poursuivi par Neptune, fuyant à travers les flots de la mer, arriva à l'Ifle de Cos, mais ce Dieu ayant arraché une partie de cette Ifle, en couvrit le corps de ce Geant, d'où fut formée l'Ifle Nifyros. Minerve de son côté ayant vaincu le Geant Pallas, l'écorcha, & s'arma de fa peau. Mercure qui avoit pris le cafque de Pluton, tua le Geant Hippolytus, & Diane celui qui s'appelloit Gration, Les Parques ôterent la vie à Agrius & à Thaon. La Terre irritée de cette victoire, fit un dernier effort, & fit fortir de fon fein le redoutable Typhon, qui feul donna plus de peine aux Dieux que tous les autres Geants enfemble. (a)

Après la défaite des Titans & des Geans, Jupiter ne fongea plus qu'à rendre fes fujets heureux, Suivant Hefiode il fut marié fept fois, & il époufa fucceffivement Metis, Themis, Eurynomé, Cerès, Mnemofyne, Latone, & Junon qui paroît avoir été la derniere de fes femmes. Ce n'eft pas que les Mythologues foient d'accord fur cet article, puifqu'il y en a qui foutiennent qu'il n'époufa Metis que parce que Junon étoit ftérile. Quoi qu'il en foit, il eut de fes femmes & de fes Maîtreffes un grand nombre d'enfans; & je me dispenserois volontiers de les nommer, puifque, comme on l'a déja dit, ils n'appartiennent pas tous au même Jupiter; mais comme ils ont été tous, ou prefque tous, mis au rang des Dieux ou des demi-Dieux, & que j'aurai occafion d'en parler dans la fuite, il eft néceffaire de faire connoître d'un coup d'œil leur origine Comme pour réuffir dans fes galanteries il fit jouer plufieurs intrigues, c'est ce qui donna lieu à tant de métamorphofes dont parlent les Poëtes, & au fujet defquelles

(a) Voyez ce qui a été dit de ce Geant dans le Livre 6.

je renvoye le Lecteur à la derniere fource des Fables, où j'en ai donné l'explication.

Métamorphofé en Cygne il eut Caftor & Pollux de Leda femme de Tyndare Roi de Sparte. Changé en Taureau il eut Minos & Rhadamanthe d'Europe fille d'Agenor. De Calyfto, Arcas; de Niobé, Pelafgus; de Lardane, Sarpedon & Argus; d'Alcmene femme d'Amphitryon, Hercule; d'Anthiope, Amphion & Zetés; de Danaé, Perfée; d'Iodame, Deu calion; de Carné, fille d'Eubulus, Britomarte; de la Nymphe Schytinide, Megare; de Protogenie, Æthilie, pere d'Endymion, & Memphis qui dans la fuite époufa Lydie; de Toredie, Arcefilas; d'Ora, Colax ; de Cyrno, Cyrné; d'Electre, Dardanus; de Thalie, les Dieux Palices; de Garamantis, Hyarbas, Philée & Pilumnus; de Cerès, Proferpine; de Mnemofyne,pour laquelle il s'étoit métamorphofé en Berger, les neuf Mufes; de Junon, Mars; de Maia fille d'Atlas Mercure ; de Latone, Apollon & Diane; de Dione, Venus; de Metis, Minerve; de Semelé fille de Cadmus, Bacchus. Telle étoit la tradition que la plupart des Auteurs Grecs avoient fuivie au fujet de Jupiter & de fa famille; mais il avoit une autre, non moins ancienne peut-être, & du moins auffi autorisée, qu'il eft néceffaire de rapporter. Cette tradi tion qui prefentoit les Princes de la famille de Jupiter, c'està-dire, les Titans, comme les maîtres d'un grand Empire, (1) Liv. 3. nous a été confervée principalement par Diodore de Sicile, (1) qui l'avoit prife lui-même dans Evhemere, & qui fe trouvant conforme à Sanchoniathon, a été mife dans un beau jour par (2) Ant. le Pere dom Pezron (2) qui a fçu rapprocher pour la foutenir de la langue des paffages épars dans les anciens..

des Celtes.

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LES Scythes defcendans de Magog, fecond fils de Japhet; s'établirent d'abord dans les Provinces feptentrionales de la

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haute Afie. Partagés dans la fuite en différentes branches, il y en eut qui occuperent la Margiane, la Bactriane, & la partie la plus orientale de la Sogdiane, pendant que d'autres fixerent leur féjour dans l'Iberie & dans l'Albanie, entre la mer Cafpienne & le Pont Euxin. Quoiqu'on ait fouvent compris. ces peuples fous le nom général de Scythes, ils eurent cependant plus communément celui de Saques, Saca. Chargés d'une multitude d'habitans plus grande que le pays qu'ils habitoient n'en pouvoit contenir, ils fe mirent en devoir de chercher de nouvelles demeures. L'Armenie, felon Strabon, (1) fut la premiere Province fur laquelle ils fe jetterents mais (1) Liv. la conquête qu'ils en firent, ne les ayant pas fatisfaits, ils s'avancerent vers la Cappadoce, & tirant toujours du côté de l'occident, ils s'établirent dans les contrées arrofées par le. Thermodon & l'Iris, où, felon Stephanus, (2) ils bâtirent la (2) Verbo ville d'Acmonie, du nom d'Acmon,fils de Phanée qui étoit leur Chef. L'humeur inquiette d'Acmon, ou plutôt le defir d'étendre fes Conquêtes, le porta à entrer dans la Phrygie, où il bâtit auffi encore une ville à laquelle il donna le nom d'Acmonie ;. & après s'être rendu maître de la Phenicie & de la Syrie, il mourut pour s'être trop échauffé à la chaffe, & fut mis au rang des Dieux, fous le nom de Très-haut: C'est l'Hypfiftos de Sanchoniathon, dont nous avons parlé dans l'article de la Theogonie des Pheniciens.

Urane, dont le nom dans la langue Grecque fignifie le Ciel, fils & fucceffeur d'Acmon, époufa Titée (a), ou laTerre, fa fœur, & en eut plusieurs enfans, qui prirent de leur mere. le nom de Titans, nom fi célebre dans toutes les anciennes Hiftoires, & qui les a fait regarder comme les enfans de la terre. Comme ces Princes étoient plus grands & plus robuftes que les autres hommes de leur temps, ou peut-être, comme nous le dirons dans la fuite, parce qu'ils menoient une vie plus dereglée, ils furent auffi appellés Geans; & depuis ce temps-là les noms de Titans & de Geans ont fouvent été confondus, quoiqu'il faille les diftinguer (b).

(a) Sanchoniathon l'appelle Gué, d'où la Terre a pris fon nom. Voyez le Frag. T. L.2 (b) Voyez les réflexions qui font à la fuite de cette Histoire.

Acmonia.

Si l'on s'en rapporte à ce que les Anciens ont dit d'Urane, il ne fut ainfi appellé, que par le foin qu'il eut de s'appliquer à la fcience du Ciel, à en connoître la nature, les révolutions, & les divers mouvemens des Aftres. Les Titans fes defcendans, habiles à profiter de tout ce qui pouvoit élever cette illuftre race, faifirent l'avantage que leur donnoient les noms d'Urane & de fa femme Titée, pour publier qu'ils étoient les enfans du Ciel & de la Terre; croyant fe rendre aussi refpectables par cette origine, qu'ils étoient redoutables par leur force & par leur valeur.

Urane furpaffa tellement tout ce que fon pere avoit fait de remarquable, qu'il femble avoir prefque effacé dans le fouvenir de la poftérité, les noms de ceux dont il defcendoit. Ce Prince paffa le Bofphore, porta fes armes dans la Thrace, & conquit plufieurs Ifles, entre autres celle de Crete, dont il donna le gouvernement à un de ses freres, qui eut des enfans mâles qu'on nomma Curetes. Peu content de tant de conquêtes, Urane fe jetta rapidement fur les autres Provinces de l'Europe; pénétra jufqu'en Efpagne, & paffant le Détroit qui la fépare de l'Afrique, il parcourut la côte de (1) Voyez cette partie du monde, (1) d'où revenant fur fes pas, il alla du côté du Nord de l'Europe, dont il foumit tout le pays à fa puiffance.

Diod. liv. 1.

Chronos

ou Saturne.

Ce Prince eut plufieurs enfans, Titan, Oceanus, Hyperion, Iapet, Chronos, ou Saturne, qui devenus grands chercherent à cabaler contre leur pere. Urane informé de leurs menées, les fit tous arrêter, à l'exception d'Oceanus qui lui fut toujours foumis. Saturne, ou trop jeune pour avoir été mis en prifon avec fes freres, ou délivré par fa mere Titée, rendit la liberté à fes freres, qui s'étant faifis à leur tour de la perfonne de leur pere, défererent par reconnoiffance l'Empi re à leur Liberateur. Quelques-uns de ces Titans eurent beau s'oppofer à la puiffance naiffante de Saturne: tout plia; & Urane réduit à la condition d'un particulier, mourut de chagrin, ou, fi nous nous en rapportons à Sanchoniathon (a), de

(a) Voyez fon Fragment, art. de la Theogonie des Pheniciens.

la fuite d'une opération violente, qui le mettoit hors d'état d'avoir des enfans.

Saturne devenu le maître d'un vafte Empire, épousa sa fœur Rhea, & prit avec le nom de Roi, la couronne & le diadême. Dans une de ces imprécations que la colere dicte aux peres & aux meres contre un fils ingrat, Urane & Titée annoncerent à Saturne que fes enfans le traiteroient comme il les avoit traités lui-même; & ce Prince qui regarda cette menace comme une prédiction, les fit tous enfermer fans aucune distinction de fexe. Rhea indignée de cette cruauté, eut l'adresse de fauver Jupiter, & de l'envoyer fecretement de l'Arcadie où elle étoit alors, dans l'Ifle de Crete, où les Curetes fes oncles l'éleverent dans les antres du mont Ida. Les Poëtes qui ont parlé de cet événement, l'ont enveloppé fous une fiction, & ont dit que Saturne dévoroit fes enfans à mesure qu'ils naiffoient, & que Rhea étant accouchée de Jupiter, avoit prefenté à sa place une pierre à fon époux, qui l'avoit avalée.

Cependant les Titans qui ne voyoient qu'avec chagrin la grandeur de Saturne, fe révolterent contre lui, & s'étant faifis de fa perfonne, le renfermerent dans une étroite prifon. Jupiter jeune alors & plein de courage, ayant appris cette nouvelle, fortit de l'Ifle de Crete, défit les Titans, délivra fon pere, & l'ayant rétabli sur le trône, s'en retourna victorieux dans le lieu de fa retraire. Saturne regna enfuite pendant plusieurs années, fans que rien troublat fa tranquillité; mais l'âge l'ayant rendu foupçonneux & défiant, il confulta un Oracle qui lui annonça qu'il avoit tout à craindre du plus jeune de fes enfans.Il n'en fallut pas davantage à ce Prince pour l'engager à chercher tous les moyens de fe défaire de Jupiter. Il lui fit dreffer des embûches qu'il évita heureusement ; mais fe voyant chaque jour expofé à de nouveaux dangers, il se prépara à une vigoureuse défense, fuppofé qu'il fut attaqué ouvertement. Saturne vint en effet dans l'Ifle de Crete, mais il fut trahi par ceux qui la gouvernoient de fa part, & fut obligé de fe retirer avec précipitation dans cette partie de la Grece, qui depuis porta le nom de Peloponnefe.

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