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Lundy huit, l'aurore esueillée1
Vous trouua dans vne vallée,
Que nous appelons tous Fécamp,
Où le volleur est très fréquent
Durant tous les mois de l'année;
Mais où deuant cette iournée
lamais tant il ne s'en compta
Que dans ce iour elle en porta.
Là vostre Gros prit la scéance,
Et se saisit de l'éminence,
Tandis que quelque Régiment
Détaché par commandement,
Alla pour donner l'escalade
A la malheureuse bourgade.
Auant qu'aucun fust assommé,
Chanleu par vos gens fut sommé
De leur remettre cette place,
Qui ne leur fit pas cette grâce;
Et sur l'heure les assiégeans
De cette brauade enrageans
Occupèrent les auenues

Que nos canons rendirent nues.
Sans mentir, le coup le premier
Les fist plus nettes qu'vn denier;
Le second rompit quatre cuisses;
Le troisiesme tua deux Suisses..
Nauarre, braue Régiment
Lascha le pied vilainement.
Vingt de ses officiers à terre

Estoit le fidèle gardien,

Et qu'il le défendroit bien.

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Attaque et prise de Charenton, etc. [431]; Prise de Charenton, etc. [2870].

Le marquis de Clanleu. Louange de feu M. le marquis de Clanleu, etc.

[2325].

8 février.

Maudirent mille fois la guerre
Qui les enuoyoit chez Pluton
Deuant vn chétif Charenton.
Vostre Altesse ayant sceu l'escarre
Qui s'estoit faite de Nauarre,
Pensa creuer dans son pourpoint;
Pourtant elle ne creua point,
Sur l'espérance de combattre
Le badaud qu'on tenoit à quatre,
Qui comme vn Diable iuroit Dieu
Qu'il vouloit secourir ce lieu.
Il disoit d'elle peste et rage,
Cependant qu'auec aduantage
Elle attendoit ceux de Paris,
Comme le chat fait la souris.
Se fiant sur son éminence,
Elle auoit grande impatience
De taster le poux au Bourgeois
Qui ne sortit pas cette fois.

Il est prudent et craint la touche,
Ioint qu'il n'aime point la cartouche,
Et qu'elle en auoit fait charger.
Paris n'en vouloit point ronger,
Et certes auecques prudence
(Puis qu'on dit que cette éminence,
Se pouuoit aussi peu forcer
Que l'autre se pouuoit chasser),
Vostre Altesse faisant fanfare,
Commit pour soustenir Nauarre
Chastillon auec du renfort,

Ou plutost pour chercher la mort1;

On ne compte pas moins de dix pièces sur la mort du duc de Chatillon. Regret de la France sur la mort de M. de Chatillon, etc. [3080]; Lettre de consolation enuoyée à madame de Chatillon, etc. [1921]; Dernières paroles de M. le duc de Chatillon, etc. [1036], etc., etc.

Car, hélas! au bas de son ventre
Vne balle de mousquet entre,
Sans respecter ce Duc nouueau
Ieune, vaillant, adroit et beau'.
Tost après vos troupes filèrent
Par des jardins qu'elles forcèrent,
Si qu'il conuint à nos soudarts,
Enuironnez de toutes parts,
De faire vne retraite honneste.
Ce ne fut pas sans casser teste,
Et percer maints et maints boyaux
De maints et maints et maints Royaux.
Chanleu deuant qu'il deuint ombre,
En tua de sa main grand nombre,
Tant que lardé de plusieurs coups
Ce braue prit congé de nous,
Et finit vaillamment sa vie
Par vne mort digne d'enuie;
Ayant deuant mis par quartier
Vn qui luy présentoit quartier.
Charenton se rendit en suite.
La Garnison se mit en fuite,
Qu'on taschoit de secourir, quand
Il fallut passer par Fécamp;

• Et qui deuint en moins d'vne heure
Grand prédicateur, ou ie meure,
Puis qu'au iour qu'il est décédé
Il prescha son cousin Condé ;
Tesmoin ses paroles dernières
Qu'il accompagna de prières
Capables de fendre vn rocher.
Aussi ne put pas s'empescher
Condé de lui donner des larmes
Et trahir le Dieu des allarmes,
Ennemis de Dame Pitié ;

Mais ce furent pleurs d'amitié
A cause de leur parentage.

8

40 février.

Ce qui n'estoit pas fort facile
A nos petits Messieurs de Ville'.
Le iour que fut pris Charenton,
Resuant en soy-mesme Gaston
Sur l'importance de la perte
Qu'à sa prise il auoit soufferte,
Sur la conqueste il raisonna,
Et par conseil l'abandonna,
Comme

pour son trop d'estendue
Ne pouuant estre défendue.
Il sort; et seulement il rompt

Le

passage qui mène au pont.
Ce fait, vos troupes défilées
Vers Nogent prirent leurs volées;
Nogent sur Marne, que vos gens
Plus impiteux que des sergens,
Surprirent, pillèrent, bruslèrent,
Et puis après se retirèrent.

Le Mercredy, nostre support
Sortit de grand matin, Beaufort.
Il avoit la puce à l'oreille.

1

Laissez lui prendre Charenton
Puisque le sang de Chastillon

Et de Saligny le carnage
N'a que trop payé ce village.
Ieunes seigneurs prostituez,
Parlez donc, vous autres tuez,
Braues officiers de Nauarre,
L'occasion estoit bien rare
Pour

y perdre trente de vous?
Au nom de Dieu, reuenez tous;
Et que vos ombres vengeresses
S'attachent nuit et iour aux fesses
De celui qui vous hazarda
Et par nos mains vous poignarda;
C'est Mazarin que ie veux dire,
L'autheur seul de vostre martyre.

Aussi ce iour, fit-il merueille;
Car dès qu'à Charenton il fut,
L'ennemy soudain disparut,
Et luy présentant le derrière
Se retira sur la riuière

Dans les moulins proche du pont,
Où nostre prince actif et prompt,
Ayant mandé l'artillerie

Pour battre cette infanterie,
Au nombre de deux à trois cens,
Receut vn aduis plus pressant
Qui le fit dénicher bien viste;
Car il sçeut qu'auoit pris son giste
A Linas le fameux conuoy
Qu'Estampe enuoyoit par charroy.
Noirmoustier lui prestoit main forte;
Mais pour vne plus seure escorte
La Mothe-Houdancourt et Beaufort,
C'estoit à qui courroit plus fort,
Estoient désià dessus la voye,
Quand vn advis on leur enuoye
Que le Mareschal de Grammont
S'auançoit en pas de Gascon ',
Pour les couper sur leurs passages.
Nos Généraux prudens et sages
Vinrent en ordre martial
Receuoir ce grand Mareschal,
Qui monstra brauement la croupe
(Dit la chanson) auec sa troupe',
Bien qu'elle fust de cinq milliers,

Ce n'est pas ainsi que le raconte la Défaite d'vne partie du conuoy Parisiens dans le village de Vitry, etc. [963].

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