De porter eux-mesmes en garde Picque, Mousquet ou Hallebarde, Et d'estre chez leurs officiers Aux mandemens particuliers; De venir quand on les appelle En faction ou sentinelle, Selon l'ordre du caporal Qui bien souuent est vn brutal, Tousiours ignorant, parfois yure; Mais bien qu'il ne sçache pas viure, Fit-il en commandant vn rot, Il faut suiure sans dire mot, Et là prendre mainte roupie Si le caporal vous oublie,
S'il cause, s'il dort ou s'il boit, Sans oser sortir de l'endroit
Ой sentinelle il vous pose, pour
Tant qu'il boit, qu'il dort ou qu'il cause.
Or le lundy quinziesme iour,
Le vaillant la Mothe Houdancourt Au Parlement prit la séance, Et depuis en toute occurence Fut conseiller, ad honores.
On eut aduis le iour d'après, Que de Soissons l'Escheuinage Party pour vn pélerinage
Qu'il alloit faire à Sainct Germain, Le Lieutenant, homme de main S'estant mis très fort en cholère, Auoit fait faire vn autre Maire,
Qu'à Soissons la correspondance Qu'auoient auec son Eminence Le Maire et les Escheuins, Ayant induit ces mazarins De venir faire de leur ville
A Sainct Germain offre ciuile.
Et créé nouueaux Escheuins. Que ces premiers furent Ianins Lorsque la gueule enfarinée Par vne belle après dinée Estans à Soissons retournez, On leur ferma la porte au nez! Quelqu'vn d'entre eux prit la parole; Mais zeste comme il a pris Dole, Les Portiers sont sourds à sa voix; Et partout visage de bois.
Ce fut cette mesme iournée Qu'à sept heures la matinée, Messieurs n'estans point assemblez, Il vint de Chartres force bleds Que fit apporter la Boulaye, Que quelques vendeuses de raye, Qui l'allèrent remercier, Nommoient leur père nourricier. De fait, ce controlleur des Halles, Esquiuant les trouppes Royalles, Alloit à la prouision
Plus souuent qu'à l'occasion. Les
gens du Roy, le dix-septiesme, Sous vn passeport du seiziesme S'estoient desia mis en chemin, Et s'en alloient à Sainct Germain Dire à la Reine en bonne amie Que par mespris ce ne fut mie Que son Héraut ne fut admis, Et qu'il falloit bien qu'elle eust pris Messieurs pour des niais de Sologne, Quand de vers le bois de Boulogne Nos gens virent venir d'amont Le courtois Mareschal Grammont, Qui leurs venoit offrir main forte,
Et qui leurs fit tousiours escorte.
Ieudy, le Gouuerneur de Bry, Qui depuis le fut de Sainct Pry, Connu sous le nom de Bourgogne, Sur le Régiment de Bourgogne Sortit auec peu de cheuaux, Et fut vainqueur en peu de mots; Car si de toutes vos deffaittes Vous me demandiez les Gazettes, Il faudroit estre Renaudot, Qui les donne à son fils en dot', Auoir les mesmes auantages,
Ses lieux communs et tous ses gages. Ce iour mesme, il nous fut mandé Que le beau frère de Condé, Longueuille l'inesbranlable, Refusoit d'estre Connestable. Si cela fut en son pouuoir, Ie ne sçay; mais il dut sçauoir Que tel qui refuse, après muse, Si le prouerbe ne s'abuse.
Ce iour, au Parlement on lut La lettre qui surprise fut 2, Et que par quelque manigance Escriuoit à Son Éminence
Le grand homme Monsieur Cohon.
Il fut dit qu'on l'obserueroit, Et gardes on luy donneroit, Comme à Monsieur l'Euesque d'Aire, Qu'on croyoit estre du mystère; Qu'en outre on prendroit au collet
1 C'étoient les deux fils de Renaudot, Eusèbe et Isaac, qui rédigeoient
à Paris, pendant le blocus, le Courrier françois en prose.
Lettre interceptée du sieur Cohon, cy deuant euesque de Dol, etc. [2243].
Vn conseiller du Chastelet Launé, qui gagnant la guérite N'attendit pas cette visite 2.
Ce iour, l'Archeuesque régla Et par son réglement sangla Messieurs de ieusne et de caresme,
Launay Gravé figure dans le Catalogue des partisans, etc. Voyez plus
Il eut le vent de cette affaire, Tandis que quelque Commissaire Suiuant cet Arrest prit son vol Chez Cohon, Euesque de Dol, Pour apprendre ses monopoles; Mais il n'en eut que deux paroles, A sçauoir que les iuges lais Pouuoient retourner au palais; Qu'il ne connoissoit que le Pape; Et, comme mordant à la grappe, Il répétoit souuent cela, Quand doctement le regoula Le iuge qui l'alla confondre,
Si bien qu'il ne put rien répondre; Car après auoir rapporté Qu'aux faits de cette qualité, Qui n'est qu'interroger vn homme, On se passoit d'aller à Rome,
Et qu'il demandoit ce renuoy Contre l'autorité du Roy Qui sur les Euesques de France
Garde tousiours pleine puissance, Sans courir à Sa Sainteté,
Surtout en lèze Maiesté, Il lui cita quelque Concile, D'exemples plus de quatre mille, Et trop, puisqu'il demeura sot Sans pouuoir répondre vn seul mot, Sinon « Messieurs, au Pape! au Pape! Ie vais disner; on met ma nappe. Adieu, ne m'interrompez pas. Laissez-moi prendre mon repas. » Sur quoi ces Messieurs emportèrent
Qui s'en venoient à face blesme, Victorieux du carnaual, Seconder le party Royal1,
En nous ostant la bonne chère; Mais la farine estoit trop chère, Ce qui fit que nostre Pasteur Vsant avec nous de douceur, Par vne forme d'indulgence 2, Et sans tirer à conséquence, Nous accorda de manger œuf, Mouton, goret, volaille, et bœuf, Fromage, veaux, agneaux, esclanche, Lundy, Mardy, Ieudy, Dimanche, Et du poisson les Mercredis, Les Vendredis et Samedis, Et toute la Sainte Semaine, Temps qu'il laissa soubs le domaine D'vn Caresme très rigoureux, Qui fut tout le reste aux Chartreux, Ou qui du moins y deuoit estre; Mais il se vint camper, le traistre, Chez quelques pauures habitans Qui, disent-ils, deuant ce temps
Certains papiers qu'ils rencontrèrent, Et quelqu'autre brinborion
Au cabinet dudit Cohon,
Et vinrent chez l'Euesque d'Aire
Qui ne fit pas tant de mystère;
Mais après auoir protesté Pour ceux de cette qualité, Leur franchise et leur priuilége, Il respondit dessus vn siége.
Pour seconder le Cardinal.
Réglement de Monseigneur l'Illustrissime et Révérendissime Archeuesque de Paris touchant ce qui doit se pratiquer durant ce saint temps de caresme [196 des additions].
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