Lundy huit, l'aurore esueillée1 Vous trouua dans vne vallée, Que nous appelons tous Fécamp, Où le volleur est très fréquent Durant tous les mois de l'année; Mais où deuant cette iournée lamais tant il ne s'en compta Que dans ce iour elle en porta. Là vostre Gros prit la scéance, Et se saisit de l'éminence, Tandis que quelque Régiment Détaché par commandement, Alla pour donner l'escalade A la malheureuse bourgade. Auant qu'aucun fust assommé, Chanleu par vos gens fut sommé De leur remettre cette place, Qui ne leur fit pas cette grâce; Et sur l'heure les assiégeans De cette brauade enrageans Occupèrent les auenues
Que nos canons rendirent nues. Sans mentir, le coup le premier Les fist plus nettes qu'vn denier; Le second rompit quatre cuisses; Le troisiesme tua deux Suisses.. Nauarre, braue Régiment Lascha le pied vilainement. Vingt de ses officiers à terre
Estoit le fidèle gardien,
Et qu'il le défendroit bien.
Attaque et prise de Charenton, etc. [431]; Prise de Charenton, etc. [2870].
Le marquis de Clanleu. Louange de feu M. le marquis de Clanleu, etc.
Maudirent mille fois la guerre Qui les enuoyoit chez Pluton Deuant vn chétif Charenton. Vostre Altesse ayant sceu l'escarre Qui s'estoit faite de Nauarre, Pensa creuer dans son pourpoint; Pourtant elle ne creua point, Sur l'espérance de combattre Le badaud qu'on tenoit à quatre, Qui comme vn Diable iuroit Dieu Qu'il vouloit secourir ce lieu. Il disoit d'elle peste et rage, Cependant qu'auec aduantage Elle attendoit ceux de Paris, Comme le chat fait la souris. Se fiant sur son éminence, Elle auoit grande impatience De taster le poux au Bourgeois Qui ne sortit pas cette fois.
Il est prudent et craint la touche, Ioint qu'il n'aime point la cartouche, Et qu'elle en auoit fait charger. Paris n'en vouloit point ronger, Et certes auecques prudence (Puis qu'on dit que cette éminence, Se pouuoit aussi peu forcer Que l'autre se pouuoit chasser), Vostre Altesse faisant fanfare, Commit pour soustenir Nauarre Chastillon auec du renfort,
Ou plutost pour chercher la mort1;
On ne compte pas moins de dix pièces sur la mort du duc de Chatillon. Regret de la France sur la mort de M. de Chatillon, etc. [3080]; Lettre de consolation enuoyée à madame de Chatillon, etc. [1921]; Dernières paroles de M. le duc de Chatillon, etc. [1036], etc., etc.
Car, hélas! au bas de son ventre Vne balle de mousquet entre, Sans respecter ce Duc nouueau Ieune, vaillant, adroit et beau'. Tost après vos troupes filèrent Par des jardins qu'elles forcèrent, Si qu'il conuint à nos soudarts, Enuironnez de toutes parts, De faire vne retraite honneste. Ce ne fut pas sans casser teste, Et percer maints et maints boyaux De maints et maints et maints Royaux. Chanleu deuant qu'il deuint ombre, En tua de sa main grand nombre, Tant que lardé de plusieurs coups Ce braue prit congé de nous, Et finit vaillamment sa vie Par vne mort digne d'enuie; Ayant deuant mis par quartier Vn qui luy présentoit quartier. Charenton se rendit en suite. La Garnison se mit en fuite, Qu'on taschoit de secourir, quand Il fallut passer par Fécamp;
• Et qui deuint en moins d'vne heure Grand prédicateur, ou ie meure, Puis qu'au iour qu'il est décédé Il prescha son cousin Condé ; Tesmoin ses paroles dernières Qu'il accompagna de prières Capables de fendre vn rocher. Aussi ne put pas s'empescher Condé de lui donner des larmes Et trahir le Dieu des allarmes, Ennemis de Dame Pitié ;
Mais ce furent pleurs d'amitié A cause de leur parentage.
Ce qui n'estoit pas fort facile A nos petits Messieurs de Ville'. Le iour que fut pris Charenton, Resuant en soy-mesme Gaston Sur l'importance de la perte Qu'à sa prise il auoit soufferte, Sur la conqueste il raisonna, Et par conseil l'abandonna, Comme
pour son trop d'estendue Ne pouuant estre défendue. Il sort; et seulement il rompt
passage qui mène au pont. Ce fait, vos troupes défilées Vers Nogent prirent leurs volées; Nogent sur Marne, que vos gens Plus impiteux que des sergens, Surprirent, pillèrent, bruslèrent, Et puis après se retirèrent.
Le Mercredy, nostre support Sortit de grand matin, Beaufort. Il avoit la puce à l'oreille.
Laissez lui prendre Charenton Puisque le sang de Chastillon
Et de Saligny le carnage N'a que trop payé ce village. Ieunes seigneurs prostituez, Parlez donc, vous autres tuez, Braues officiers de Nauarre, L'occasion estoit bien rare Pour
y perdre trente de vous? Au nom de Dieu, reuenez tous; Et que vos ombres vengeresses S'attachent nuit et iour aux fesses De celui qui vous hazarda Et par nos mains vous poignarda; C'est Mazarin que ie veux dire, L'autheur seul de vostre martyre.
Aussi ce iour, fit-il merueille; Car dès qu'à Charenton il fut, L'ennemy soudain disparut, Et luy présentant le derrière Se retira sur la riuière
Dans les moulins proche du pont, Où nostre prince actif et prompt, Ayant mandé l'artillerie
Pour battre cette infanterie, Au nombre de deux à trois cens, Receut vn aduis plus pressant Qui le fit dénicher bien viste; Car il sçeut qu'auoit pris son giste A Linas le fameux conuoy Qu'Estampe enuoyoit par charroy. Noirmoustier lui prestoit main forte; Mais pour vne plus seure escorte La Mothe-Houdancourt et Beaufort, C'estoit à qui courroit plus fort, Estoient désià dessus la voye, Quand vn advis on leur enuoye Que le Mareschal de Grammont S'auançoit en pas de Gascon ', Pour les couper sur leurs passages. Nos Généraux prudens et sages Vinrent en ordre martial Receuoir ce grand Mareschal, Qui monstra brauement la croupe (Dit la chanson) auec sa troupe', Bien qu'elle fust de cinq milliers,
Ce n'est pas ainsi que le raconte la Défaite d'vne partie du conuoy Parisiens dans le village de Vitry, etc. [963].
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