Fut blessé d'vn coup sans remède1, Blessé, dis-ie, d'vn coup mortel, L'issu du costé paternel
Du feu Duc de Rohan son père, Si l'on en croit sa chaste mère; Au reste vn enfant très bien né Aussi vaillant qu'infortuné. Il donnoit beaucoup d'espérance; Mais le mauuais destin de France Prit mal à propos le toupet
Contre vn ieune homme si bien fait
Qui portoit toupet sur sa teste, Comme l'on voit dans sa requeste 2. Voyons donc comme il a péry : Il reuenoit avec Vitry,
Noirmoutier et d'autre Noblesse Quand pour sa première prouesse, Et pour acheuer son Romant, Il rencontra quelque Allemand De la garnison de Vincenne Qu'il suiuit à perte d'haleine; Mais il s'engagea trop auant. Les ennemis estoient deuant, Qui sans considérer son âge Le traittèrent auecque rage, Parce qu'il auoit presque occis De leurs caualliers cinq ou six. Ils le chargèrent, le blessèrent, Et dans Vincennes le traisnèrent, Où le lendemain son déceds
Lettre de consolation enuoyée à madame la duchesse de Rohan, etc. [1922]; Regrets de la mort glorieuse de M. Tancrède de Rohan, etc. [3081]. 2 Madame de Rohan, en la requeste que elle présenta, dit estoit reconnu par le toupet qu'il auoit.
Finit sa vie et son procez1. Lors on eut aduis véritable, Qu'à S. Germain (chose effroyable!) Monseigneur, vous auiez nuds mis Tous les gens que vous auiez pris, Et que sans balle et sans iaquette' Ils estoient en grande disette, Enfermez au tripot du lieu N'ayant reconfort que de Dieu.
Le Lundy première iournée', Du second mois de cette année, Vous fistes le déterminé, Dont il prit mal à Fontenay,
A Sceaux, Palaiseau, belle terre “, Où vos barbares gens de guerre,. Firent és maisons et clochers Pis que n'auroient fait des archers, Ou les volleurs de S. Sulpice; Car ils prirent iusqu'au calice, Pissèrent dans le benestier, Assommèrent vn marguillier,
* C'est le sujet de la Harangue à la Reyne par messieurs les curés des bourgs
Des surplis firent chemisettes, Et beurent le vin des burettes, Prirent le liure d'Oremus Qu'ils ne respectèrent pas plus.
Le Mardy n'est pas remarquable. Ieudy quatre, sortant de table Où l'on seruit force rosty, Monsieur le Prince de Conty, Suiuy d'vne grande cohue Fut faire à ses gardes reuue, Où se trouua Monsieur d'Elbœuf Qui n'auoit pris qu'vn iaune d'œuf, Tant son ardeur infatigable
Le laissoit peu dormir à table;
Iour que pour nous faire du mal, Scachant que force bestial Nous venoit du costé de Brie, Bled, farine, autre drollerie, Qui sauuoit Paris de la faim, Et qui rompoit vostre dessein, Vous pensastes mourir de rage;
pour nous boucher ce passage, Ayant en vain attaqué Bry, Qui n'estoit vostre fauory Depuis qu'à vos belles cohortes Il auoit refusé les portes, Vous tournastes vers Lésigny, Chasteau iadis à Conchiny', Où de la canaille rustique, Ce iour, à vos gens fit la nique, Et quelques soldats au milieu
Venus de Bry, voisin du lieu, Respondirent auec rudesse :
« le sons vallets de Son Altesse; Ce sera pour vne autre fois.
Ce fut le cinquiesme du mois Que quelques trouppes ennemies1 Pour poursuiure leurs volleries Et le dégat du plat pays, Prirent leur vol de S. Denis.
Hélas! que tu deus estre en trance, Pauure Mesnil Madame Rance! Ce iour, c'estoit à toy le dez; Tes murs n'estoient pas bien gardez. Ils mirent au fil de leurs lames Enfans, vieillards, hommes et femmes, Et firent acte de larrons
Par tous les bourgs aux enuirons.
C'est ce iour si ie ne me blouze, Que l'Archeuesque de Thoulouze Reuint icy de Sainct Germain ; Mais non, ce fut le lendemain. Nenny, ce fut ce iour-là mesme Qu'estant allé dès le troisiesme Y faire prédication
De nostre bonne intention, En guise d'vne remonstrance, Il ne pust auoir audience; Et sans qu'on l'oïist, il auint Que le zélé prélat reuint.
Ce iour mérite quelque notte, Puisque le Mareschal la Motte Et le vaillant Duc de Beaufort, Qu'on appeloit frappe d'abort 2,
7 février.
Siége de Cha
renton.
purger les chemins de Brie Des picoreurs de Sainct Denis, Virent près les bois de Bondis Vne forte trouppe et très grande De Caualerie Allemande. Demander si nos généraux Furent aussitost à leur dos, C'est péché mortel que ce doute. L'Allemand fut mis en déroute Après s'estre bien défendu, Iusques là mesme, qu'vn pendu, Le Capitaine de la trouppe, (Quand i'y songe ma voix s'étoupe) Vint tirer à brusle-pourpoint Nostre Duc, qui ne bransla point; Mais d'vn revers de cimeterre Renuersa ce Reistre par terre ; Les vns disent de pistolet. Enfin le coup ne fut pas laid. Le drosle en est au cimetière, Et mord fièrement la poussière. Le sept, par vous, braue Condé, Le Duc d'Orléans secondé,
Ayant tiré des voisinages,
Des villes, bourgs, chasteaux, villages, Autant de troupes qu'il en put, Sans que Paris débloqué fut, Il fit bien de caualerie
Trois mille, et cinq d'infanterie, Qui filèrent, toute la nuict, Vers Charenton à petit bruit '.
1 Lieu dont il auoit connoissance
2 Qu'vn chef de grande expérience
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